Sean Penn revient sur la Croisette ! Après l’innommable The Last Face, mondialement connu pour être l’un des pires films de l’histoire de la sélection officielle cannoise, le cinéaste-acteur américain a le courage de présenter un nouveau long-métrage, Flag Day. Hélas.
Avec The Last Face, on pensait à une erreur de parcours. Sean Penn n’est-il pas ce bon cinéaste qui nous a livré le cultissime Into the Wild ? On retrouve dans Flag Day des similitudes avec celui-ci, entre autres des morceaux de musique par Eddie Vedder, mais également une envie de partager une belle histoire empreinte de poésie et de mélancolie.
Cette histoire, c’est celle de la relation entre un père escroc et instable (Sean Penn) et sa fille qui l’aime profondément (Dylan Penn… la fille dans la vraie vie de Sean). Adapté d’une histoire vraie, le cinéaste propose un film aux allures de grand drame familial en suivant le chemin emprunté par la fille pour se reconnecter à son père.
Trop, c’est trop
Pour le dire simplement, Sean Penn a un gros problème avec la subtilité. Il souhaite filmer avec poésie son histoire à la manière d’un Terrence Malick dans la Balade sauvage, mais utilise tous les artifices possibles sans aucune finesse. Alors, on a le droit à une voix-off souvent redondante, une musique omniprésente (belle mais plombante) et à des allers-retours sur des souvenirs d’enfance façon vidéo de famille tourné en Super 8. Bref, on a le droit à un défilement des clichés du cinéma indépendant américain.
En soi, Flag Day est très (trop) répétitif dans sa narration, il insiste lourdement sur des détails qu’on a saisi depuis longtemps et il harcèle le spectateur avec des bons sentiments et des scènes surdramatisées. Les artifices visuels et narratifs ne fonctionnant pas, on se sent incapable de ressentir de l’empathie pour les personnages qui finissent plus par agacer qu’autre chose.
Tout n’est pas à jeter
Le risque à Cannes est de se retrouver dans la position où on voit tellement de films qu’on en devient injustement méchant avec ceux qu’on n’apprécie pas. Cela avait été le cas avec The Last Face, mais dont les critiques négatives étaient au final entièrement méritées. Pour Flag Day, c’est plus complexe que cela. En effet, pendant les 30 premières minutes du film, le résultat n’est pas si horrible et on se dit que Sean Penn a bien fait de revenir à Cannes pour laver son honneur. Le cinéaste montre un vrai sens de l’esthétique avec une image travaillée et naturaliste.
Du côté des interprétations, on a le droit à de solides performances d’acteur avec en premier lieu Sean et Dylan qui sont parfaits dans le rôle et dont l’alchimie père-fille fonctionne impeccablement – cela parait normal, mais cela ne l’est pas, l’écran étant une autre réalité. Avec moins de surenchère, le film aurait indéniablement pu être porté par ses deux acteurs principaux.
Malgré les tentatives de nous faire découvrir une belle histoire empreinte de poésie, c’est finalement l’ennui poli qui prédomine. Après deux échecs à Cannes, y-aura-t-il un troisième essai ? Sachant qu’on connait tous le fameux dicton : jamais deux sans trois…