L’Homme de la cave s’empare du sujet brûlant du négationnisme pour en livrer un navet daté et poussif, aussi invraisemblable que mal écrit et interprété.
L’Homme de la cave est le douzième long-métrage de Philippe Le Guay, à qui l’on doit d’honnêtes succès populaires comme Les Femme du 6ème étage, qui abordait déjà le thème de la colocation, la belle confrontation entre Fabrice Luchini et Lambert Wilson dans Alceste à bicyclette et les sympathiques Normandie Nue et Floride, qui voyait la dernière apparition au cinéma du regretté Jean Rochefort. Avec L’Homme de la cave, le réalisateur sort de sa zone de confort pour livrer un thriller psychologique sur le négationnisme, et ainsi signer son premier véritable navet.
Entre mauvaise parodie et réel supplice
Dans L’Homme de la cave, tout semble dès les premières minutes nous annoncer le supplice que sera le visionnage du long-métrage de Philippe Le Guay. La présentation des principaux protagonistes et de leur idyllique vie de famille semble ainsi directement s’inspirer d’une pub IKEA, entre le mari architecte, sa femme scientifique et leur adolescente en pleine crise, respectivement (sur)interprétés par Jérémie Rénier, Bérénice Béjo et Victoria Eber. Jamais l’on ne sera sensibles au trouble que devrait susciter l’arrivée de François Cluzet, incarnant quand à lui un ancien professeur d’histoire-géographie rachetant la cave du couple pour y vivre et y propager ses thèses négationnistes.
Parce que L’Homme de la cave a une odeur de mauvais téléfilm, convoquant directement l’artificialité et le jeu poussif d’acteurs livrés à eux-mêmes face à un scénario rocambolesque. D’insupportables carricatures s’affrontent ainsi faussement durant près de deux heures, dans un ersatz de thriller psychologique dont la partition sordide de Bruno Coulais semble définitivement appuyer le ton de mauvaise parodie du métrage. On reste ainsi béats devant la bêtise crasse de tous ses personnages, quand même face à ces « gentils bourgeois » seule la partition de François Cluzet semble interprétée avec le plus de talent.
Un film con-plotiste
L’Homme de la cave s’empare ainsi du sujet du complotisme pour ne donner raison à personne. Ces pâles incarnations de bourgeois bousculés dans leurs contradictions face à un négationniste antisémite n’offrent au final qu’une comédie de colocation datée, écrite à la truelle. Il fallait ainsi un minimum d’intelligence et de justesse pour traiter ce sujet d’une brûlante actualité : malheureusement le scénario de Philippe Le Guay, Gilles Taurand et Marc Weitzmann se perd dans plusieurs directions, toutes alambiquées, pour tenter de creuser des personnages qui ne sortiront hélas jamais de leurs stéréotypes. Au lieu de mettre en exergue la lutte entre raison et folie, le film se mue en une lutte des classes rance que ne renierait pas une comédie avec Christian Clavier.
Seul François Cluzet, sûrement le seul inconscient de s’être embarqué dans une galère, instille parfaitement le trouble propre à un tel personnage, et ce même dans un final ahurissant de bêtise. L’Homme de la cave n’est ainsi qu’une démonstration ratée d’un réalisateur qui s’aventure sur les terres d’un genre qu’il ne maîtrise pas, d’un sujet qui le dépasse complètement et qui préfère donc s’accrocher à un déluge de clichés pour tenter de garder la face. Le danger de ses théories, du poison qu’elles répandent au sein de notre société contemporaine, rien ne restera sinon une balourde histoire de colocation compliquée où la bêtise aura hélas carte blanche.