Comme L’Info Tout Court fête ses 10 ans, on a jugé bon de vous faire part de tout ce qui nous a marqué lors de la décennie écoulée en laissant le choix à celles et ceux qui font le site chaque jour. Alors accrochez vous et joyeux anniversaire.. à nous ! On vous parie que Charley va vous parler d’Avatar.
2013 : champignons, 3D, folk et mindfucking
2013 a beau être la date de création de l’Info Tout Court, ce fut également une année riche dans le mondes Jeux vidéo. Pour ma part, outre le raz-de-marée GTA V, c’est avant tout l’année de deux immenses créateurs dans le milieu. Neil Druckmann est ainsi arrivé avec le premier opus de The Last of Us, road movie post-apocalyptique absolument inoubliable que j’ai dû faire une vingtaine de fois depuis. De l’autre, Ken Levine a accouché d’un chef-d’œuvre malade avec Bioshock Infinite, dont la brillante dystopie dépeinte m’aura marqué, jusque dans son « minducking » final absolument inoubliable. Au même moment, la grande ballade mélancolique des frères Coen (Inside Llewyn Davis) me touchera en plein cœur, mais c’est bien Alfonso Cuaron (Les Fils de l’Homme) qui m’aura procuré les plus gros frissons que j’ai eu au cinéma cette dernière décennie dans son survival révolutionnaire Gravity !
2014 : alpha et oméga des sentiments
Cette année m’aura procuré 4 claques stratosphériques : 2 cinématographiques et 2 autres au niveau du petit écran. Tout d’abord, c’était la sortie de Her dans l’Hexagone, la passionnante réflexion sur la solitude et l’amour par Spike Jonze, vernie dans un écrin d’anticipation encore plus pertinent aujourd’hui via les débats sur l’IA. De l’autre, Gone Girl aura déferlé pour imprimer mon esprit : un chef-d’œuvre d’une noirceur et d’une virtuosité assez absolue, de la part de mon réalisateur favori (lien vers la rétrospective !). Niveau séries, tout le monde se souvient de la majestueuse première saison de True Detective, et de l’empreinte indélébile qu’elle aura laissé dans le genre du polar. Mais la toute première saison de Fargo par Noah Hawley n’a évidemment pas à rougir, parvenant à bâtir admirablement sur le masterpiece enneigé des Coen.
2015 : triomphe du genre
Difficile de garder cette cadence (notamment niveau séries), bien que l’arrivée de Mr Robot continuera cette lancée de programmes télévisés de très haute qualité. 2015 représente avant tout pour moi une année cinéma riche en films de genre, tels que le mémorable Mad Max Fury Road. Un chef-d’œuvre terminal pour George Miller qui revenait par la grande porte pour proposer un monument de mise-en-scène aussi bien influencé par Clouzot que par son propre Mad Max 2. Mais la surprise que je n’attendais pas fut Kingsman, pastiche du film d’espionnage à l’ancienne qui se revendique comme un brillant geste punk dans l’industrie. Enfin, l’ultra-sous-estimée Black Sails passait la seconde avec force après sa saison introductive. Bref, 2015, l’année du jouissif !
2016 : retour des vétérans
Cette année m’aura avant tout marqué par le retour en très très grande forme de 2 briscards du cinéma : Mel Gibson avec le superbe Tu ne tueras point (film de guerre aussi virtuose que cathartique dans son exutoire jubilatoire) et Shane Black avec The Nice Guys (le meilleur buddy movie du XXIe siècle tout simplement). Mais mon choc fut le magnifique Mademoiselle de Park Chan-wook (Old Boy, Decision to Leave), récit empli de sensualité et de cruauté, qui s’entremêlent pour forger deux portraits de femmes instantanément bouleversants. Rayon jeu vidéo, je fus également servi : une claque de gameplay (Dishonored 2) encore inégalée en terme de game design ; et une claque narrative dans le funèbre Inside !
