Biques est une comédie intergénérationnelle qui nous emmène dans une maison de retraite pour aborder le thème de l’âgisme.
Biques est la nouvelle création de la compagnie Les mille Printemps, que nous avons découverte l’année dernière avec leur comédie écologique pleine d’énergie et d’inventivité, Yourte. Elle était donc dans notre sélection pour cette nouvelle édition du Festival OFF.
Après un premier spectacle sur le féminisme et un second sur la transition écologique, c’est cette fois-ci à l’âgisme que s’attaque cette compagnie engagée sur les grandes problématiques de notre époque. Celui-ci nous a toutefois semblé moins abouti que le précédent et n’a pas su nous embarquer avec la même force.
Cette vieillesse qu’on ne veut pas voir de trop près…
Âgisme : Toutes formes de discrimination, de ségrégation, de mépris fondées sur l’âge. Pour aborder ce sujet, quoi de mieux que s’immerger dans une maison de retraite ! On se retrouve donc dans la salle commune des Magnolias, pour fêter le départ de Catherine qui prend sa retraite après 40 ans de carrière. Et elle ne s’attendait pas à ce que nous soyons tous là pour la surprise !
Mais pas dit qu’elle parte bien loin pour le moment… Car, à l’approche des élections municipales, l’Ehpad est menacée de délocalisation en périphérie de la ville. Hors de question pour l’équipe de l’établissement de se laisser faire sans réagir. La résistance s’organise ! Et les pensionnaires sont bien décidées à prêter main forte aux aides-soignantes. À commencer par Violette, la doyenne, redoutablement déterminée !
Un théâtre du quotidien
Elles sont neuf femmes sur scène, aux âges variés mais animées d’une même énergie, d’un même élan de vie. Elles interprètent différents rôles et nous font particulièrement rire dans ceux des pensionnaires de la résidence. Notamment Sarah Coulaud, dont la justesse de l’interprétation tout en mimiques de l’une d’elles est hilarante ! C’est un plaisir aussi de retrouver la drôle et pétillante Maud Martel, dont la présence très entière et naturelle se distingue une nouvelle fois.
Nous avons aussi beaucoup aimé ces témoignages vidéos de vraies résidentes d’une Ehpad de Charente-maritime ayant inspiré ces rôles. Une jolie et émouvante manière de rendre le propos plus concret, de l’ancrer dans le réel. Nous toucher pour nous faire nous sentir concernés, c’est l’idée. Car, si ces questions sont importantes, nous avons tendance à oublier qu’elles parleront un jour de nous…
Une petite perte d’endurance
Difficile de ne pas comparer, surtout lorsqu’on a été séduit par la proposition précédente… Car, forcément, nous espérions retrouver l’énergie folle, l’humour décalé, la dimension immersive et participative aussi de Yourte. Et bien sûr que l’on retrouve un peu de tout cela dans Biques. Un peu. Trop peu.
Il se passe beaucoup de choses, mais qui ne servent pas forcément les unes aux autres et ne réussissent pas à donner du rythme à l’ensemble. Quant à la dimension immersive du spectacle, si les quelques premières minutes nous ont laissé espérer le contraire, elle s’est finalement révélée inexistante. Et c’est dommage car c’est précisément ce qui avait rendu leur précédente création particulièrement marquante.
Un fond qui manque de forme
Tout nous a semblé en-dessous dans Biques, autant dans le fond que dans la forme. Certes, le propos est important. Car cette pièce permet d’explorer les relations entre générations, les préjugés des uns sur les autres, le décalage qui grandit à mesure que le temps passe, ou encore la solitude des personnes âgées. Mais l’intrigue est très simpliste, s’encombre de quelques clichés et s’égare parfois dans des directions qui ne mènent nulle part.
On pense notamment à cette scène chorégraphiée qui n’apporte rien ; à cette chanson « Moi, lolita » dont la pièce semble faire son hymne sans que l’on comprenne pourquoi ce choix étrange ; à cette mère qui décide soudain de partir au bout du monde avec une femme, rebondissement qui n’en est pas un et qui arrive comme un cheveu sur la soupe ; ou encore à ce débat télévisé qui vire au burlesque et dégénère exagérément…
Beaucoup de « pourquoi ? » nous sont ainsi venus tout au long du spectacle. Et c’est un peu déçus que nous avons quitté la salle.
Biques, de Gabrielle Chalmont & Marie-Pierre Nalbandian, avec Claire Bouanich, Sarah Coulaud, Louise Fafa, Lawa Fauquet, Marie-Pascale Grenier, Carole Leblanc, Maud Martel, Taïdir Ouazine & Jeanne Ruff, mise en scène Gabrielle Chalmont, se joue au Théâtre des Carmes André Benedetto, à Avignon, du 07 au 26 juillet, à 14h30 (relâche le mercredi).
[UPDATE 2023] Se joue du 07 au 24 mars au Théâtre 13.
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Avis
L'engagement assumé de cette compagnie à défendre un monde plus juste et équitable dans chacune de ses créations est noble. Malheureusement, celle-ci n'a pas réussi à nous convaincre. L'énergie et la générosité des comédiennes ne suffisent pas à pallier les qualités de jeu inégales. Et l'ensemble reste assez linéaire.