Présenté en Compétition officielle Long métrage au Festival International du Film d’Animation d’Annecy 2024, Sauvages de Claude Barras est un hymne à la nature.
Après le succès de Ma Vie de Courgette, Claude Barras était attendu au tournant avec son nouveau long-métrage, Sauvages. Tout y est – du charme de son animation en stop motion à l’expressivité dans les yeux de ses personnages – tout, sauf la puissance émotionnelle, délaissée au profit d’un récit plus classique porteur d’un message écologique.
Bornéo, un petit village à la frontière de la forêt tropicale. Kéria y vit seule avec son père, jusqu’au jour où elle adopte un bébé orang-outan qu’elle nomme Oshi. Un soir, Selaï, son cousin nomade, vient se réfugier chez elle, son grand-père souhaitant le protéger d’une compagnie forestière prête à tout pour détruire la forêt et accroître la plantation. Débute alors pour Salaï, Kéria et Oshi une aventure aux confins de la jungle.
Un conte écologique
Sauvages est avant tout un conte écologique dénonçant la déforestation et la destruction de terres où vivent des peuples nomades. Le récit fait étrangement écho à celui d’Avatar de James Cameron, avec la découverte de la vie en forêt, l’apprentissage des coutumes d’un peuple, la venue d’une puissance étrangère dont le but est d’exploiter la nature. Il y a aussi la présence de l’arbre des ancêtres, de l’âme de la forêt, d’une végétation phosphorescente qui dévoile ses secrets la nuit ; autant de détails qui éveillent en nous un imaginaire passé.
“La Terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants”, rappelle le réalisateur au début de son film. Une citation appuyée par un slogan sur une banderole “Nous sommes la nature qui se défend”, par les propos tenus par tante Jeanne, par la chanson de Daniel Balavoine “Tous les cris des SOS”. Claude Barras lance avec son film une bouteille à la mer, de manière simple, pour qu’elle soit comprise par tous ; espérons simplement qu’elle soit vue avant de se briser.
Un petit côté de “déjà-vu”
Sauvages laisse une légère impression de « déjà-vu » qui atténue, hélas, l’émotion qu’il suscite en nous. En s’appropriant la lutte écologique, le réalisateur s’aventure dans une histoire aux tournants dramatiques assez ordinaires. On se laisse porter par son film, on s’accroche à ses personnages mais sans jamais s’engager véritablement émotionnellement.
Claude Barras place encore une fois la famille au centre de son récit, une thématique qui offre la possibilité de développer de nombreux enjeux affectifs, mais qu’il ne parvient pas à explorer en profondeur. En se penchant sur le lien entre un père (doublé par Benoît Poelvoorde) et sa fille, il dépeint une relation – construite autour de la mort de la mère et des non-dits – qui suit un trajet tout tracé. Si les personnages se perdent dans la forêt, on peine à en quitter le chemin.
Une animation foisonnante
L’éclat de Sauvages réside dans son animation réalisée entièrement en stop motion, dans ses marionnettes aux yeux immenses et aux bras désarticulés, et surtout, dans ses décors. Claude Barras a poussé loin ses collaborateurs, les amenant à créer un monde foisonnant, une jungle luxuriante aux mille merveilles. On découvre ainsi une forêt aux arbres immenses, à la végétation abondante, peuplée d’animaux allant des plus petits insectes aux plus gros félins, en passant par les orang-outans. Chaque feuille, chaque plante a été fabriquée entièrement à la main, en papier de soie et en suivant un herbier précis, respectant avec réalisme la flore de cette région.
Cette nature prend vie grâce à de magnifiques jeux de lumière. Les scènes nocturnes sont les plus remarquables, jouant sur les contrastes entre le bleu de la nuit et l’orange chaleureux du feu de camp. A cela s’ajoute le travail du son et la création d’une atmosphère sauvage composée du bruissement des feuilles, du cris des animaux, du chant des oiseaux. On est immergé dans la forêt et si on pouvait, on y resterait.
Sauvages est un message d’espoir, un visage tourné vers la lumière et l’avenir qui place la nature au centre de la vie.
Sauvages est à découvrir au Festival international du film d’animation d’Annecy 2024 et le 16 octobre au cinéma.
Avis
Claude Barras propose avec Sauvages un conte écologique. Réalisé entièrement en stop motion, le film tire sa beauté de la majestuosité des décors et de l'atmosphère envoutante de la jungle. Bien que le récit soit assez simple, on s'accroche aux personnages et à leur lutte.