Antebellum, marqué par l’empreinte de Jordan Peele, oscille entre le film d’horreur et le plaidoyer anti-racisme virulent et efficace.
Après les succès consécutifs de Get Out et d’Us, Jordan Peele est aujourd’hui partout. Producteur, réalisateur et showrunner de la nouvelle version de The Twilight Zone et de la première saison de Lovecraft Country, le réalisateur a lancé une véritable marque de fabrique avec ce nouveau genre reprenant les codes du film d’horreur pour des plaidoyers vibrants sur la discrimination raciale dans l’air du temps d’une Amérique post-Obama. Ainsi, si Antebellum ne mentionne que le studio identique qui a produit les œuvres de Jordan Peele et donc, le premier long-métrage de Gerard Bush et Christopher Renz, ce dernier s’inscrit clairement dans cette lignée.
Equilibrum
Antebellum prend cependant le pari de nous surprendre. Si l’on ne sait quasiment rien de son histoire, à part celle d’une jeune auteure à succès défendant les droits des personnes discriminées coincée en pleine époque de l’esclavagisme, le film instaure un climat de tension très réussi, parfois cependant inexplicablement sur-éclairé par la superbe photographie de Pedro Luque, que l’on a notamment pu retrouver sur les films de Fede Alvarez et la dernière saison de Penny Dreadful.
En mixant deux époques et les traumas de l’une qui se superpose sur l’autre, Antebellum surligne cependant parfois un peu le trait sans pour autant que cela ne vienne retirer de son efficacité. Car il y a là une vraie maîtrise du rythme et de la tension dans le premier long-métrage de Gerard Bush et Christopher Renz, qui ne font pas que s’ancrer dans la lignée des œuvres de Jordan Peele mais reprennent ici la formule en réussissant à se l’approprier en proposant une variation forte.
Car Antebellum surligne le propos qu’avait su suggérer plus modérément les films de Jordan Peele. Le film peut ainsi s’orner de gros sabots, par sa photographie parfois clipesque qui rompt avec le climat de tension qu’il cherche à instaurer et dans sa conclusion simpliste qui verse dans l’overdose et rompt avec le bel équilibre qu’avait su créer le long-métrage. Débauche surlignée par le jeu outrancier de la pourtant talentueuse Jena Malone, ici cantonnée à un rôle de méchante suprémaciste dont le pathétique frôle souvent la caricature.
Malgré tout cela, Antebellum demeure une belle surprise et la continuité logique de l’oeuvre de Jordan Peele, qui ne se trouve ici pas que pillée, mais réappropriée. Pour un constat actuel qui fait cependant encore plus froid dans le dos. Pile comme Jordan.
Antebellum est sorti le 9 août.
Critique écrite par Kantain.