Certains cinéastes appliquent toujours la même recette. C’est le cas de Ken Loach, mais aussi des frères Dardenne. Mais dans le contexte de ce Festival 2019, cela réussit mieux à ces derniers.
Pour ce retour en compétition, les cinéastes aux deux palmes d’or réalisent un film hautement d’actualité à propos d’un jeune adolescent radicalisé.
La déradicalisation en question.
C’est la question fondamentale que se pose les Dardenne. Ahmed a beau être accompagné par des adultes qui font de leur mieux, il semble impossible pour lui de revenir sur le droit chemin. Pourtant ce n’est pas faute d’essayer : la famille tente, l’État tente, l’amour tente… Par cette mécanique de narration, les cinéastes installent un suspense comme ils le savent si bien le faire. Peut-t-il redevenir comme avant ou non ?
Redoutable mise en scène.
Quand on découvre un de leurs longs-métrages, on se dit que n’importe qui d’autre se casserait les dents sur le sujet et sur le traitement visuel. En effet, leur réalisation stupéfie par son apparente simplicité : on reste sur le point de vue d’Ahmed et on le suit dans ses déplacements. Pourtant, cette fluidité dans le rendu s’avère hors de portée pour la plupart des cinéastes. On ne vante jamais assez la qualité de ces mouvements de caméra invisibles qui n’essayent pas de montrer le talent (et l’égo) du réalisateur. Dans le jeune Ahmed, on pense par exemple à un plan séquence lors d’une réunion parent-prof qui est redoutable par son exécution et passe néanmoins complètement inaperçu.
En soi, on pourrait s’essayer à une comparaison improbable entre les Dardenne et Spielberg. Aussi lointain sont-ils dans leur cinéma, ils partagent cet amour pour le montage invisible, celui qui plonge le spectateur dans le récit. Il n’y a pas à dire : c’est toujours en découvrant une nouvelle œuvre des Dardenne qu’on comprend pourquoi ils ont eu deux palmes.