Retrouver Les Nouveaux Mutants au cinéma fait figure de véritable miracle tant le film de Josh Boone a connu une production plus que compliquée. Critique d’un film dont les multiples mutations ne lui réussissent pas vraiment.
Enfermés et retenus contre leur volonté dans une division secrète d’un mystérieux hôpital psychiatrique, quatre jeunes mutants pris en charge par le Dr Cecilia Reyes sont surveillés attentivement et s’efforcent d’apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle recrue qui sèmera le trouble au sein de l’hôpital…
Les Nouveaux Mutants est un projet de cœur pour Josh Boone. Le réalisateur de Nos étoiles contraires avait à cœur de porter ce projet et son amour pour le comics d’origine est merveilleusement arrivé jusqu’aux oreilles du producteur emblématique de la saga X-Men, Simon Kinberg. Officialisé comme réalisateur et co-scénariste avec son ami d’enfance Knate Lee, le projet à cependant connu nombre de reshoots avant le rachat de la 20th Century Fox par Disney, et une date de sortie sans cesse repoussée. Presque trois années après la fin de son tournage, Les Nouveaux Mutants fait donc figure de véritable miraculé.
X-Meh.
Et si l’on nous assure que la version qui nous est proposée en salles demeure fidèle à la vision de son réalisateur, Les Nouveaux Mutants demeure pourtant un film étrangement bancal et pétri de contradictions. Perdu entre le teenager-movie, le film d’horreur et ses envies de licence, le film de Josh Boone n’en demeure pas moins intéressant dans ce qu’il tente de proposer. Car il use d’un vocabulaire assez cru pour ce genre de grosses productions et de belles métaphores pour symboliser la douloureuse transformation des corps que symbolise l’adolescence.
Ainsi, si l’on passe sur ses personnages écrits à la truelle, l’on peut ainsi trouver dans Les Nouveaux Mutants une véritable proposition de ce qu’est l’adolescence, servie dans un presque huis-clos (rappelant parfois Glass) qui se voudrait aussi étouffant que hanté de visions qui détruisent ces corps en perpétuelle mutation. S’il n’y avait que ça, le film de Josh Boone pourrait être un tant soi peu réussi.
Les Nouveaux Mutants demeure pourtant bancal car il persiste un véritable problème d’écriture dans ses personnages, ne pouvant ainsi jamais créer d’alchimie entre eux et les faire exister au travers de leurs pouvoirs et d’effets spéciaux malheureusement oubliables. Le rythme oscille ainsi entre le profond ennui et le déluge façon money-shot, la douleur de ces corps en évolution se trouvant noyée sous une tornade de déjà-vu parfaitement inodore.
Car Josh Boone, jeune cinéaste ayant tourné ses obsessions vers l’adolescence, se trouve ici écrasé sous le poids d’une superproduction qui va dans tous les sens sans jamais trouver le sien. Côté horreur, on repassera pour l’inventivité, le réalisateur se contentant de faire revenir mollement des motifs récurrents des productions horrifiques les plus récentes dans un spectacle aussi limité que rapidement expédié. A l’image de ses affrontements, tous noyés sous une tornade d’effets spéciaux qui paraissent telle une bouillie visuelle effaçant définitivement ses personnages comme les objectifs du film, Les Nouveaux Mutants finit son excursion maladroite dans un final aussi expéditif que frustrant, comme si le réalisateur dépassé avait voulu conclure dans la hâte son cahier des charges pour retomber sur un film qui lui ressemblerait enfin un peu.
Pris entre son portrait de l’adolescence et ses envies de grand-huit horrifique, le film ne réussit finalement aucune de ses mutations. Pour un résultat aussi difforme qu’oubliable.
Les Nouveaux Mutants est sorti le 26 août.
Critique écrite par Kantain.