Huit années après la fin misérable de Dexter Morgan, voilà que le tueur en série s’offre un retour télévisuel dans une neuvième saison intitulée New Blood pourtant pas si fraiche que ça.
Sous une nouvelle identité, Dex’ vend maintenant des armes dans un petit village enneigé, mais ses démons ne semblent pas si bien enfouis que ça. Showtime et Michael C. Hall en avaient visiblement gros sur la patate d’avoir saloper l’épopée de Dexter dans une saison finale absolument indigeste. L’occasion de faire peau neuve dans New Blood, même si ça sent drôlement le réchauffé pour l’instant.
Pourtant le showrunner de la série originale est aux commandes de ce revival, histoire de repartir en terrain connu pour les acteurs et rassurer les spectateurs d’une resucée à peine déguisée. Ne vous en faites pas, tout est prévu pour vous prendre par la main et cocher en même temps les cases de la nostalgie comme celles de la nouveauté bien-pensante. Tout le monde en a pour son argent, sauf peut-être Dexter, le seul qui semble véritablement lésé dans cette affaire.
Tonight’s still the night
Exit donc Miami et la reconversion finale en bucheron hirsute (ou presque), le nouveau Dex’ est fidèle à l’image qu’on en avait, avec un boulot beaucoup plus proche de ses goûts personnels. Rasé de frais et perdu en pleine nature, il ne sort en ville que pour travailler dans le magasin d’armes à feu (et blanches évidemment), ou passer du temps avec sa nouvelle copine, la sheriff locale, amérindienne de surcroit, pour appuyer ET l’aspect minorité à l’écran ET l’exclusion de ces américains originaux comme celle de Dexter, repoussé aux confins du monde occidental, en pleine désintoxe.
A ce titre, un peu à la manière d’un Evil Dead, l’ancien Boucher de Bay Harbor est maintenant reclus dans un chalet en pleine forêt à combattre l’ennui avant que l’envie irrépressible de replonger sa lame dans le premier malfrat venu ne se fasse sentir. Néanmoins, le show arrive assez intelligemment à faire patienter le retour de ce passager noir qu’on attend tous. Pour confirmer la césure avec le hiatus de ces dix dernières années, Dex n’est plus hanté par son père adoptif mais par sa sœur, avec Jennifer Carpenter agréablement de retour. De même la voix off, immuable guide au sein de la psyché ultra lucide du tueur en série revient tardivement pour nous bercer et bien annoncer le comeback du psychopathe.
Forcément, on est en pleine madeleine de Proust. Surtout que tous les éléments sont réunis pour titiller notre lugubre mélancolie, des taches de sang à la photographie contrastée, des hallucinations prémonitoires aux travelings en dutch angle, tout est là pour nous faire replonger. Mais force est de constater que le show ne raconte pas grand-chose de nouveau. Certes on se fait avoir avec la promesse d’assister à la confrontation entre Harrison et Dex qui ferait le lien entre New Blood et la série originale, mais cette suite nous semble diablement artificielle. D’autant plus quand Dex se met à foirer l’application de son code de survie où que ses émotions personnelles viennent prendre le dessus sur son raisonnement pourtant infaillible. Effectivement, rien n’a changé.
Espérons qu’avec New Blood notre bon Dexter parvienne à trouver une nouvelle voie, plus assumée et surtout plus passionnante.