Tout juste sorti en DVD chez M6 Vidéo, Riders of Justice vient nous en mettre plein la tronche, attestant du caractère atypique du cinéma danois.
Un accident de métro pousse un militaire à rentrer chez lui et à traquer avec d’autres rescapés ceux qu’il pense responsables de la mort de son épouse. Si le film avait été privé d’une sortie en salle chez nous et éclipsé par Drunk au Danemark, M6 Vidéo vient tout juste de distribuer Riders of Justice au format physique et en VOD, réparant l’affront fait à cet ovni cinématographique absolument jubilatoire, mais toutefois destiné à un public averti.
Ecrit et réalisé par Anders Thomas Jensen, fameux pour son court-métrage Valgaften (lauréat de l’Oscar du meilleur court en 1998) et des films comme Les Bouchers Verts ou Men & Chicken, Riders of Justice est une nouvelle comédie noire, agressive et délicieusement subversive. Mélangeant plusieurs genres, le film reste au plus près de ses personnages bizarroïdes, à la fois stéréotypés mais aux failles pourtant terriblement humaines. Bref on vous le recommande.
Mads of Anarchy
Pour faire taire le suspens, il convient d’aborder la présence de l’acteur fétiche de Anders Thomas Jensen, au casting de tous ses films. L’iconique Mads Mikkelsen. Oui, quand Mads est là, notre objectivité fond comme neige au soleil. Sauf que là, si le danois au profil carnassier occupe la tête d’affiche avec sa grosse barbe et sa tête rasée de militaire patibulaire et apte à une violence inouïe, il laisse paradoxalement la place aux autres acteurs d’exister, de livrer une prestation beaucoup plus nuancée que la sienne. Quel généreux ce Mads.
Ainsi, ce sont surtout Nikolaj Lie Kaas, Nicolas Bro, deux autres habitués de la caméra de Jensen, Lars Brygmann ou l’épatante Andrea Heick Gadeberg qui font des merveilles, ce sont eux les véritables Riders of Justice du titre. Si l’adolescente joue avec excellence une protagoniste traumatisée, mais à la force de caractère ingénue, les autres accomplissent également des miracles de simplicité. Grâce à une direction aux petits oignons, les bougres incarnent d’attachants personnages caricaturaux dont les réactions et arcs narratifs de chacun traduisent un réalisme touchant pour composer des protagonistes aussi barrés que tendres, sauf pour la brutasse jouée par Mikkelsen, un peu mono expressive. Mais on t’aime quand même Mads.
Des partitions au diapason pour offrir à Riders of Justice un aspect aussi brutal que doucereux et même farouchement cynique. Ainsi, d’un revenge movie qu’on estimait prévisible, à la violence plein cadre absolument viscérale, le long-métrage de Anders Thomas Jensen se montre rapidement plus complexe qu’il n’y paraissait. On alterne avec le drame émotionnel, l’œuvre sociale inhérente au paysage danois, l’action nerveuse ou la satire un peu méta. Du bonheur cinématographique à l’état pur, teinté de couleurs bleutés d’un environnement bientôt enneigé. Quiproquos, faux semblants et erreurs humaines finissent par malmener la vengeance de nos protagonistes, eux aussi dramatiquement humains.
Alors, entre les étapes du deuil, des meurtres sauvages ou des thérapies aussi approximatives que nécessaires, c’est surtout l’humour noir dont fait preuve notre équipe de bras cassés qui vient faire de ce Riders of Justice un bijou caustique absolument nécessaire.