Il n’est pas nécessaire d’être au sujet des retrouvailles réelles entre Rolf de Heer, réalisateur, et David Gulpilil, acteur et co-scénariste, pour apprécier à sa juste valeur ce manifeste humaniste. Car il y a dans ce beau quinzième long-métrage suffisamment de silences inquiets à même de nourrir son audience occidentale d’une nécessaire remise en cause.
Dès un premier plan énigmatique, le réalisateur ne lâche plus Charlie, aborigène contraint au sein de son propre pays par un essaim de restrictions et de misère humaine. Il est le moteur d’un récit reposant sur une lente évolution d’un homme empli d’une colère rentrée qui émeut peu à peu. Son interprète livre en cela une prestation magistrale dont les contours autobiographiques renforcent le sentiment d’indignation.
En symbiose avec son décor australien parfois émerveillant, Rolf de Heer compose des cadres soignés et pertinents. La discrète partition pianotée insinue au creux d’un rythme exigeant une fragilité qui touche, alors même que l’apparente aridité du traitement pourra laisser certains sur la touche. Pourtant, quand le plus percutant des regards caméra met à nu une injuste détresse, on ne peut que saluer le geste.
Charlie’s Country est disponible en DVD dès le 2 Juin 2015.