Même si on n’en doutait déjà plus après le saisissant Shame, Steve McQueen prouve avec 12 Years A Slave qu’il est un cinéaste extrêmement précieux, de ceux qui impriment jusque dans la chair narrative de leur projet une marque de fabrique indélébile. Marque qui s’apparente ici à un violent crochet dans l’âme de son spectateur.
Toute la puissance du long-métrage se joue entre un récit concentré sur le calvaire vécu par Solomon Northup et une mise en scène qui amplifie la portée de cette histoire, voire qui lui donne une résonance politique percutante. Loin de s’afficher en brûlot contestataire (on est loin du Majordome et de son didactisme grossier), le long-métrage n’épargne rien de la cruauté humaine ni de l’injustice criante qui auront traversé une Amérique souillée par son Histoire, dans une escalade dramatique d’une violence inouïe qui n’a rien à envier à la folie du réel qu’il recrée avec brio.
Et dans ce magma en fusion où résonnent les violons funestes d’Hans Zimmer d’éclore Chiwetel Ejiofor, granite d’injustice enfouie, qui livre ici une prestation qu’on peut qualifier de mémorable. Sans nul doute le plus sérieux prétendant à la statuette dorée de l’année passée.
12 Years A Slave sort mercredi 22 Janvier 2014 dans les salles