The Creator est le nouveau film de Gareth Edwards (Monsters, Godzilla, Rogue One) : un film de studio original, puisant ses influences au panthéon de la science-fiction ! Porté par John David Washington (Blackkklansman, Tenet), cet récit futuriste plaçant l’Homme dans une guerre contre l’intelligence artificielle s’impose comme un des meilleurs blockbusters de l’année !
Cela faisait près de 7 ans que nous n’avions plus de nouvelles de Gareth Edwards, et le revoilà avec The Creator ! S’étant fait connaître avec Monsters en 2010 (romance sur fond de no man’s land mexicain en proie à des aliens), le britannique s’est vite vu propulsé dans la machinerie Hollywoodienne en s’attaquant au sympathique reboot de Godzilla en 2014. Mais c’est véritablement avec Rogue One que le réalisateur a pu amener tout son amour pour la galaxie Star Wars, en plus de proposer un des meilleurs films de la saga !
Un nouvel univers de science-fiction
Et pourtant, cette expérience exténuante l’a conduit à s’éloigner des franchises pour revenir à un projet moins coûteux, mais néanmoins ambitieux ! Grand amateur de SF, Gareth Edwards développa pendant quelques temps un projet intitulé « True Love », désormais remanié en « The Creator« . Une odyssée futuriste dont le titre de travail initial laisse déjà entrevoir ce qui l’intéresse : l’humanité !
The Creator prend ainsi place en 2070. Via un excellent prologue (Animatrix n’est pas loin), le spectateur découvre que l’IA s’est fortement développée les décennies précédentes, si bien que l’Homme s’en sert au quotidien dans absolument toutes les strates sociétales. Malheureusement, ce qui s’apparente à une révolte enclenchera une terrible tragédie : le largage d’une bombe nucléaire sur Los Angeles ! Une déclaration de guerre donc, suite à laquelle les États-Unis banniront l’intelligence artificielle, cette dernière ayant désormais pris refuge en Nouvelle Asie.
C’est alors que nous découvrons Joshua Taylor (John David Washington), ex-soldat qui va se retrouver embarqué dans une mission en Orient. Le but : trouver une « super-arme » mise en place par ‘Nimrata », le Père-créateur des simulants (terme désignant le peuple robotique). Manque de bol, cette arme prend l’apparence d’une enfant, et dans un périple pour leur survie, Joshua va tenter de retrouver un amour perdu ainsi que sa place dans ce conflit.
SF synthétique
The Creator pioche ainsi dans tout un imaginaire de SF (en particulier des 80’s) pour le remanier. Et rien qu’avec ce pitch de départ, nul doute qu’Edwards fut biberonné à Terminator, Star Wars, Ghost in the Shell, Blade Runner ou les écrits d’Isaac Asimov. On retrouvera même du Avatar/John Carter (le soldat estropié et au passé traumatique qui va trouver sa voie dans un conflit à l’échelle planétaire), un zeste de Akira (l’enfant déifié responsable du salut de la civilisation) et une pincée des Fils de l’Homme (un voyage en quête de renaissance pour le salut de l’humanité).
Dès lors, le récit dystopique qu’entreprend Joshua et Alpha-Omega (dite « Alphie ») ne surprendra peut-être pas dans son déroulé global, et les influences séminales qui émanent de The Creator pourraient initialement écraser les velléités artistiques du métrage (comme cette superbe station orbitale NOMAD faisant furieusement penser à la Death Star). Malgré tout, Gareth Edwards parvient à contrecarrer le déjà-vu en digérant ses sources et en amenant sa propre voix. Loin des questionnements philosophiques d’un A.I., The Creator amène pour acquis la notion d’individu au sein de la machine, et entend dépeindre un conflit entre 2 races/peuplades devant désormais coexister. Un constat forcément d’actualité et intemporel donc !
