Comment le couple a-t-il évolué depuis que l’époque des slows s’est terminée ? C’est cette question que Laurent Metterie décide de soulever dans La fin des slows, son troisième long-métrage documentaire. Une interrogation légitime et importante, mais menée sans esthétisme.
La fin des slows nous présente 15 couples, tous différents, que ce soit en terme d’âges, ou d’origines socio-économique. Laurent Metterie, le réalisateur, est en effet allé les rencontrer dans toute la France, pour les interviewer chez eux. On a donc 15 cadres d’interview, dans lesquels on voit nos sujets répondre aux questions du réalisateur, ou parler entre eux. Mis à part ça, et l’ouverture dans laquelle le titre s’affiche sur fond de flammes violettes, nous ne verrons pas d’autres images. C’est clairement le plus gros défaut du film, même si on oublie l’éclairage grossier et plat de certains plans, ne mettant pas en valeur les couples filmés. Rien ne se raconte par l’image, et c’est bien dommage pour un long métrage de cinéma.
Le fond sans la forme
Une fois la question de l’image éludée, il nous reste quand même le sujet de fond : le couple dans notre société. En effet, c’est la volonté principale du réalisateur de montrer l’évolution des relations amoureuses, influencées notamment par le féminisme moderne et des mouvements comme #MeToo. Pour cela, il a été aidé d’une conseillère scientifique (Camille Froidevaux-Metterie) pour élaborer des interviews pertinentes, ayant un déroulé et une structure cohérente. On aura donc au début du film des questions assez superficielles, par exemple sur l’organisation des tâches ménagères, puis on rentrera dans l’intimité des protagonistes, pour finir par parler même de leur sexualité.

Le montage accompagne intelligemment ce déroulé d’interview. Les propos des couples se répondent, se complètent ou se contredisent, et chaque « discussion » se conclue par un fondu au noir. Une construction donc relativement classique, mais efficace, et qui nous permet de saisir au mieux les tenants et aboutissants de notre sujet. Et heureusement que ça fonctionne bien, car le film se repose entièrement sur le discours de ses protagonistes, qui sont par ailleurs tous agréables à écouter. Il faut quand même avouer qu’on se plaît à écouter ces couples se dévoiler sous nos yeux, et qu’on se prend à s’attacher à certain, à entrer en empathie avec eux. L’écriture des interviews sans jugement des fonctionnements des couples aide aussi à cette entrée en empathie.
Réflexions en prévision
L’autre grande force de La fin des slows, c’est donc l’interrogation et la réflexion qu’il va provoquer chez le spectateur. Laurent Metterie a en effet voulu faire de son film un véritable objet sociologique, de questionnement de note vision du couple, à l’aune des dernières révolutions féministes. On entend donc les fonctionnement de tout types de relations : plutôt traditionnelle ou plus moderne (il y’a par exemple un couple polyamoureux), hétérosexuelle ou homosexuelle, avec ou sans enfants, jeunes ou âgés, il y aura forcément un couple auquel on pourra s’identifier. En se comparant avec les couples interviewés, on est amené à se poser des questions et à faire son introspection. Est-ce que ma relation est égalitaire ? Est-ce qu’elle aurait été la même il y a 10 ans ? Et même si on n’est pas dans une relation de couple, comment est-ce qu’on la vivrait aujourd’hui ? Force est de constater donc que l’intention du réalisateur est accomplie de ce point de vue.

Cependant, il faut se souvenir que La fin des slows, c’est seulement des interviews et rien d’autre. Alors on a rit, on a été un peu ému par certain propos, on entend que les couples s’aiment malgré tout. Mais on a pas VU tout ça, on ne nous l’a pas montré, nos protagonistes ne l’ont seulement dit (mis à part la toute dernière séquence où il y a là une action). On aurait aimé que leur discours soit raconté en image, en voyant les couples évoluer dans leurs vies quotidiennes, exposant leur discours et mettant en exergue leurs dysfonctionnements et les besoins de changement de la manière dont on vit le couple dans notre société. Dans ce film, on l’entend juste, et c’est vraiment dommage. Reste que ce qu’on nous dit est intéressant et permet une certaine remise en question, qui est aujourd’hui nécessaire pour continuer à vivre l’amour.
La fin des slows sortira le 16 avril au cinéma
AVIS
La fin des slows est un film intéressant même si il n'est pas très visuel. Il permet d'avoir un regard sur soi à travers personnes interviewées. De quoi discuter longuement de son couple à la sortie de la séance.