2017 : de nouveaux espoirs
Je retiens le fameux mic-mac des Oscars entre La La Land et Moonlight (qui mérite totalement sa statuette!), tout comme je déplore l’absence au palmarès de l’imposant chef-d’œuvre de Martin Scorsese qui est Silence. 2017 est aussi selon moi la révélation de 2 auteurs à suivre qui m’auront passionné par la suite : Jordan Peele qui accouchait avec Get Out d’une petite pépite subversive conjuguant film de genre et problématiques sociales ; Section 99 d’un S. Craig Zahler complètement libre dans la violence qu’il déploie pour renouer avec le cinéma du Nouvel Hollywood. Rayon séries, le nirvana pour moi fut atteint à la vision de la première saison de Mindhunter, aka le nec plus ultra du profiling sur petit écran, et via Twin Peaks The Return par un David Lynch débridé. En bonus, c’était aussi la sortie du meilleur album de la décennie : Blond par Frank Ocean !
2018 : œuvres de référence
J’aurai pu parler de Zelda Breath of the Wild sorti en 2017, ou même de Assassin’s Creed Odyssey, mais Red Dead Redemption 2 sorti en 2018 constitue pour moi le pinacle du jeu en monde ouvert. Une fenêtre vers le Far West, permettant de littéralement vivre la vie de hors-la-loi à la fin du XIXe siècle. Rayon ciné, je ressors deux chef-d’œuvres qui auront non seulement laissé une empreinte en moi, mais également dans le cinéma tout court. Tout d’abord Spider-Man into the Spider-Verse, un idéal de comic book movie qui changera profondément l’industrie de l’animation. Puis Roma d’Alfonso Cuaron, une chronique familiale bouleversante bercée dans un noir & blanc immaculée, au service d’une prodigieuse mis-en-scène : This is cinema !
2019 : l’Asie au firmament
Année charnière pour une fin de décennie riche en excellentes trouvailles filmiques (par Tarantino, Scorsese, Eastwood…) mais 2019 appartient à Bong Joon-ho avec son immense Parasite. Un triomphe au Festival de Cannes (Palme d’Or) et aux Oscars (meilleur film, meilleur film étranger, meilleur réalisateur) qui institutionnalise pour de bon le cinéma coréen à l’échelle mondiale, et qui assoit un peu plus son cinéaste comme un des très grands metteurs en scène du XXIe siècle ! Rayon JV, Sekiro m’en aura fait voir des couleurs, mais j’aurai eu raison de cet immense Goliath vidéoludique.
2020 : la viscéralité au premier plan
Une année bien difficile à cause du phénomène Covid, et donc beaucoup plus chiche en terme de sorties marquantes. Mais ce n’est pas grave, car mon cœur déchiré ne s’est toujours pas remis du grand voyage dans la douleur qu’était The Last of Us – Part II. Un diamant noir vidéoludique à peine égratigné par mes 2 claques filmiques de l’année : Uncut Gems des frères Safdie, ou la tension à l’état minéral pur ; ainsi que le superbe Soul de Pete Docter (le dernier grand film des studios Pixar).
2021 : la condition humaine épluchée
Un retour à la normale de l’industrie tout à fait galvanisant cette année-là aura permis de proposer deux immenses flops pour Disney, qui représentent paradoxalement mes films favoris sortis cette année-là : l’immense remake de West Side Story par un Steven Spielberg plus virtuose que jamais à la caméra ; et le crépusculaire Nightmare Alley (lui-même une nouvelle adaptation) d’un Guillermo Del Toro qui nous livrait sans filets un brillant film de monstres sans une seule once de fantastique ! Néanmoins, cette année m’aura avant tout marqué pour ces séries-phénomènes comme le théâtre morbide qu’est Squid Game, la jouissive adaptation d’Invincible, ou bien l’incroyable révolution que fut Arcane (par le studio français Fortiche cocorico) !
2022 : le retour du Roi
Dernière étape que 2022, synonyme de levers de rideaux pour mes 2 séries favorites de la dernière décennie : Atlanta et Better Call Saul ! 2 œuvres brillantes et souvent virtuoses, filmant l’Amérique et la manière de s’y mouvoir de manière tout à fait singulière. Et si j’ai adoré Les Banshees d’Inisherin, le jouissif RRR, le prenant Nope ou bien le controversé Blonde, c’est bien le grand James Cameron (Avatar – La Voie de l’eau) qui m’aura le plus cueilli dans sa manière de célébrer l’apport du cinéma et sa propension à créer un spectacle relevant du jamais-vu ! Une bien belle manière de débuter cette prochaine décennie, emplie de promesses !