The Beauty of The Creator
La singularité de The Creator tient en effet dans son univers visuel et une direction artistique aux petits oignons, ancrant son récit dans un décorum de Guerre du Vietnam cyberpunk. Tourné via une caméra Sony FX3 et un budget de 80 millions de dollars, Gareth Edwards et son prometteur chef opérateur Oren Soffer peuvent déjà se targuer shooté un des plus beaux films de SF de la décennie. Chaque décor fourmille de détails, et l’impression d’un monde tangible inonde chaque plan de par la foultitude de détails présents. C’est simple, on aimerait s’y perdre indéfiniment !
Un résultat qui flatte constamment la rétine, prenant les spécificités d’un cadre purement asiatique (le tournage a eu lieu en Indonésie, Thaïlande, Népal, Japon, Cambodge..) et de l’augmenter par toutes sortes de bâtisses, véhicules et autres dispositifs futuristes. En résulte un film de guerilla et d’anticipation renvoyant forcément à quelques épisodes sombres de l’Amérique (voir des robots-kamikazes ou bien de l’infanterie dézinguer des villages entiers peuplés de robots à faciès asiatiques ne sort évidemment pas de nulle part). De quoi exercer un sacré degré de fascination devant une telle fabrication au résultat particulièrement cohérent.
IA optimiste
Car loin d’être simplement un vernis de SF, The Creator parvient avec un certain brio à faire rencontrer l’Ancien et le futur (à l’image du chapitrage du film) pour supporter les thématiques du film. Au travers d’un court passage avant le climax, l’IA semble être le seul moyen de stopper la mort : c’est dans ces moments fugaces que The Creator amène un regard transhumaniste singulier et bienveillant sur la place de l’intelligence artificielle dans notre quotidien futur. Le tout saupoudré de quelques trouvailles comme ce dispositif permettant de ramener à la vie un individu pour quelques secondes, ou bien une touchante relation amoureuse entre un humain et une simulante en milieu de film.
Là encore, malgré quelques personnages secondaires plutôt sacrifiés (on pense à l’excellente Allison Janney ou le charismatique Ken Watanabe) et une dernière ligne droite quelque peu précipitée (une version rallongée de 15-20 minutes ne serait pas de refus), The Creator tient avant tout sur les épaules de John David Washington. Impeccable dans un rôle empli de fragilité sourde, son duo avec la jeune révélation Madeleine Yuna Voyles amène une vraie alchimie à la Lone Wolf & Cub..de quoi pallier le caractère parfois succinct en terme d’écriture de leur rapprochement affectif. On évite heureusement le cliché de l’enfant-boulet insupportable, de par une partition toute en retenue.
Nec plus ultra blockbusteresque
Il faut également saluer le rôle plus discret de Gemma Chan, véritable point pivot émotionnel du film et pour le protagoniste. Enfin, un petit mot sur le sound design de The Creator : ultra immersif bien entendu, ponctué par une belle partition musicale signée Hans Zimmer. Loin d’être un de ses plus grands travaux (ni même les plus identifiables dans l’immédiat), le compositeur amène quelques sonorités ethniques raccord avec les influences nippones voulues par Gareth Edwards. De l’autre, on appréciera quelques envolées épiques ou lyriques sur fond de Radiohead ou Debussy !
Pour conclure, The Creator a beau avoir quelques imperfections d’écriture qui l’empêcheront d’être un grand film de SF, le résultat impressionne. Un caractère légèrement survolé dans le dernier tiers du film n’entachant heureusement pas la prouesse de fabrication que représente un tel blockbuster (tourné pour 2-3 fois moins d’argent que les superproductions Hollywoodiennes) : du beau film de SF ample, techniquement ahurissant, extrêmement généreux dans ses choix artistiques, et avant tout incarné ! Un des rendez-vous incontournables de la rentrée donc !
The Creator sortira au cinéma le 27 septembre 2023
avis
Avec The Creator, Gareth Edwards accouche de son meilleur film ! Conjuguant le caractère humain de Monsters à l'ampleur guerrière de Rogue One, le réalisateur synthétise tout un imaginaire de SF dans une œuvre opérant quelques raccourcis d'écriture assez regrettables, mais parvenant à offrir un univers totalement cohérent, à la fabrication exemplaire et au décorum asiatique riche de sens mythologiquement. Du vrai beau blockbuster impressionnant comme on aime..avec du fond !