Les poupées persanes est un conte qui nous emmène entre la France et l’Iran, entre la révolution et la liberté, pour nous parler d’amour, de résilience et de transmission.
Les poupées persanes conte l’histoire de 4 amis qui ont participé aux mouvements de contestation des étudiants dans l’Iran des années 1970-1980, à l’aube de la révolution et de l’arrivée au pouvoir du régime islamiste. Deux d’entre eux sont morts, l’un a été emprisonné, et nous retrouvons la dernière 20 ans plus tard, en France. Là où elle a construit une nouvelle vie avec ses deux filles, faisant le choix de la liberté, et donc du déracinement. Une pièce lumineuse et touchante.
Histoires d’amours et de révolutions
La pièce démarre dans la légèreté, avec cette famille qui s’apprête à célébrer le passage à l’an 2000 dans un chalet de montagne. Puis, elle gagne progressivement en puissance à mesure que des flashbacks viennent peu à peu éclairer les zones d’ombre de l’histoire et que le lien entre passé et présent se tisse doucement. Celui entre la France et l’Iran aussi. Les rebondissements sont nombreux, le rythme intense. Nous avions l’appréhension de nous trouver face à une pièce trop politique et théorique, mais il n’en est rien.
Car bien qu’elle ouvre un chapitre sombre et douloureux de l’histoire d’un peuple, c’est avant tout d’amour dont il est question dans cette pièce. L’amour entre un étudiant en musicologie et une étudiante en mathématiques, celui d’une mère pour ses filles, celui que se portent deux sœurs… Sans oublier l’histoire du guerrier Bijan et de la princesse Manijeh, couple mythique des légendes perses, qui constitue le fil rouge du récit, le lien entre les lieux et les époques.
Une épopée entre drame et comédie
Bien sûr, ce récit nous plonge aussi dans l’Iran des années 70, de la chute du Shah à l’arrivée au pouvoir du régime islamiste, sur fond d’images d’archive projetées. Les étudiants de Téhéran tabassés, un peuple entier sacrifié, les règles de la loi islamique et leurs interdictions interminables que l’on découvre ahuris, comme celles de chanter ou de se parfumer pour une femme. Mais aux scènes de violence et de révolte succèdent des moments d’insouciance. La vie telle qu’elle est finalement, dans toute sa complexité et sa richesse.
On a aimé l’esthétique de la pièce, la beauté des chants iraniens qui ensorcèlent, le jeu solide et touchant de chacun des comédiens, l’ingéniosité de la mise en scène qui nous offre quelques trouvailles géniales (comme ce lit superposé qui devient un télésiège puis une voiture !) ; mais aussi les touches d’humour qui s’invitent aussi bien dans le texte que dans la mise en scène, et qui contribuent à la fraîcheur qui se dégage de l’ensemble.
On rit, on est ému, on s’inquiète, on s’interroge. Et on ne s’ennuie pas un seul instant. Il faut dire qu’il y a beaucoup de cœur dans la plume d’Aïda Asgharzadeh. Comme dans son jeu d’ailleurs. C’est un récit d’amour, de courage et de résilience qu’elle nous livre ici. On en ressort charmé.
Les poupées persanes, d’Aïda Asgharzadeh, mis en scène par Régis Vallée, avec Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche, Toufan Manoutcheri, Sylvain Mossot & Ariane Mourier, se joue au Théâtre des Béliers, à Avignon, du 07 au 31 juillet, à 15h25. Relâche les lundis.
[UPDATE 2023] À partir du 14 septembre au Théâtre La Pépinière.
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