« Les femmes sont assez fascinantes et intéressantes pour avoir leurs propres histoires » déclarait Rachel Weisz à propos d’une James Bond féminine. Avec Les Veuves, Steve McQueen lui donne entièrement raison.
En s’inspirant une vieille série anglaise, le réalisateur remarqué Steve McQueen (Shame, Hunger, Twelve Years a Slave) s’attaque au film de braquage, au thriller nerveux, au drame intimiste… Chaque facette des Veuves ne s’appréciant réellement qu’une fois qu’on lui porte un regard d’ensemble.
Le cinéaste semble filmer avec une seule obsession : transcender son histoire. Aucune séquence ne se démarque, mais toutes se composent d’un sens du détail, d’une minutie qui créer la différence. Une introduction suffit à exprimer la violence de la perte, un trajet de quelques minutes suffit à dresser le portrait d’un Chicago en mutation… La réalisation de McQueen n’a pas besoin de mots pour raconter. Pour le reste, il y a le scénario co-écrit par Gillian Flynn.
L’auteur de Gone Girl prouve qu’une romancière peut aussi devenir une excellente scénariste (désolé J.K. Rowling) en concevant des personnages complexes, fascinants, même chez les seconds rôles. Il suffit d’une scène pour rendre Daniel Kaluuya effrayant, d’une autre pour donner toute l’épaisseur à la relation d’amour et haine entre Colin Farrell et Robert Duval… il n’y a aucun propos en trop, tout sert le récit.
Les Veuves se rebellent
Un récit qui dresse un magnifique portrait de la femme. Par la tragédie, on assiste au réveil de celle qu’on sous-estime, qu’on juge, qu’on enferme dans des cases, qui ne se définissait que par l’image qu’on lui renvoyait. Sans tomber dans le militantisme, le film évitera de masculiniser ses héroïnes, préférant les pousser à s’assumer en tant que femme fière, forte, libre. Les Veuves n’est pas féministe, il est féminin.
Un message incarné par une exceptionnelle Viola Davis qui écrase de sa présence n’importe qui partagera ses scènes. On ne peut nier l’implication du reste de ses partenaires, tout sexe confondu, chacun(e) se délivrant de sa propre prison avec une ferveur indéniable, mais l’actrice symbolise tout ce que le film cherche à transmettre. Elle n’est pas une veuve, elle est Les Veuves.