Fumer fait tousser, le nouveau film de Quentin Dupieux (Réalité, Le Daim) a été présenté dans la catégorie Hors Compétition au Festival de Cannes. Une comédie jubilatoire allant toujours plus loin dans l’absurde, bien que légèrement inconstante !
De Rubber à Mandibules, en passant par Au Poste ! ou le prochain Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux aka Mr Oizo aura su affirmer sa singularité dans le paysage cinématographique français. Adepte d’un comique de l’absurde, Fumer fait Tousser ne déroge pas à la règle, avec comme toujours une durée aux alentours de 1h10. Toujours désireux d’aller au cœur de ses sujets, et ce sans bouts de gras, Dupieux s’attaque cette fois-ci aux super sentais, ces feuilletons super-héroïques japonais dont les plus connus sont Bioman ou encore Power Rangers !
La Tabac Force contre le mal
Ainsi, le film nous présente la Tabac Force, un groupe de cinq justiciers constitués de Benzène (Gilles Lellouche), Méthanol (Vincent Lacoste), Ammoniaque (Oulaya Amamra), Mercure (Jean-Pascal Zadi) et Nicotine (Anaïs Demoustier). Après un féroce combat contre une Tortue alien, l’équipe est conviée par le Chef Didier (une marionnette de rat anthropomorphique doublée par Alain Chabat) a une retraite d’une semaine. Le but : renforcer la cohésion du groupe, alors qu’elle va séjourner dans une base de repos. La tranquillité va être courte, car le machiavélique Lézardin (Benoît Poelvoorde) a un plan pour détruire la planète…
Cependant, passée l’introduction jouant allègrement avec les codes du genre (combat contre une grosse Tortue au déguisement caoutchouteux, explosion de l’ennemi, présence du robot Didier-500 comme IA compagnon…), Fumer fait Tousser change complètement de direction, alors que les divers membres se racontent des histoires au coin du feu. Dès lors, le métrage se mue en film à sketches digressif tendance Contes de la Crypte, via quelques récits à l’humour noir prononcé.
Drôlerie inconstante
Fumer fait tousser se savoure du début à la fin, via un casting au top de sa forme : tous brillent à un moment donné, même ceux présents quelques minutes lors des fameux récits (Adèle Exarchopoulos, Doria Tillier, Grégoire Ludig…). Néanmoins, jamais l’on ne retrouve l’hilarité ultra communicative et savamment dosée des 20 premières minutes, tandis que la suite du scénario (via un mini-caractère anthologique des histoires) demeure un tantinet inconstant en terme de qualité.
On retiendra par-dessus tout le sketch impliquant Blanche Gardin, point culminant de l’humour noir bien gras du réalisateur, ou bien les apparitions du Chef Didier, une sorte de rat baveux à la tête de Muppet complètement déglingué. Le film se termine également via une conclusion totalement what the fuck, tel un moment de suspension : là encore, Dupieux sait conclure ses films avec juste ce qu’il faut pour qu’on en veuille encore, et ce sans s’étirer inutilement !
Casques lobotomisants, poisson qui parle, déchiquetage et autres fins du monde à retardement : Fumer fait tousser est encore une fois une belle pioche de Quentin Dupieux. Si le rythme est un tantinet décousu, pas de quoi faire la fine bouche, surtout quand les fulgurances humoristiques et le casting sont dans le haut du panier de la comédie française.