Vous avez une actualité plutôt chargée entre le théâtre (Antigone) et le cinéma (Lessons in love). Le festival de Cabourg, c’est un peu une parenthèse pour vous ?
C’est la première fois pour moi, je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir une telle expérience de présidente de jury. J’étais déjà venue ici, à Cabourg, lorsque j’ai reçu le Swann d’or de la meilleure actrice. C’était juste après l’Oscar donc il me semble que c’était pour Le Patient anglais. J’ai un souvenir de festivités devant la mer, d’un petit festival chaleureux avec un côté bonne franquette française qui est agréable.
L’ambiance est différente quand on est présidente de jury ?
Comme je vous le disais, je n’ai jamais été dans un jury. Voir trois films, ou plus, dans la journée implique un jugement qui doit être impartial. On peut être touché par un film mais ce n’est pas ça qui doit seulement permettre de juger le film. Il y a une responsabilité et le regard est un tout petit peu différent. On ne peut pas se laisser embarquer par ses émotions et juger seulement grâce à cela. Le jury de cette année était intéressant. Il était composé comme si on faisait un film. Il y avait un producteur, un réalisateur, un scénariste, quatre acteurs et un musicien compositeur.
Je crois savoir que vous aviez fait le tour des filmographies et des CV des membres du jury avant de les rencontrer ?
C’est la moindre des choses de connaître les gens avec qui on va passer un certain moment. Je connaissais Gilles Torrent, Mélanie Thierry… Mais j’ai découvert un lien de parenté avec Raphaël Personnaz ! Nos arrière-grands-pères étaient frères. Je le savais, mais pas précisément. J’ai déjeuné avec ma tante qui m’a tout expliqué et j’ai enregistré un petit message d’elle. Je l’ai fait écouter à Raphaël qui était assez ému d’ailleurs. Il ne s’y attendait pas !
Michel Legrand est honoré par le festival. Quel regard portez-vous sur ce compositeur ?
Il a marqué le cinéma ! Enfant, Peau d’âne ou Les Demoiselle de Rochefort, ce sont des films qui ont compté. Je l’avais croisé parce que Jacques Demy m’avait proposé de jouer dans Trois places pour le vingt-six. Je n’avais pas été emportée par le scénario, mais je me souviens avoir passé une après-midi à chanter avec Michel Legrand. Cela avait été un moment agréable mais je n’avais pas l’enthousiasme du scénario.
Dans votre filmographie, mis à part Le Patient anglais, quel film trouverait sa place dans le cadre du festival du film romantique de Cabourg, selon vous ?
Je vous laisse le choix. Pour moi tout est romantique à partir du moment où il y a du coeur. La mélancolie est romantique. Le désir est romantique. On vient d’une origine qu’on ne connaît pas. C’est la reconnaissance de cette origine qui nous soulève, qui nous fait sentir les mouvements du coeur. C’est ça le romantisme. A partir du moment où on est soulevé, il y a cette mouvance des vagues. C’est la raison pour laquelle on est devant la mer (rires) ! La mélancolie rend heureux. On sait qu’on vient de plus loin que ce qu’on voit. C’est inatteignable mais on peut le ressentir. Le ressenti nous permet de toucher cet inconnu.
Interview réalisée par Thomas Richardson et Marie Salammbô.