En parallèle de ses nombreuses séries en live-action oscillant entre grandiose et ratage, le MCU nous lance une nouvelle proposition sérielle, cette fois animée avec X-Men 97. Un bel et doux titillement de notre nostalgie.
Après la mort du professeur Charles Xavier, les X-Men tentent de continuer le combat tout en pansant leurs blessures alors même que Magneto refait surface. La série X-Men 97 de Disney, capitalisant sur l’essence même de notre nostalgie, propose avec ce sequel direct du show animé de 1992 une nouvelle mouture, jouant à la fois sur l’aspect vintage de son illustration ou de ses dialogues tout en amenant de nouvelles prouesses animées ou un propos inclusif, cher à nos X-Men.
Proposé par Kevin Feige, Brad Winderbaum (le patron de la division streaming de Marvel) et showrunnée par Beau DeMayo (lequel vient d’être remercié il y a seulement quelques jours) le projet semblait pourtant au mieux intriguant, au pire, dénué d’intérêt. Or il s’agit en réalité d’une belle réussite, tant sur le point administratif puisqu’il s’agit du premier portage canon des X-Men dans le paysage du MCU (avant Deadpool 3), qui en profite pour lancer également son studio Marvel Animation, que sur le point artistique puisque X-Men 97 est une petite madeleine de Proust assumée et pertinente, rutilante même.
Let’s go, bub!
Premier tour de force pour la série animée : être aussi polyvalente et accessible aux connaisseurs qu’aux novices. Ceux qui suivaient la série originale, diffusée entre 92 et 97, retrouveront donc aisément leurs marques tandis que les nouveaux arrivants pourront se délecter d’une intrigue ficelée, qui ne repose pas intégralement sur son passif pour se développer. Ainsi, et contrairement aux productions récentes du MCU, l’exposition y est ici réduite à son minimum, même si certains dialogues sentent bon le forcing narratif pour (re)présenter toute la famille des mutants.
Alors, si de nouveaux castings vocaux s’ajoutent aux réguliers qui reprennent leur rôle iconique, comme Cathal J. Dodd en Wolverine et Alison Sealy-Smith en Tornade, l’équipe des personnages est évidemment dirigée par Cyclops depuis la disparition du Professeur X et on retrouve le panel habituel de la série avec Jean, Gambit, Malicia (ou Rogue), Bishop, Morph, le Fauve (Beast) et Jubilee pour faire face à de nouvelles menaces et leur deuil commun.
Ensuite, force est de constater que l’animation fait des merveilles et ce grâce au Studio Mir (société coréenne familière des sups’ en bossant notamment sur nombre de projets animés DC). En alliant et perfectionnant le style coloré et contrasté des séries des 90’s avec de la 3D (sans tomber dans l’aspect rebutant des What If…), on tient là une véritable pépite visuelle qui nous replonge instantanément dans notre enfance avec son générique incroyable (et qu’on ne peut se résoudre à zapper) tout en démultipliant les performances visuelles lors de scènes d’actions assez bluffantes (le climax avec Magneto est purement hallucinant). De plus, les hommages discrets à Jack Kirby et ses fameuses bulles colorées s’agencent ici comme de parfaites et délicieuses références qui, en plus, font sens narrativement.
D’ailleurs, le tour de force de ce revival est d’inclure le grand méchant immuable des X-Men, le génial Magneto, comme nouvelle figure de rédemption. L’ancien extrémiste appelé à devenir l’égérie du vivre-ensemble et de la tolérance. Une belle idée scénaristique et qui permet de focaliser l’intrigue sur ses convictions conflictuelles puisque le radicaliste doit également honorer la mémoire de son ami, bien connu pour incarner un altruisme à toute épreuve. En soit une belle dichotomie individuelle, secondée par la parentalité de Scott et Jean et contrastée par Wolverine, toujours indécrotablement stylé mais qui joue par instants le rôle de comic relief. Une belle famille, indéniablement.
Alors il ne s’agit que des trois premiers épisodes, mais pour l’instant le rythme y est soutenu, même si le troisième épisode parait plus détendu pour permettre au spectateur de respirer après le drame du deuxième et l’ensemble se révèle être une belle surprise. Tout y est respecté, assumé, pertinent, jusqu’au discours inclusif parfaitement adéquat avec les revendications de Magneto et des XMen, créés on le rappelle au moment de la ségrégation raciale pour œuvrer comme une métaphore du de la lutte anti-racisme. Dans ce revival de 2024, ces X-Men 97 n’oublient pas d’inclure les différences de sexes, de genre, de religions, de races, de couleurs et permettent donc à tout un chacun de s’identifier et ça, c’est bien beau bob.
En somme la série X-Men 97 est une chouette surprise, une pépite animée nostalgique magnifiée par les améliorations technologiques contemporaines et une narration toujours d’actualité dans une équité globale. That’s my X-Men.
La série X-Men 97 est disponible sur Disney+ depuis le 20 mars.
Avis
On doutait de sa pertinence mais ce X-Men 97 est une délicieuse surprise, à l'animation harmonieusement magnifiée par des techniques modernes et un discours inclusif toujours pertinent dès lors qu'il transcende celui de nos chers mutants.