Rosalie, deuxième film de Stéphanie Di Giusto est un long-métrage en costume qui s’inspire de l’histoire de Clémentine Delait (1865-1939), la tristement célèbre femme a barbe. Portée par Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel, Rosalie se déroule dans la France rurale de 1870.
En 1870, Rosalie Deluc est mariée (un peu contre son gré) à Abel Deluc, un vétéran de guerre criblé de dettes. Rosalie, personnage inspiré par Clémentine Delait et joué par Nadia Tereszkiewicz, peine à cacher son secret : depuis toute petite, son corps entier est recouvert de poils…
Un film qui veut trop bien faire
Rosalie est le deuxième film de Stéphanie Di Guisto. Malheureusement, on en devine un peu trop vite la trame narrative de l’histoire. Tout bascule donc dans la demi-mesure, c’est trop facile, trop prévisible. Le propos est couru d’avance. Un film sur une femme à barbe, bon, on se doute assez rapidement qu’il s’agit de prôner l’acceptation de soi. Il n’est nullement question ici de remettre en cause le message, qui est au contraire très bien amené et toujours aussi pertinent.
Il y a quelque chose d’étrange à être témoin d’un propos si actuel projeté dans un cadre si ancien. En effet, le tout réside dans un espèce de cadre de bienpensance rageant et manquant sérieusement d’un fond dramatique qui aurait fait décoller le scénario. Était-ce vraiment nécessaire de réaliser un film sur une femme à barbe et de placer le contexte de l’histoire dans les années 1870 ? Si le fond est louable, la forme est, elle, franchement discutable. De plus, certains éléments de l’histoire semblent bâclés, de nombreux évènements arrivent de manière totalement aléatoire. Autrement dit, c’est parfois difficile de se raccrocher aux wagons.
Des allers-retours constants
Le film met un temps fou à se lancer et donne dès le début l’impression de patauger dans son propre message. Les premières scènes sont longues, sans musique ou presque et en silence, ce qui plombe encore plus une atmosphère déjà bien pesante. On a l’impression de regarder un mauvais Marcel Pagnol. On s’attendrait presque à voir Yves Montand descendre les escaliers derrière Magimel. Mais non.
Au sud, cigales et soleil de Jean de Florette, c’est plutôt un ton blanc, passé et franchement insipide qui se démarque dans Rosalie. C’est mou et fade. On ne peut s’empêcher de remarquer certains détails, plutôt comiques, qui ont tendance à nous détacher du film. C’est fou le nombre d’allers-retours qu’ils font entre l’intérieur de leur maison et l’extérieur. Les fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis occupent une place telle dans le film que c’est à se demander si ce n’est pas tout ce qu’ils font ; se courir après.
On comprend pas c’que tu dis Benoît
Il semblerait que depuis peu, les langues se sont déliées au sujet de la diction des comédiens, n’en déplaise à certains. Si le personnage d’Abel Deluc, campé par Benoît Magimel, est un gros rustre, il n’empêche qu’il n’articule pas, et c’est agaçant. Alors oui, cette diction s’aligne avec le caractère du personnage, mais ses marmonnements deviennent rasants. A ses côtés, Benjamin Biolay tient un si petit rôle qu’on a tendance à sincèrement se demander à quoi il sert. Il apparaît deux trois fois, tire une tronche de trois kilomètres et passe son temps à répéter la même chose. Il est un énième élément qui atterrit comme un cheveu sur la soupe dans le film.
Enfin, le rayon de soleil de Rosalie, c’est Nadia Tereszkiewicz, et donc Rosalie elle-même. Elle est superbe. Son comportement illustre parfaitement cette envie de plaire. Elle incarne une Rosalie extrêmement touchante, personnage fragile livré à un monde de brutes et d’ignorants. Aussi, Nadia Tereszkiewicz transmet très bien ce message d’acceptation de soi, et elle véhicule un espoir qui est communicatif.
Rosalie est un film décevant. En tant que Rosalie, il faut s’avouer qu’il y a un plaisir non négligeable à entendre son prénom au cinéma. Mais, ça ne fait pas tout. Le film de Stéphanie Di Guisto manque de profondeur et gagnerait à se positionner plus sur le versant dramatique, que la cinéaste ne fait qu’effleurer.
Rosalie est à voir en salle depuis le 10 avril
Avis
Rosalie est un film couru d’avance. L’affiche du film elle-même témoigne de cette faiblesse. C’est un choix certes, mais on a plus l’impression que c’est juste mal cadré et c’est rageant. Voilà ce qui se reflète dans le film ; Rosalie rate le coche de ce qu’elle voulait raconter.