Bruce LaBruce est l’une des figures de proue du cinéma queer qui sait explorer des pistes souvent borderline. Avec ce Gerontophilia, dont le titre évocateur est suffisamment explicite, le cinéaste n’a clairement pas envie de renoncer à ses propositions cinématographiques. Néanmoins, entrant dans une logique d’évolution – démarche comparable à celle d’un Gus Van Sant ou d’un Gregg Araki – cette dernière livraison s’avère être beaucoup plus accessible.
La réflexion thématique du titre est pourtant bien là. Le sujet, d’une puissance rarement égalée dans le cinéma contemporain, est traité sans équivoque. Cependant, loin des images Do It Yourself crues de ces métrages précédents, Gerontophilia va choisir une mise en scène d’une douceur insoupçonnée et à forte vocation égalitariste. Mieux encore, Bruce LaBruce essaie de rentre son objet banal. Le réalisateur ne fait pas de politique, il s’applique à rendre compte d’une simple histoire d’amour et d’une construction identitaire à la fois sexuelle et émotionnelle.
Ce film, très beau, arrive à maîtriser un grand écart entre thématique et réalisation pour un résultat salvateur. Un tour de force sublime.
Gerontophilia est sorti le 26 mars 2014
Article écrit par Thibaut Fleuret