Thriller horrifique signé Julien Maury et Alexandre Bustillo, Le Mangeur d’Âmes s’inscrit dans la lignée des films où le fantastique s’insinue dans le réel. Dans cette enquête au beau milieu d’un village isolé en pleine forêt montagnarde, les légendes locales deviennent réalité.
Il court, ses jambes accélèrent, ses pieds foulent le sol, toujours plus rapidement. L’air pénètre douloureusement dans ses poumons, respirer devient difficile, mais malgré tout, il hâte le rythme. Il sprinte, il faut tenir, encore un mètre, il halète, encore un mètre, il crie ! Arrêt. La caméra s’éloigne, autour du personnage il n’y a que des champs, une voiture de police s’arrête à quelques pas. L’homme assis à l’intérieur le regarde et lui tend un dossier ; “Frank, il y a du nouveau”. Commence alors pour lui une enquête d’une rare violence, où meurtres sanglants et disparitions d’enfants se rejoignent dans le seul but de manger son âme.
“Le dévoreur, l’avaleur d’innocence […]
car c’est dans la peau de ce que tu es que le monstre réside.”
Une enquête policière
Franck se retrouve dans une bourgade en plein cœur des Vosges, abandonnée par la plupart des habitants, en proie à la solitude et l’isolement. En croisant le chemin d’Elizabeth, commissaire chargée d’élucider un double homicide sanguinaire, il se joint à elle dans l’espoir de percer à jour ce qui se trame à Roquenoir. Les réalisateurs retranscrivent cette ambiance étrange et hostile à travers le regard des autres habitants. Tout semble indiquer que leur présence est embarrassante, mais pour quelle raison ?
Le Mangeur d’Âmes réunit tous les éléments propres aux enquêtes policières : Frank (Paul Hamy), un capitaine errant et évasif quant à son passé trouble ; Elizabeth (Virginie Ledoyen), une commissaire rigide et appliquée, un “village fantôme” à la population malveillante ; des crimes sanguinaires, des disparitions inquiétantes et une horrible légende. Courses-poursuites, retournements de situations, indices récoltés çà et là, on est happé par cette histoire qui slalome entre réalisme et fantastique. Mais le mythe devient ici réalité et la vérité s’annonce plus sombre que désirée.
De l’horreur au glauque, il n’y a qu’un pas
Le Mangeur d’Âmes joue sur le glauque en présentant des séquences où le sang et les viscères éclaboussent tout l’écran. La découverte des premiers corps est d’ailleurs l’une des scènes les plus graphiques du film, avec ce couple gisant dans son propre sang, la peau percée par des dizaines de lacérations. Grâce à une caméra volante – continuellement présente -, on navigue par-dessus la scène, découvrant détail après détail cette peinture digne des grands films sordides. Cette volonté de jouer sur le morbide se retrouve tout au long du film, notamment lors d’une séquence de démence où les personnages sont dépassés par leur propre folie. Il faut croire que Julien Maury et Alexandre Bustillo se sont amusés, et on aime ça.
Dommage en revanche qu’ils n’aient pas réussi à faire aussi bien du côté de l’horreur. Bien que l’on ressente l’envie de faire monter l’angoisse et le suspens, de nous faire sursauter à l’ouverture de chaque porte, quelque chose ne prend pas et le curseur de la tension n’est jamais poussé à son maximum. Malgré tout, on reste accroché à cette enquête, cherchant tant bien que mal à découvrir ce qui se trame derrière tous ces crimes. Et jusqu’à la fin, on est tenus en haleine.
Une histoire où tout est liée, une enquête sombre qui réveille les démons des personnages, Le Mangeur d’Âmes porte bien son nom. Un film qui aurait pu nous happer entièrement si les réalisateurs avaient su se livrer corps et âmes à leur histoire.
Le Mangeur d’Âmes est à découvrir au cinéma à partir du 24 avril.
Avis
Le Mangeur d'Âmes de Julien Maury et Alexandre Bustillo est un film glauque et horrifique sur fond d'enquête policière. Si la tension ne monte jamais à son maximum, ce long-métrage parvient tout de même à nous tenir en haleine. Il aurait peut-être fallu que les deux réalisateurs se donnent autant que pour la création des scènes meurtrières pour que le film nous happe entièrement. Une vision d'horreur pour ceux qui osent fouiller l'étrange présent d'une bourgade vosgienne.