Dans ce seul en scène drôle, fin et poétique, Marc Tourneboeuf nous emmène avec un formidable talent à la rencontre de ses échecs.
Il était temps que nous allions à la rencontre de cet artiste dont nous entendions parler depuis un moment. Marc Tourneboeuf a en effet reçu le Cyrano du meilleur auteur 2022 et le prix Avignon OFF 2022 du meilleur Espoir. Ce nouveau spectacle du comédien virtuose est une excellente manière de démarrer l’année qui vient de poser ses valises. Pourquoi ? Parce qu’il fait un bien fou ! On vous en dit plus.
Un joyeux tourbillon !
Marc Tourneboeuf donc. On vous le met en gras pour que vous reteniez bien son nom et que vous évitiez de l’appeler M. Tournefeuille, il vous en sera reconnaissant ! Oui, on a envie d’être un peu léger dans ce premier article de l’année, parce que ce spectacle nous donne envie de l’être. Ce spectacle, et ce comédien fort sympathique et talentueux aux côtés duquel on ne voit pas le temps passer.
Armé d’une bonne dose d’auto-dérision, de positivité et d’humour, il nous embarque dans son quotidien d’auteur, de comédien, de metteur en scène… et d’impatient ! Oui, parce qu’il aimerait bien que son travail paye et que le succès arrive. Mais son quotidien est plein de rebondissements, et les choses se passent rarement comme il les avait imaginées, qu’il s’agisse de castings, de tournages, ou même d’amour. Et mieux vaut parfois avoir les nerfs solides !
En effet, le succès n’est pas le plus à l’heure aux rendez-vous, et de toute évidence : « l’agent ne fait pas le bonheur » ! Il nous parle ainsi de la distraction constante des réseaux sociaux, de son échec au casting d’une pub pour Mc Do, de son expérience amoureuse surfant de manière inattendue sur la vague du « couple libre », ou encore des quelques difficultés rencontrée par Napoléon pour résilier sa box ! La vie est décidément pleine de surprises !
L’impatient ou « le fol optimisme de ceux qui se mangent des murs »
Le comédien nous confie aussi ses peurs, ses espoirs, ses lassitudes, ses constats parfois un peu acerbes sur un milieu où il est préférable d’apprendre à aborder l’échec avec philosophie si l’on ne veut pas périr étouffé sous le poids de l’amertume. Heureusement, c’est ce qu’il a appris à faire grâce au Luchinictologue, un spécialiste dont on transmettrait bien les coordonnées à deux-trois de nos contacts pour une année 2024 plus légère !
« Les gens qui te brisent dans ce métier s’assurent toujours que tu le prennes bien. »
Ce qui est particulièrement plaisant, c’est que Marc Tourneboeuf regarde ses échecs et ses désillusions en face, mais avec une maturité et surtout un optimisme à toute épreuve qui le fait se relever toujours plus déterminé, et qu’il nous partage généreusement. Le seul choix possible en réalité si l’on n’a pas envie de s’enliser dans les marécages sans fond du désespoir…
Marc Tourneboeuf a de la plume dans les idées
Il pourrait n’être que drôle et ça fonctionnerait bien. Mais il fait mieux, il nous séduit par l’intelligence de sa plume et un texte qui, par moments, est bluffant de finesse. Il nous a d’ailleurs un peu fait penser à Félix Radu dans cette manière poétique qu’il a de remettre une dimension plus classique de la langue au goût du jour. Le comédien-auteur a en effet le sens de la formule, du jeu de mots bien senti, de la subtilité. Aussi, dès qu’il se met à parler en alexandrins : accrochez-vous ! Car ça va parfois si vite que même une écoute attentive ne permet pas de tout saisir !
Cet audacieux mélange des genres fonctionne parfaitement et apporte une profondeur supplémentaire au spectacle qui lui permet de déborder de la catégorie humour, donnant ainsi de l’envergure à cet artiste inspiré. Si bien que l’on rit beaucoup, et que l’on aime tout autant les moments (rares) où on ne rit pas !
Marc Tourneboeuf s’empare de la scène avec beaucoup de simplicité, de fraîcheur, une belle présence et une forme de spontanéité qui nous attrapent immédiatement. Avec une excellente maîtrise du rythme aussi, une diction parfaite, et une habileté à jouer avec son public. Bref, tout ce qu’il faut pour nous donner le sourire d’un bout à l’autre du spectacle. Si on pouvait le scanner sur Yuka, il aurait une très bonne note c’est certain ! En attendant, on la lui met ici.
L’impatient, de et avec Marc Tourneboeuf, mise en scène Grétel Delattre, se joue les mardis à 21h au Théâtre du Marais.
Avis
Entre prose et alexandrins, Marc Tourneboeuf nous livre un spectacle drôle, fin et sensible. Le comédien maîtrise son art et se révèle d'une grande justesse. On le découvre, et on a déjà hâte de le retrouver ailleurs.