Très emballés par le pilote de la saison 3 de True Detective, la suite de l’anthologie policière s’est montrée exceptionnellement humaniste.
Deux flics enquêtent sur une affaire de kidnapping qui débute en 1980, se poursuit en 1990 et s’achève finalement en 2015. HBO retrouve sa poule aux œufs d’or et continue de donner carte blanche à Nic Pizzolatto maintenant scénariste et showrunner d’une saison 3 de True Detective qui renoue avec les prémices de la série policière.
Un excellent retour aux sources ou la peinture d’un duo d’inspecteurs désabusés et profondément humains vient primer sur l’histoire elle-même. Bouffée par le charisme et le caractère de ses protagonistes, l’enquête importe finalement peu, préférant mettre en exergue les joies, sentiments et failles de ces hommes et de ces femmes. Comme les journalistes qui forcent les vieux flics à replonger dans l’horreur, on retrouve dans cette saison 3 de True Detective un hommage au premier duo, une parabole un peu méta à notre propre appétit pour les affaires glauques qui auraient tendance à tourner en rond… « Time is a flat circle », tu parles.
True Detective, real life !
Le fil narratif semble trop narcoleptique pour réellement nous passionner alors que l’enquête piétine, s’éternise et se résout miraculeusement d’elle-même. A l’image d’un final abandonnant son suspens et ses scènes d’action pour se concentrer sur la mélancolie et la poésie philosophique, cette saison 3 de True Detective reprend la direction contemplative de la première. Une ambiance abstraite et sombre magnifiée par un montage acéré, aux match-cuts inégalés, véritables miroir de l’âme des personnages. A l’aide de timeline et de fils scénaristiques entremêlés, les relations amoureuses et les dégâts d’Alzheimer concourent pour finalement proposer une jungle psychologique, un labyrinthe réaliste dont personne ne peut s’extraire.
A ce titre il est obligatoire de noter les incroyables interprétations d’un casting impliqué et convainquant. Sans compter le magistral Mahershala Ali, jeune ou grimé, ou le stupéfiant Stephen Dorf (manquant un peu substance), Carmen Ejogo et Scoot McNairy finissent de nous impressionner. Les débats et conversations demeurent le centre même du show, faisant fi de l’enquête, ce sont eux les True Detective(s). Leur évolution et circonvolutions personnelles sont autant de perspicaces réflexions sur l’âme humaine qu’une réelle affaire policière.
Réellement émotionnelle, très performante dès qu’elle se pose devant la complexité de la psychologie humaine, la saison 3 de True Detective est un petit bijou narratif qui souffre cependant d’une intrigue un peu désuète, inutile devant ces contemplations humanistes.