Distribué par The Jokers, Nous les chiens est un film d’animation coréen au graphisme attractif mais à la narration beaucoup trop naïve pour nous émouvoir.
Moong-chi est abandonné non loin d’une ville en ruine, où il trouvera des compagnons d’infortunes et tous partiront en quête de liberté. Ecrit et réalisé par Oh Sun-Yoon et Lee Choon-Baek, Nous les chiens est un dessin animé coréen clairement destiné aux plus petits mais qui ravira les plus grands par une animation inédite et enchanteresse.
Présenté au festival de Annecy, Nous les chiens reçoit également le prix du meilleur film d’animation lors de sa projection au Silk Road International Film Festival en Chine et ce malgré les tensions notoires entre l’Empire du Milieu et la Corée du Sud. Un geste fort, notamment quand le film présente un beau discours social ainsi que des paraboles antimilitaristes, même si le fond reste un peu gentil à notre goût.
Une vie de chiens
Forcément, on est touché par ce conte doucereux qui dénonce l’abandon massif des chiens dans les zones rurales de la Corée du Sud. Ces laissés pour comptes, ces « Underdogs » comme titre Nous les chiens dans sa langue originale, permet justement d’appréhender une quête de liberté, d’émancipation et d’amour. Des considérations un peu manichéennes qui ne laissent pas la place à une nuance narrative où les stéréotypes asiatiques s’accumulent lorsque les gentils chiens, aux caractères pourtant bien différents en fonction des races, se retrouvent pourchassés par un méchant chasseur.
De même, un curieux mélange d’humour impromptu et d’une naïveté désarmante parachève de rendre le ton du film un peu bancal. Prévisible, cliché et peu original dans sa construction scénaristique, l’animé tente cependant de flirter avec des critiques sociales discrètes comme les préjugés où les mœurs asiatiques mais sa plus grande innovation reste d’afficher les zones démilitarisées comme un nouvel éden immaculé. Une belle victoire sociétale accentuée par le rendu visuel, la véritable force du film.
Conçu à l’européenne, Nous les chiens est d’abord doublé par les comédiens, plus dessiné, ce qui donne une plus grande latitude aux acteurs et aux animateurs qui peuvent véritablement calquer les émotions et détails des protagonistes sur les voix. A ce titre, deux styles d’animation viennent cohabiter pour donner un rendu inattendu et drôlement singulier. Les personnages sont ainsi réalisés en 3D et cell-shading quand les paysages et décors entièrement peints à la main. Une mise en scène que l’on doit au studio Odoltogi qui illustre ici un style coréen, sans ombre, à l’ambiance feutrée et délicate.
Nous les chiens jouit d’un traitement enchanteur et unique, mais souffre d’une narration caricaturale, qui enclave le film dans une ambiance trop gentille, trop naïve.