Kagura Bachi, nouveau-né du Weekly Shonen Jump, intrigue par sa violence crue, mais désillusionne par sa narration fébrile.
Kagura Bachi est un manga prépublié dans l’hebdomadaire Shonen Jump au Japon et est disponible en simultrad anglaise sur MangaPlus. Il est écrit et dessiné par Takeru Hokazono, à qui l’on doit le one shot Rok’s Death Testament aussi prépublié dans le Weekly Shonen Jump. Fort de cette première publication, Takeru Hokazono revient aujourd’hui conter le destin tragique de Chihiro. Alors qu’à 15 ans il se prédestine à devenir forgeron comme son illustre père, soudain tout bascule. Nous le retrouvons 38 mois après le drame, marqué d’une large balafre sur la tempe et assoiffé de vengeance.
Dark Sasuke
Kagura Bachi introduit, par ce chapitre de 55 pages, des personnages peinant à tous convaincre. Chihiro est un adolescent d’abord renfrogné, puis rongé par la haine. Un portrait fort peu séducteur et dont le caractère oscille entre le basique et le cliché. À l’inverse, d’autres personnages comme son père et son ami se révèlent très vite consistants et attachants. Or, tous sont frappés graphiquement par le même mal. Si le dessin de Takeru Hokazono est clair et soigné, ses charadesigns manquent rudement de personnalité. Vêtu tout de noir et présentant un faciès ordinaire, Chihiro n’est visuellement pas percutant…
La petite compagnie vit dans un monde pour l’instant tout aussi fade. Chihiro manie la sorcellerie, en lançant des attaques magiques avec son katana. Si Demon Slayer n’avait pas déjà tiré son succès de ce point précis, peut-être aurions-nous pu nous émerveiller du concept. Les Yakuzas usent, quant à eux, de la magie pour terroriser la population et perpétuer le crime. Des méchants ayant des activités de méchants, Kagura Bachi n’est définitivement pas ici pour briser les codes. Ce shonen brasse ainsi beaucoup de topoï de la bande dessinée japonaise, dont il lui faudra fournir beaucoup d’efforts pour s’en extraire.
Yakuza Slayer
Le découpage des planches et le dynamisme des vignettes brisent toutefois la monotonie de la narration. Takeru Hokazono adapte très bien ses planches au ton de la narration. Les passages de vie quotidienne appellent à un découpage classique des vignettes, mettant ainsi en avant une certaine routine. À l’inverse, les scènes d’action voient l’auteur-dessinateur composer des pages beaucoup plus ambitieuses. Les cases n’hésitent pas à s’agrandir ou à se superposer pour accentuer les effets des attaques ou des émotions.
Kagura Bachi peut aussi compter sur son parti pris tranché à propos de la manière dont il représente la violence. En d’autres termes, il ne lésine pas sur les effusions d’hémoglobine ! Pour l’instant, Chihiro n’a tranché net que quelques membres… Mais rien n’empêche le manga d’explorer cette voie en proposant, par la suite, tout un tas d’autres exécutions brutales.
Affaire à suivre…
Takeru Hokazono introduit ici un shonen qui présente de bonnes qualités graphiques. À l’inverse, ses aspects narratifs manquent encore de personnalité et peinent à susciter un vif intérêt pour les péripéties de Chihiro. Toutefois, à ce stade de publication, rien n’est perdu pour Kagura Bachi ! Les prochains chapitres seront bien plus décisifs pour déterminer si l’aventure vaut vraiment le détour.
Kagura Bachi est actuellement prépublié au Japon dans le Weekly Shonen Jump et traduit en anglais sur MangaPlus.
Avis
Kagura Bachi doit ressaisir sa narration bateau dans les prochains chapitres, afin de convaincre le public. D'un autre côté, il se révèle graphiquement intéressant et dynamique.