Barbaque voit Fabrice Éboué allier comédie romantique et vegans après trois longs-métrages mordants sur des sujets brûlants. Et si l’on attendait de pied ferme l’humoriste sur ce terrain, force est de constater que le résultat n’est pas aussi piquant qu’attendu.
Barbaque débarque quatre années déjà après l’hilarant Coexister, qui nous avait laissé un sacré manque de la liberté de ton et du talent de Fabrice Éboué. Parce qu’après les non moins hilarants Case Départ et Le Crocodile du Botswanga et sa géniale apparition dans Tout simplement noir, il était plus qu’alléchant (sans jeux de mots) de voir l’humoriste s’emparer du thème des vegans sous couvert d’une comédie romantique ultra-violente dans un cinéma français peu prompt à ce genre d’audaces. Barbaque convoque de plus Marina Foïs, excellente comédienne aux choix toujours surprenants, dans ce qui pouvait se proposer comme un sacré coup de poing en cette fin d’année propice aux films familiaux. Malheureusement, le résultat s’avère moins mordant que prévu.
Saignant (mais à petites gouttes)
Barbaque suit ainsi un couple en crise, les époux Pascal, bouchers de profession. Alors que leur affaire s’essouffle comme leur couple, tous deux décident, après l’attaque de leur boucherie par des vegans, d’abattre des membres de cette communauté dont les vertus de leur viande s’avèreront être l’ingrédient manquant au succès de leur commerce et de leur couple. L’intelligence du scénario de Fabrice Éboué est ainsi, en plus de parler des vegans et des questionnements autour de l’abattage des animaux, de mettre en lumière cette fascination morbide et très actuelle pour les faits-divers en convoquant leur messie, Christophe Hondelatte, dans d’hilarants pastiches de Faites entrer l’accusé.
Cependant, et malgré toutes ces belles idées, Barbaque ne tient pas sur la durée, et ne tardera hélas pas à s’engouffrer dans un scénario en pilote automatique délaissant humour et acidité pour une décevante conclusion trahissant ainsi l’audace de la proposition initiale. On regrettera ainsi que le soin d’écriture apporté au couple de bouchers en crise, interprétés avec gourmandise par Fabrice Éboué et Marina Foïs ne se trouve pas aussi affûté sur ce qui paraît alors comme des carricatures de bouchers industriels campés par les non moins excellents Virginie Hocq et Jean-François Cayrey, jusqu’au groupement de vegans, tour à tour engagés puis soudainement psychopathes. Loupant ainsi le coche de nouer un véritable dialogue entre différents points de vues, la force Barbaque s’en trouve ainsi irrémédiablement amoindrie.
Cœur avec les mains (coupées)
Barbaque peut cependant compter sur son duo d’acteurs et leur propension carnassière à soudain tout envoyer valser. Parce qu’à défaut de proposer une comédie sociétale mordante, le long-métrage de Fabrice Éboué réussit à mettre en scène son segment romantique d’un couple qui se redécouvre sous les cadavres et les litres de sang. Marina Foïs délivre ainsi, une fois de plus, une prestation habitée d’une femme au bout du rouleau redécouvrant le bonheur marital dans sa passion maniaque des émissions de Christophe Hondelatte, assombrissant peu à peu un Fabrice Éboué endormi qui se muera en chasseur aux répliques tordantes et redécouvrira au passage un sens à sa vie.
Barbaque doit ainsi beaucoup à son formidable duo d’acteurs, illustrant avec malice un couple de serial-killers assombris par l’argent et la viande humaine. Ainsi, si le quatrième long-métrage de Fabrice Éboué ne tient hélas pas toutes ses belles promesses, force est de constater que l’on attendait pas l’humoriste réussir sur le terrain de la comédie romantique ultra-violente. Surprenant, une fois de plus, pour une comédie qui détonne à coup sûr dans le paysage de notre chère comédie hexagonale. Même avec ses nombreux défauts et d’une proposition beaucoup moins bien acide qu’il n’y paraissait.