Le pilote annonçait un ride poussiéreux, la première saison de The Mandalorian s’est finalement révélée un peu fade, sympathique mais impersonnelle, comme son protagoniste.
Un chasseur de primes devient le gardien d’une petite créature et tous deux sont traqués aux quatre coins de la galaxie. Disney et Star Wars mettent le paquet pour donner vie à une première série diffusée sur la plateforme aux grandes oreilles. Or pour rapporter le maximum d’abonnés, The Mandalorian ne prendra aucun risque, histoire de ne froisser personne et de plaire à tout le monde. Mais est-ce véritablement louable ?
Au départ choisissant la voie personnelle d’un western galactique, The Mandalorian évolue pour tomber dans une facilité déconcertante et abandonner toute personnalité. Le showrunner Jon Favreau aseptise cette intrigue laconique en nivelant chaque épisode en un show bouclé qui fleure bon les années 90. Avec une menace et une planète différente à chaque fois, cette buddy série rappelle forcément les perles télévisuelles comme le Caméléon, Le Rebelle ou Xena dont le plaisir instantané prévalait sur celui d’une narration construite sur l’ensemble de la saison. Résultat, on obtient un show paradoxal, vachement sympa, mais ennuyant à mourir.
Because I’m Disney
Non content de nous offrir une intrigue au raz des pâquerettes, The Mandalorian racole le chaland en offrant au fan de Star Wars un florilège de références et de pièges affectifs. Entre une mignonnerie qui ferait fondre même nos cœurs imperturbables, un héros badass, mystérieux donc identifiable, et du fan service à gogo, tout le monde y trouve son compte. Les AT-ST, les Jawas, les cantinas ou même les droïdes de combat, tout est là pour rendre hommage à la franchise originale tout en faisant de l’œil aux novices en teasant un rapport aux prélogies indéniables et forcément alléchantes. D’autant plus que les épisodes tendent vers une construction narrative ambigües, alternant entre un récit extrêmement dense ou le postulat le plus minimaliste au monde.
Un paradoxe renforcé par le personnage principal, lequel oscille entre un look méchamment stylé ou lourdement empoté. Un sentiment d’autant plus incertain quand on apprend que Pedro Pascal ne donne que rarement de sa personne, préférant donner de la voix à un personnage trop engoncé et que, de toute façon, on ne reconnaîtra pas. Une identification qui pourtant donnait à cet Homme Sans Nom made in Sergio Leone une universalité en allouant à chacun de se projeter sous le casque rutilant de The Mandalorian.
Enfin, la caméra, souvent paresseuse, choisit de filmer sobrement gunfights aux blasters ou paysages désertiques sans réellement mettre en valeur ces aventures interchangeables. Le strict minimum, rehaussé d’effets spéciaux particulièrement probants, d’une identité musicale propre et de pyrotechnie maîtrisées mais qui peinent à mette en valeur une narration inexistante. Sans réelle direction que celle de divertir sans faire réfléchir, The Mandalorian et sa trognonnerie verte se baladent nonchalamment sans enjeux ni suspens d’aucune sorte.
Un scénario on ne peut plus prévisible, presque caricatural, mais plaisant, sans prise de tête. On trouve The Mandalorian facile, mais d’autres trouveront ça bien fichu, car au fond, bien, pas bien, chacun choisi sa propre voie. En espérant que la saison 2 soit plus affirmée.