Délicieuse(s) est un thriller musical sombre qui nous plonge dans la psyché d’une femme trahie et dévorée par un désir de vengeance.
Nous sommes allés voir Délicieuse(s) sans connaître l’univers de la romancière Marie Neuser, intrigués par cette histoire d’une femme qui bascule du côté sombre lorsque son mari la quitte pour une autre. Nous ne nous attendions donc pas à un récit ni à un spectacle aussi noir. Âmes sensibles, s’abstenir…
« Le problème vois-tu, c’est de ne pas exister. »
Sombre et déroutant
L’amour, le jeu, l’érotisme, le temps qui passe… Le désir qui s’absente, ouvrant une faille pour de nouveaux émois. Quand l’homme qu’elle aime s’en va aux bras d’une autre après 20 ans d’amour fou, c’est l’hiver qui recouvre Martha tandis que les flocons de neige envahissent l’écran derrière elle. C’est en flammes qu’ils se changeront un peu plus tard, lorsqu’elle décidera de se créer un nouveau profil Facebook pour espionner sa rivale…

À mesure que les minutes passent et qu’elle se raconte, l’empathie change de camp. On se demande où cette rage et cette souffrance vont la mener tandis qu’elle semble prête à tout. En parallèle viennent se greffer les récits des confessions qu’elle reçoit dans le cadre de son travail de psychologue criminelle. On ne sait plus à quoi agripper pour ne pas sombrer, car c’est à une véritable plongée dans les abysses de l’âme humaine que nous assistons. Jusqu’à une fin insoupçonnable, qui secoue et nous laisse avec un sentiment de malaise.
Et parfois, la musique n’adoucit rien…
Dans le principe, cela nous rendait curieux cette idée d’une pièce s’accompagnant de trois musiciennes sur scène. Dans les faits, cela nous a beaucoup moins séduits. Certes les dissonances sont efficaces pour traduire l’angoisse qui grandit et le sentiment de perdition, mais à l’oreille c’est plutôt désagréable, surtout quand ça s’éternise. D’autant que si l’on ajoute à cela les effets visuels et les projections vidéos, on finit par se perdre et par décrocher du texte.

La musique semble également parfois servir à meubler des inter-scènes interminables qui nous plongent dans le noir total. L’ambiance est parfois très pesante. Il faut tout de même saluer l’interprétation sans faute d’Agnès Audiffren dans ce rôle pas simple. Et si l’appréciation d’une œuvre n’est toujours qu’affaire de sensibilité, Délicieuse(s) aura malheureusement été – pour nous – indigeste.
Délicieuse(s), de Marie Neuser & Luca Macchi, mis en scène par Renaud Marie Leblanc, avec Agnès Audiffren, Linda Amrani, Charlotte Campana & Julia Sinoimeri, se joue au Théâtre du Balcon, à Avignon, du 07 au 30 juillet à 17h25. Relâche les mardis.
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