La célèbre série zombifiée vient de s’éteindre, concluant la 3e partie de sa 11e et dernière saison. The Walking Dead c’est terminé, mais pas vraiment, un peu comme les morts-vivants quoi.
De communauté utopique, le Commonwealth est bien vite devenue une dystopie, face à laquelle nos survivants tentent de s’en sortir, contre vents et hordes. La série phare de AMC (diffusée sur OCS chez nous), The Walking Dead, vient de conclure son épopée télévisuelle en nous proposant un final très paradoxal, comme si la série n’arrivait pas vraiment à nous faire des adieux, alors qu’il était temps d’arrêter le massacre depuis belle lurette.
Toujours showrunnée par Angela Kang, cette saison 11 (notre critique de la partie 2) de The Walking Dead, la plus longue jusqu’à présent avec 24 épisodes pour conclure l’aventure post-apocalyptique adaptée des comics de Robert Kirkman, vient d’achever son troisième arc narratif. Un repos bien mérité pour le show qui, pendant quelques temps, rassemblait pas loin de 17 millions de spectateurs dans ses grandes heures, contre seulement 2 pour ces derniers soubresauts télévisuels. Une fin tant attendue après 177 épisodes et de 12 ans de bons et loyaux services, ou presque.
They were The Walking Dead
Avant de rentrer dans le vif du sujet, et qui risque de fâcher les quelques clampins (comme bibi) à s’être accrochés jusqu’au bout, force est de constater que la série parvient à retomber sur ses pattes et aura su développer de façon presque (mince, les bons points on avait dit !) égale les séquences d’action avec les séquences narratives pour faire évoluer l’intrigue. Les menaces récemment introduites sont vites balayées et nous remettent sur le droit chemin, un chemin balisé pour clore l’histoire. Si cette dernière s’écarte forcément des schémas du comics, la faute à trop de libertés prises en amont, les grands axes sont astucieusement abordés et permettent ainsi d’aborder des thèmes immuables du survivalisme made in USA.
Afin de prôner le vivre ensemble au nom de la sacro-sainte démocratie, The Walking Dead dénonce ici et là l’individualisme nécrosé de communautés renfermées sur elle-même, la censure de la presse, le totalitarisme et ses forces armées ou l’hérédité du pouvoir. Ça reste succinct mais c’est bienvenu. Des lieux communs qui fonctionnent toujours dans ce genre de super-production alors même que l’aspect psychologique imagé par le comics, l’homme est un loup pour l’homme, semble ici s’effacer devant de plus faciles aspérités et des antagonistes bien plus reconnaissables. Les bons points qu’ils disaient.
Attention, spoilers
Bon, alors visuellement, The Walking Dead abandonne aussi les effets de style tentés dans les précédentes parties de cette saison 11 pour revenir à un académisme plus attrayant, plus violent. Fini les ralentis et autres fondus et bonjour les plans séquences (quelques secondes lisibles ça reste un exploit ici alors calmez-vous) ou les dialogues filmés autrement qu’en classique champ-contrechamp. On respire. Les zombies retrouvent également un esthétisme maquillé et moins numérique et nos survivants retrouvent même le luxe de gambader joyeusement dans la nature, histoire de prendre l’air.
Justement, le coeur de The Walking Dead continue de résider autour de ses protagonistes, qui s’offrent ainsi une rédemption générale. De Negan qui se rachète une conduite auprès de Maggie, laquelle parvient (presque) à pardonner à l’ancien leader des Sauveurs, à Daryl qui endosse le rôle de papa poule d’une communauté éparpillée aux quatre coins du Commonwealth jusqu’à Eugène qui se porte en symbole de résistance pour les citoyens opprimés. Les autres gravitent autour de ses têtes d’affiches (sauf pour Eugène, faut pas abuser) lesquelles continueront d’ailleurs leurs aventures en solo dans leur spin-off respectif.
Et c’est justement là que le bas blesse. Faute de conclusion définitive, le show s’offre une effusion larmoyante pour dire au revoir aux personnages secondaires, dont tout le monde se fiche un peu. A l’image de son parcours télévisuel chaotique, avec autant d’errances narratives que de fulgurances dans ses meilleurs moments, la série continue de se chercher, quitte à proposer un final paradoxal. Une fin qui n’en n’est pas une. Comme si la série mère mourrait pour permettre à ses rejetons prodigues de s’émanciper et repartir sur des bases saines. Sauf qu’avec la promesse de retrouver Daryl, Negan, Maggie et deux autres bien connus (ok il s’agit de Rick et de Michonne) dans des séries distinctes, aucune tension véritable ne s’opère dans cette dernière saison. Sans conséquences pour ses personnages principaux, on regarde distraitement un nième rebondissement, un nouveau cliffhanger un peu mutant et aux allures carrément méta et qui n’a d’autre utilité que de ne pas véritablement faire mourrir la poule aux oeufs d’or de AMC, à jamais immortelle.
Opérant comme une passation de pouvoir, à l’instar du Commonwealth réinstauré, la fin de The Walking Dead permet surtout à AMC de faire peau neuve, en terminant un peu brutalement une intrigue qui méritait une vraie conclusion, une vraie bonne fin de ses morts, qu’on ne verra jamais. RIP.
La 11e et dernière saison de The Walking Dead est disponible sur AMC et OCS.
Avis
Toujours paradoxale, The Walking Dead sera allée jusqu'à nous offrir une fin qui n'en n'est pas vraiment une. Comme les zombies ne sont pas véritablement morts, pourquoi la série souffrirait-elle de la comparaison ? Est-ce qu'on touche au génie ? On a des doutes. Toujours est-il que TWD, première du nom, c'est terminé, pour le meilleur mais surtout pour le pire.