Mathieu Amalric est, avant d’être le charismatique acteur que l’on connaît, un passionné de cinéma dont l’ambition première était de mettre en scène. Sa passion fut assouvie au gré d’une filmographie d’une sobriété et d’une exigence notable, même quand son avant-dernier (Tournée) lui ouvre les portes d’une certaine popularité. Son dernier long-métrage, La Chambre Bleue, reste fidèle à cette « ligne de conduite ».
Thierry Frémeaux l’avait qualifié de « fulgurant » et s’était décidé à le faire concourir en ce moment même en section parallèle. Plutôt que fulgurant, on dira qu’il s’agit là d’un long-métrage à l’épure la plus totale, concentrant aussi bien sa mise en images que son récit en un essentiel d’une réelle richesse. Laissant planer le mystère par le biais de décadrages poétiques ou de dialogues à priori anodins, Amalric construit un puzzle policier fascinant à scruter d’un œil averti afin de mieux en percer le suspens.
Sa sécheresse pourra en rebuter certains mais elle est le prix d’un dévouement total à une certaine vision de son art, entre la densité picturale et l’horreur la plus banale. Et quand l’émotion filtre comme une punition en fin de parcours, on se dit là qu’on tient une œuvre d’une profonde maitrise.
La Chambre Bleue est sorti le 16 mai 2014.