Mis Hermanos (Mis hermanos sueñan despiertos dans son titre original) est un long-métrage inspiré de faits réels survenus au Chili. Un huis-clos âpre sur les conditions de détention juvénile réalisé par Claudia Huaiquimilla. Un film violent dont on ne ressort pas intact.
Tout commence par cette vue aérienne d’une vaste forêt chilienne. Le gazouillis des oiseaux enveloppe la nature d’un doux voile sonore, que vient parfaire le son mélodieux des instruments à cordes. Mais rapidement, cette liberté que procure cet espace infini se brise. Elle ne sera qu’une délicate illusion pour ces jeunes enfermés entre quatre murs gris. Alors qu’ils ne désirent qu’une seule chose – quitter ce lieu pour se perdre dans un rêve éveillé – la réalité âpre de leur environnement social les rattrape.
A quand la liberté ?
Ángel et Franco sont frères et veulent sortir de ce centre de détention pour mineurs où ils sont reclus depuis plus d’un an. Comme tout adolescent, ils s’imaginent leur vie future, un mélange de football et d’amour. Une liberté encore inaccessible, attendant un jugement qui n’arrive toujours pas. Alors pour tenir le coup, ils nouent des liens avec les autres jeunes du Bâtiment 5 (rien à voir avec le film de Ladj Ly).
La solidarité qui se dégage des relations entre les détenus est forte, plus qu’elle ne le sera sûrement jamais de l’autre côté du mur. Ensemble, ils résistent par la seule force de leur imaginaire, bravant les violences qui sévissent au quotidien. Avec l’aide d’une de leur professeur – interprétée par l’actrice Paulina Garcia (Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale de 2016 pour son rôle dans Gloria de Sebastian Lelio) – ils maintiennent le peu d’espoir qui leur reste.
On ira jusqu’au bout
“Au moins, il t’a toi”… Pour Jaime, l’amour qu’entretiennent Ángel et Franco restera à jamais inaccessible. Ces deux frères sont soudés par leur histoire, eux qui “n’ont toujours été que tous les deux”. Le film se construit autour de ce lien, de cet attachement entre deux êtres qui feraient tout pour sauver l’autre. Entre disputes et réconciliations, ils avancent côte à côte et on s’accroche à eux. Ils nous touchent dans leurs réactions et on soutient leur lutte, même si on se doute de la manière dont elle finira.
Alors que le film débute sur des séquences légères, où la joie de vivre imprègne le quotidien des personnages, la brutalité de cet environnement se dévoile peu à peu. Comme une descente aux enfers, on sent que l’échappatoire est toujours plus dur à atteindre. Même si l’entraide existe, même si l’amour naît, on ne peut éviter l’issue fatale.
Un film engagé
Sous ses airs de drame, Mis Hermanos tend à faire entendre une voix contre les injustices sociales au Chili. Ce long-métrage, inspiré de faits réels, traduit en images la dure réalité d’un milieu carcéral juvénile où un grand nombre de jeunes détenus meurent chaque année – souvent par suicide. Ces prisons pour mineurs sont de véritables lieux de mort, alors que tout laisse à penser que ces adolescents n’ont commis que des délits mineurs. L’espoir d’une vie meilleure, où ils pourraient repartir de zéro leur est ôté : ne reste alors que la violence et la révolte. Et on donne tout, quoi qu’il advienne.
Mis Hermanos de Claudia Huaiquimilla frappe par son réalisme et sa cruauté : on ne peut s’arracher au fonctionnement de la société.
Mis Hermanos sera disponible sur les écrans de cinéma à partir du 13 mars.
Avis
Mis hermanos de Claudia Huaiquimilla n'est pas vraiment une bouffée d'air frais. Un film qui nous enferme avec de jeunes mineurs dans une prison où la violence sévit de toutes part. Heureusement qu'il y a cet amour entre ces deux frères qui nous fait espérer... un peu.