Les fans de Tarantino devraient être ravis : il semblerait que l’un de ses dignes héritiers vienne de se révéler… en Russie ! Pour son premier long-métrage, Kirill Sokolov propose un scénario complètement délirant, servi par une mise en scène ultra énergique et des acteurs très convaincants. Un cocktail molotov distribué par Wild Side.
Why don’t you just die commence dans un ascenseur. Matvei monte venger sa petite amie, Olya, à grands coups de marteau. Il s’en va rendre visite au père de cette dernière, qui l’aurait abusé alors qu’elle n’avait que 12 ans. Sauf qu’une fois sur place, rien ne va se passer comme prévu. Au fil de dialogues très drôles et percutants, le règlement de compte prend de l’ampleur et touche de plus en plus de monde.
L’escalade d’arnaques pratiquées en famille s’opère de façon très efficace, grâce au rythme impeccable du film. Alternant quelques flash-backs, scènes de combats rapprochés ultra violents et moments d’accalmie, le spectateur reste tenu en haleine d’un bout à l’autre de l’œuvre.
À la manière d’une comédie traditionnelle, dans laquelle les gaffes ou les histoires cachées se mêlent pour renforcer l’histoire, Why don’t you Just Die voit son intrigue évoluer à mesure que les personnages s’aperçoivent qu’ils se sont tous fait berner. Ils finissent par régler leurs comptes dans un ballet de télévisions projetées en pleine figure, de perceuse enfoncée dans les mollets ou encore, plus sobrement, de coups de fusil.
Why don’t you Just Die, Kill Bill des années 2020 ?
Pour son premier long-métrage, Kirill Sokolov ne manquait pas d’inspiration. Celui-ci déclarait, dans une interview accordée au magazine Mad Movies, s’inspirer de westerns autant que de cinéma asiatique, en passant par les œuvres de Quentin Tarantino et de Guy Ritchie.
On retrouve effectivement l’esthétique de films chinois tels que Tigre et Dragon ou Le Secret des Poignards Volants dans plusieurs scènes d’affrontements, notamment celles au ralenti.
Difficile, par ailleurs, de passer à côté de l’influence tarantinesque : qu’il s’agisse du choix d’armes incongrues, des répliques délicieusement ironiques ou même des gros plans sur les pieds des personnages, on remarque beaucoup de clins d’oeil au légendaire réalisateur.
Kirill Sokolov confie cependant que l’ironie qui fait la force des polars de Quentin Tarantino représente une particularité trop personnelle de l’Américain. De ce fait il demeure, selon lui, inimitable. Un très bel hommage qui, toutefois, ne tombe jamais dans la pâle copie.
Si l’auteur souhaitait s’appuyer sur des codes bien connus du grand public, notamment sur le plan visuel, Why don’t you Just Die ne peut nier son origine russe. Tout d’abord, la musique, dont certaines paroles restent en langue locale, mais aussi les décors et les costumes. Celui de la mère notamment, dépeint une société d’Europe de l’Est. Enfin, l’humour demeure typiquement russe.
On retrouve aussi le côté « extrême » que l’on attribue souvent à ce pays. Par exemple, dans la scène où le beau-père s’emploie à massacrer la jambe de Matvei avec une perceuse. Les réactions plutôt calmes, voire l’indifférence que suscitent ces gestes hyper violents chez les personnages rappellent certaines vidéos russes dont les internautes raffolent.
Pas de cliché de vodka qui coule à flots mais des clins d’oeil et des références qui font de cette œuvre un parfait mélange entre une forme à l’américaine et un fond plus personnel. Il ne faudrait d’ailleurs pas passer à côté du message de fond délivré par le film.
La critique de la société russe actuelle
Les affrontements présentés dans ce film ne se déroulent pas que face caméra. En dehors des combats physiques entre les personnages, celui-ci met également en évidence la précarité d’une classe sociale russe modeste et prise entre deux feux. Les policiers corrompus, les traitements médicaux hors de prix, les patrons obsédés sexuels… à peu près tout y passe.
Obligés de tricher un peu pour joindre les deux bouts, tous les personnages semblent à bout et coincés dans un engrenage dont ils ne peuvent réellement s’extirper. Une peinture assez peu flatteuse de la société Russe qui a d’ailleurs valu au film de se faire censurer sur YouTube et les réseaux sociaux par le gouvernement local. Des restrictions qui ont néanmoins attisé la curiosité des internautes, qui désormais le plébiscitent !