Asia est l’histoire bouleversante d’une femme condamnée à mort pour avoir bu à l’eau d’une source à laquelle elle n’aurait pas du boire.
Asia raconte une histoire vraie qui glace le sang. Une parmi bien trop d’autres. Celle d’Asia Bibi, Pakistanaise chrétienne, mère de trois enfants, accusée de blasphème et condamnée à mort pour avoir bu un verre d’eau. Un seul en scène intimiste, comme un cri contre l’intolérance, le fanatisme et la bêtise humaine.
« Asia Bibi, par son courage à affronter l’absurde, rejoint la longue liste de ces femmes qui, après avoir donné la vie, lui donnent un sens. »
Gérard Gelas
Un seul en scène tout en sobriété
C’est sur des bruits de chaînes que s’ouvre le spectacle. Puis, dans une ambiance très tamisée, intimiste, les barreaux d’une cellule de prison apparaissent comme unique décor. La cellule sans fenêtre dans laquelle Asia attend son nouveau procès. « Je veux vous parler, à vos cœurs, à vos consciences. » C’est par ces mots qu’elle s’adresse à nous d’une voix qui semble s’effacer, qui s’excuse presque par avance de ce qu’elle va dire, de ce qu’elle n’a pas fait.
C’est comme une confidence qu’elle nous livre. La jeune femme meurtrie, fragilisée mais debout, se met à nu. On écoute son récit, et on comprend tout le courage qu’il faut pour endurer de telles conditions d’existence sans y perdre sa vie, où au moins son âme. « Mon histoire est triste, je vous demande pardon. » répète-t-elle. Et ce qui est encore plus triste, c’est qu’à travers cette histoire tragique, c’est le destin de trop nombreuses femmes dans le monde qui est ici mis en lumière.
« Je suis chrétienne, c’est là ma force et mon calvaire. »
Un texte engagé
La mise en scène minimaliste permet une mise en relief du texte de Mouloud Belaïdi, qui dit les choses avec force et sensibilité, sans détour. Avec, ça et là, de fines touches de poésie qui viennent éclairer la noirceur du propos. Comme ces parenthèses lumineuses dans lesquelles Asia nous conte un souvenir simple et heureux qui semble alors se peindre sous nos yeux, où s’agrippe à un espoir.
Mais les espoirs ne durent jamais longtemps dans cette prison pakistanaise dans laquelle elle passe de nombreuses années. Il y a toujours une porte de cellule qui claque bien fort pour nous le rappeler, et refermer la parenthèse presque enchantée. Asia décrit les conditions de détention inhumaines endurées dans ce qu’elle appelle « sa tombe » ; la folie qui apparaît parfois comme seule issue possible. Et on ne peut rester insensible à tant d’horreur. A tant de haine et d’absurdité.
Il nous aura peut-être juste manqué un peu d’intensité et de nuances dans le jeu de Pauline Daumas. En effet, bien que lumineuse et d’une grande douceur, son interprétation n’a pas suffit à nous bouleverser, ni à dissiper les quelques longueurs dans lesquelles l’histoire nous perd parfois un peu. Une jolie création tout de même, et une prestation à saluer.
Asia, de Mouloud Belaïdi, mis en scène par Gérard Gelas, avec Pauline Dumas, se joue au Théâtre du Chêne Noir, à Avignon, du 07 au 31 juillet à 19h45. Relâches les lundis.
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