Le top films 2018 de Emyr Phoenix
L’île aux chiens
Foisonnant, vif, renversant, puissamment politique… Les qualificatifs pleuvent sur le nouveau Wes Anderson, oeuvre majeure du cinéaste iconoclaste. Son génie artistique atteint un nouveau pic au travers d’une animation et d’une mise en scène stupéfiante, tandis que sa parabole politique, timidement perçue dans Grand Budapest Hotel, prend ici une autre dimension. J’appelle ça un grand film.
Battleship Island
Oui, ce long-métrage signé Ryoo Seung-Wan est une caricature de l’Histoire réelle. Mais la rage avec laquelle elle est dépeinte lui donne des airs d’opéra grandiose comme rarement le cinéma en propose aujourd’hui. La reconstitution est fabuleuse, la mise en scène ample et humaine à la fois, les tronches d’acteurs parfaitement crédibles… Bref, Battleship Island est ce qui s’est fait de plus impressionnant dans le genre cette année… Hollywood y compris !
Roulez Jeunesse
Ce qui s’apparentait à un nouveau véhicule humoristique pour Eric Judor s’est terminé en récit tendre et rude à la fois… La surprise générée par le premier long-métrage de Julien Guetta, simple, sincère, humain, me pousse à le glisser dans ce Top 3 aux concurrents pourtant sérieux. Sous nos yeux mouillés, le trublion Judor s’est transformé en quadragénaire fragilisé, touchant car pétri de défauts. Comme ce premier film qu’il faut absolument découvrir.
Ceux qui auraient pu y figurer : 3 Billboards – les panneaux de la vengeance, Phantom Thread, Call Me By Your Name, Lady Bird, Mission Impossible : Fallout, Jean-Christophe & Winnie, Les Indestructibles 2…
Le flop films 2018 de Emyr Phoenix
Un raccourci dans le temps
Il n’y a rien de plus navrant qu’un film dont les bonnes intentions constituent l’unique et seule ligne narrative. Un raccourci dans le temps, avec sa tolérance moelleuse comme une guimauve et sa direction artistique sans queue ni tête, est un parangon de la fausse humanité qui plombe notre époque. Moche, mal interprété, d’une rare prétention, le dernier film d’Ava DuVernay est un OFNI dont on espère qu’il sera le dernier du genre.
Solo : A Star Wars Story
Oui et cent fois oui : Solo n’est pas “aussi mauvais qu’on le redoutait” est une banalité à fuir. Voilà simplement un produit malade, raconté avec un faux entrain, dont le but premier est de capitaliser sur une franchise et un nom connu de tous. Alden Ehrenreich affiche sa belle tête à claques, au coeur d’un récit qui ne raconte rien dont on ne soit réellement surpris, si ce n’est une séquence de braquage à bord d’un train impressionnante. Maigrichon tout ça.
Le Secret des Marrowbone
De ce flop 3, voilà le film le moins déshonorant, celui que l’on aurait aimé adopter s’il n’arrivait pas avec 10 ans de retard. Le co-scénariste de Juan Antonio Bayona enquille avec un certain sens esthétique les clichés du cinéma espagnol fantastique, du twist savamment dissimulé à la touche fantastique teintée de mélancolie. On a donc le droit de s’y ennuyer sans crainte, surtout en comparaison de ses confrères infiniment plus doués.