Reflets bourdonne d’inventivité. Grand Corps Malade explore beaucoup de thèmes en seulement 12 pistes, et peut-être trop.
À l’instar de son grand frère Mesdames, Reflets construit son propos autour d’une thématique bien définie. Ici, Grand Corps Malade entend refléter par sa musique, et particulièrement ses paroles, le vécu de ses fans. Aussi multiples et uniques ces trajectoires soient-elles, l’artiste y parvient avec aisance. Et même lorsqu’il s’autorise des morceaux autobiographiques, il est toujours possible de s’y identifier aisément.
Conscient que le slam ne saurait contenter ses fans après 17 ans de carrière, l’artiste varie les registres. Grand Corps Malade flirte alors habilement avec le rap dans Autoreflet. À l’inverse, l’appréciation de ses excursions dans le chant dans Deauville ou Retiens les rêves restera à la discrétion des auditeurs. Ceci dit, son slam demeure tout à fait maîtrisé et immersif.
Prisme
Reflets apparaît musicalement très solide, dès ses premières chansons. Les pistes sonores explorent beaucoup de champs, afin que tout le monde puisse y trouver son compte. Toutes différentes, Grand Corps Malade passe d’un tempo lent et mélancolique dans Rue Lafayette à un rythme soutenu et porteur d’espoir sur C’est aujourd’hui que ça se passe.
Cependant, Reflets déborde un peu trop de créativité… Grand Corps Malade déstabilise souvent l’harmonie de son album par des enchaînements peu cohérents. Ainsi, 2083 décrivant un futur funèbre côtoie La sagesse, dans laquelle le slameur ironise sur son âge. Le fil directeur des reflets a hélas été utilisé dans une acception trop large. Telles quelles, les pistes de l’album semblent avoir été disposées dans un ordre aléatoire. Une acception plus resserrée de l’idée du reflet aurait permis à l’album de créer une meilleure cohérence entre ses titres.
Miroir, mon beau miroir ?
Grand Corps Malade n’a rien perdu de sa plume touchante et de son envie d’explorer toutes les pistes que peut lui offrir la musique. Ce nouvel album en témoigne. Il regorge de créativité et suscite une large palette de sentiments, de la colère à la légèreté, en passant par l’humour. Toutefois, le slameur cultive ici l’inventivité à l’excès. Écouté dans son intégralité, Reflets peine à créer du sens entre ses chansons et finit par donner une impression de fourre-tout désorganisé.
Reflets, huitième album de Grand Corps Malade, est sorti le 20 octobre 2023.
Avis
Malgré une ligne directrice claire et inventive, Grand Corps Malade se perd un peu dans son propos...