Les Apparences prend la route du thriller machiavélique sous l’influence de Claude Chabrol. Porté par la prestation de Karin Viard, le film se pare d’habits bien trop grands pour lui.
Les Apparences est le sixième long-métrage de Marc Fitoussi, cinéaste qui aura su croquer au cours de sa filmographie des portraits de femme hauts en couleurs toujours empreints d’une cinéphilie très référencée et d’une photographie très soignée. Ayant vu passer devant sa caméra plusieurs grandes actrices de notre cinéma hexagonal avec des noms comme Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain où encore Emilie Dequenne, y ajouter le prestigieux nom de Karin Viard était une évidence, d’autant plus dans le rôle d’une femme froide et calculatrice, rôle que l’actrice avait su camper à merveille (même de loin) dans les récents Jalouse et Chanson Douce.
Des habits bien trop grands
Les Apparences suit ainsi la vie aisée d’Eve et Henry, deux français ayant réussi en Autriche. Lui, chef d’orchestre mutique incarné par le charismatique Benjamin Biolay, entretien cependant une liaison avec la maîtresse d’école de leur petit garçon. Eve devra alors tout faire pour garder les apparences au sein d’un cercle d’amis très refermé dans leur bourgeoisie et leurs manières.
Dès les premières minutes, Marc Fitoussi parvient à créer l’atmosphère recherchée. Si son observation de la bourgeoisie est à des années lumières de la cruauté jouissive d’un Claude Chabrol vanté sur l’affiche du film, le réalisateur parvient cependant à dépeindre avec une certaine ironie un cercle d’amis déconnectés et retranchés sur eux-mêmes. Le problème, c’est le genre du thriller auquel le film veut se cantonner. Habillé par les notes élégantes d’un Bertrand Burgalat très inspiré, parvenant à créer une ambiance tour à tour classieuse et vénéneuse, le film se pare cependant d’habits trop grands pour lui et s’essouffle rapidement à cause de son récit répétitif et assez attendu.
Ainsi, si le réalisateur parvient une fois de plus à offrir à son actrice un rôle sur mesure, les coutures du thriller sont décidemment bien trop grandes pour Marc Fitoussi. Laissant un perpétuel goût d’inachevé dans le décor qu’il avait su instaurer, le film étonne dans le mauvais sens, notamment lors d’un dernier acte qui s’étire en longueur et ne fait qu’encaisser les erreurs d’un récit maladroit qui finit rapidement par tourner en rond.
Si les apparences sont parfois trompeuses, le film de Marc Fitoussi en est ainsi le parfait exemple. Dans le mauvais sens du terme.