Après La Nuée, Just Philippot revient avec Acide, un nouveau film de genre franco-belge. Porté par Guillaume Canet, Laetitia Dosch et Patience Munchenbach, ce thriller apocalyptique déçoit de par son excitant potentiel inexploité.
Si La Nuée avait été accueilli comme une sorte de renouveau salvateur du cinéma de genre francophone, il était pourtant compliqué de cautionner un film bazardant ses intentions dans un résultat bâclé tout en posture. Acide est donc une seconde chance pour Just Philippot de montrer qu’il en a dans le slip pour faire du vrai film de genre à budget modeste.
Cela tombe bien, ce dernier décide d’adapter son très bon court-métrage (également nommé Acide) en un long de 1h30. Après une séquence prologue de révolte dans le monde du travail, Acide nous présente Michal (Guillaume Canet), père divorcé vivant à Arras et désormais sans emploi, qui décide de partir rejoindre une camarade à Bruxelles.
Au même moment, le JT nous apprend que les déchets toxiques rejetés par l’Homme et accumulés dans la couche d’ozone ont provoqué une acidification de l’eau vaporisée : des pluies acides extrêmement corrosives touchent déjà l’équateur Sud, et arrivent en France. S’enclenche donc une course contre la pluie pour faire survivre Michal, son ex-femme et sa fille.
Giboulées avec éclaircies
Acide pose efficacement son excitant high concept, puisant ses influences dans le genre post-apo et notamment La Guerre des Mondes de Steven Spielberg. Le père prolo, les conflits intra-familiaux, l’exode face à une menace que l’on ne peut contrer, la rencontre avec d’autres rescapés… Philippot déroule donc ses références de manière plutôt efficace pendant la première moitié du métrage, aidé d’une mise en scène au plus près des personnages.
La tension croissante est même surprenamment bien gérée, en particulier lors de l’arrivée de la menace, ou bien une séquence de traversée de pont à l’issue funeste. Maquillages réussis, fumée liée à la corrosion bien implémentée en terme de FX, quelques plans larges avec une certaine ampleur… puis patatra !
Après 45 minutes de film, Acide commence à enchaîner les incohérences (les règles établies concernant la protection face à la pluie ou même la manière qu’elle aurait de se propager ne sont plus claires) et surtout un vrai bâclage en terme de narration globale et d’évolution de ses personnages (si bien qu’on se demande encore à quoi servait ce fameux prologue). La rencontre avec une autre mère de famille ne sera qu’une courte récréation sans vraie répercussion, jusqu’à un final bazardé à la résolution téléphonée.
Film de genre qui prend la bruine
De plus, Just Philippot recycle ses effets sans jamais faire intervenir de nouvelles situations ludiques en terme de mise en scène. Heureusement, la facture globale reste satisfaisante, saupoudrée d’un très bon score signé Robin Coudert, participant là encore à la tension globale.
Quand au casting, si on omet une Laetitia Dosch au traitement survolé, Guillaume Canet surprend de par son implication, avec une Patience Munchenbach certes irritante en tant qu’ado rebelle, mais offrant une bonne dynamique avec le personnage de Michal.
Au final, Acide saborde ses idées à mi-parcours et laisse un arrière-goût de sabordage créatif. Nul doute qu’un film de 2h aurait été plus adéquat afin de proposer un vrai film catastrophe français. Restes 45 minutes bien prenantes, et la promesse que pour Philippot, la 3e sera peut-être la bonne !
Acide sortira au cinéma le 20 septembre 2023
avis
Il y a du mieux après La Nuée : Acide se veut tendu et plutôt prenant jusqu'à bâcler son concept, l'évolution de son personnage et la conclusion de son histoire. Dommage, cela reste neutre !