Si John Ridley (12 years a slave) nous sert un meurtre en guise d’intrigue centrale, son American Crime n’est pas pour autant une série policière traditionnelle. Ici, on suit l’enquête à travers le regard flou des familles des victimes, et celles des suspects, bringuebalées entre récupération politique, pression communautaire, instrumentalisation, manipulations policières et croyances religieuses.
Malgré une mise en scène maîtrisée et une ambition louable, ce parti pris original se mue malheureusement vite en faiblesse tant la subjectivité naturelle qui en découle prend le dessus sur l’intrigue. Les personnages passent leur temps à rejeter la faute sur les autres, faisant ainsi du vivre ensemble et du melting pot un rêve social définitivement utopique. Et il ne reste pour le spectateur qu’un tableau dégueulasse dans lequel on trouverait tout ce qu’il y a de plus laid dans la société américaine, comme des êtres se déchirant autour de deux victimes initiales qu’on hésiterait presque à plaindre.
Si American Crime souffre de ce climat d’oppression permanent, on notera également une fin de saison particulièrement discutable autour d’un twist radical douteux, entre apaisement mérité et drame explicatif bâclé. Une deuxième saison est déjà prévue, on espère y retrouver plus de nuances.
Critique écrite par Simon D. Réhon