Présente au Festival de Cannes à la Quinzaine des cinéastes et au Festival d’Annecy en Compétition officielle, La Mort n’existe pas est le tout nouveau film du québécois Félix Dufour-Laperrière. Les expérimentations formelles sont toujours là pour soutenir un propos politique, mais est-ce suffisant à ce que l’édifice tienne debout ?
De Ville Neuve (traitant des bouleversements du Québec liés aux référendums de 1980 et 1995) à Archipel (abordant la place du Québec au sein du Canada), Félix Dufour-Laperrière a su s’emparer du médium de l’animation pour mieux aborder des sujets socio-politiques. C’est ainsi que nous le retrouvons à Cannes et Annecy avec La Mort n’existe pas, nouveau long-métrage conceptualisé en 2D sur ordinateur.
S’ouvrant sans aucun dialogue, tel une page blanche où des statues s’érigent pour mieux installer le théâtre des évènements du film, La Mort n’existe pas arbore le style minimaliste de son réalisateur, proche de la BD franco-belge. Les figures d’allure gréco-romaines laissent rapidement place à un palace pris pour cible par un groupuscule en pleine guérilla.

En son sein se trouve Hélène, déclarant sa flemme au leader Marc avant qu’ils n’attaquent leur cible fortunée via armes à feu. Malheureusement, l’issue est rapidement funeste pour tous les terroristes, à l’exception d’Hélène, qui a fui par peur. Retranchée dans la forêt, cette dernière va être hantée par Manon, une ancienne membre du groupe.
Thèse simpliste ?
Dès lors, La Mort n’existe pas s’articulera comme une véritable thèse sur ce que signifie le renoncement, la résilience face à l’incertitude, la nécessité de combattre le pouvoir établi…. Un véritable voyage sous forme de purgatoire à la croisée des destinées pour le personnage d’Hélène. Pourtant, quelque chose coince durablement dans le film de Félix Dufour-Laperrière, abandonnant tout ancrage politique concret.
Le propos de La Mort n’existe pas aurait en effet pu atteindre une sorte d’universalité applicable devant tout conflit idéologique (et Dieu sait que le choix est large, y compris dans notre bel hexagone). Mais en l’état, les idéaux fantômes demeurent aussi évanescents que les décors du film, ne permettant pas une identification forte aux convictions du groupuscule.

L’émotion est donc cruellement vacante de La Mort n’existe pas (malgré certaines velléités cathartiques dans son final), faisant de la narration globale un pur objet théorique qui ne se mouille pas trop malgré sa volonté de discours politique. En résulte un réel manque d’emphase vis-à-vis de ses personnages ou de son propos !
Quand la Mort n’existe pas, le sacrifice est sans gloire
Dès lors, la proposition ne se résumera qu’à des poncifs et autres invectives toutes faites (« l’important c’est de ne pas oublier pour quoi on se bat ») proches du tract sans réel fond. C’est bien dommage, car par instants le film touche du doigt l’uppercut existentiel qu’il aurait pu être, alors qu’Hélène revisite des bribes de son passé et les possibilités de son avenir dans un enchevêtrement mémoriel cohérent.
Derrière son design minimaliste, La Mort n’existe pas est dans l’économie absolue pour ce qui est de représenter les errements psychiques de son protagoniste, jusque dans des monologues introspectifs où le graphisme est en retrait. Bref, un vrai manque d’idées à ce niveau malgré le format de l’animation…. qui propose cependant quelques belles idées plus débridées à mesure que l’on avance.

On pensera forcément aux effusions de violence graphique ou quand la métaphore du raz-de-marée idéologique se matérialise directement à travers nos yeux. Malheureusement, c’est bien une impression de trop peu qui domine. Dommage, le format du court-métrage aurait sans doute été plus percutant, étant donné que La Mort n’existe pas ne justifie jamais réellement sa durée. Dommage !
La Mort n’existe pas sortira au cinéma en 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici et du Festival d’Annecy ici.
avis
La Mort n'existe pas avait tout de la proposition audacieuse, politique, émotionnelle et déchirante. Mais malgré des saillies visuelles tranchant avec le design minimaliste cher à Félix Dufour-Laperrière, le résultat frôle la thèse au propos trop superficiel pour être réellement incarné. Dommage, mais la déception est bien là !