Avec Halloween tout juste passé, quoi de mieux que de revenir sur la carrière du réalisateur à l’origine de la saga du même nom dans cet ouvrage dans lequel on sent l’amour de l’auteur pour Big John.
Avec 8 Chapitres et 350 pages, autant dire que Stéphane Bouley a bien pris le temps de revenir sur la carrière (et la vie) de son idole maître de l’horreur. Partant de ce qui a influencé son cinéma, en passant par ses inspirations, son style visuel, les différents tournants de sa carrière et leurs impacts sur le monsieur; l’auteur offre une rétrospective extrêmement riche et complète de John Carpenter. Un ouvrage somme parfait pour tout aficionados du réalisateur mais peut-être un peu trop ciblé.
Un livre de fan pour les fans
On sent toute l’admiration que porte Stéphane Bouley et tout le travail de recherche effectué, citant régulièrement des interviews. Une encyclopédie qui réunit bon nombre de paroles du Big John pour appuyer l’analyse très pertinente de son parcours. Cependant l’ouvrage n’est pas vraiment destiné aux néophytes mais à un public déjà sensibilisé à l’auteur et/ou au cinéma de manière générale. Avec énormément de référence à l’histoire du septième art ou aux techniques cinématographiques, un lecteur lambda sera irrémédiablement perdu au milieu de ce flux d’information malgré la tentative notable de l’auteur de faire des cours condensés en note de bas de page.
Nous concernant, la parti cinématographique ne posant pas de problème. Mais dès lors que Stéphane Bouley entame l’analyse musicale, nous nous sommes senti largué le temps d’un instant au milieu des explications techniques de la musique de Carpenter, les bases de la construction musicale nous faisant défaut. Une partie relativement minime dans cet ouvrage conséquent qui ravira les cinéphiles. Car si on l’on est intéressé, voir passionné par ce grand réalisateur, c’est un véritable plaisir d’en apprendre autant sur ce grand nom du cinéma. Mais comme tout fan un peu trop enthousiasmé par son sujet, l’auteur a peut-être tendance à un peu trop en faire.
Un ouvrage riche, complet mais manquant un peu d’homogénéité
Stéphane Bouley veut parler de tout et ça se voit. A tel point que les différents chapitres ne s’articulent pas vraiment entre eux, passant de l’analyse de l’esthétique, aux aléas de sa carrière puis à son travail dans la musique, sans véritablement de transition ou développer de problématique transversale. Seul la nature rebelle du cinéaste sert de petit lien de fond entre les différents aspects carpenteriens. Cette rétrospective un peu morcelée pourra décourager les plus néophytes.
Mais Stéphane Bouley arrive assez à nous communiquer tout son amour et sa passion, et à carrément nous faire entrer dans la tête du cinéaste, pour garder accrocher le lecteur cinéphile. Il est clair que cet ouvrage lui est destiné, par une nécessité d’avoir vu bon nombre d’oeuvre du réalisateur pour bien garder le fil, l’auteur citant parfois en détails l’entièreté de sa filmographie. Normal dans un sens, mais cela montre que ce livre n’est pas fait pour découvrir John Carpenter mais bien approfondir l’art du cinéaste.
Par ailleurs on pourra regretter l’absence d’image pour ponctuer la lecture, mais aussi soutenir le propos et donner des repères visuels. Un comble pour le chapitre, le plus faible, sur l’analyse de photogramme des films de Carpenter qui se base sur des reproductions façon storyboard des plus approximatives. On a un peu le sentiment que l’éditeur n’avait pas les droits d’utilisation des images, ou que l’impression ne le permettait pas. Pour un cinéaste à l’esthétique si marquée, c’est bien dommage de se cantonner à un gros bloc de texte.
Mais cela n’entache en rien le fond qualitatif de l’ensemble de l’ouvrage. Stéphane Bouley a fait un travail de recherche conséquent qui donne lieu à une rétrospective riche et pertinente. Une analyse dans laquelle l’auteur démontre une passion plus que communicative, et qui s’impose comme le saint Graal pour tout cinéphile s’intéressant au maître de l’horreur et immense cinéaste qu’est John Carpenter.