MAJ – le nouveau trailer est disponible en fin d’article.
Dire que Dune est attendu est un doux euphémisme. Pierre angulaire du genre space opera, le roman culte de Frank Herbert (désormais décliné en saga) est une Bible pour tout nerd qui se respecte. On ne présente plus le projet d’adaptation pharaonique voulu par Jodorowsky, ou le film malade de David Lynch sorti en 1984, mais désormais tous les yeux sont tournés vers l’adaptation par Denis Villeneuve (Sicario, Premier Contact, Blade Runner 2049). Doté d’un casting 5 étoiles (Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Jason Momoa, Zendaya, Javier Bardem, Stellan Skarsgard, Charlotte Rampling, Dave Bautista…), le film sortira en France dans moins de 2 mois, et nous avons eu la chance d’assister à une projection IMAX de 30 minutes !
Une preview sans aucun spoiler, qui présentait les 10 premières minutes du film, 10 autres minutes au milieu du récit, un making-of, une featurette concernant la musique de Hans Zimmer (Interstellar, Gladiator) et enfin le final trailer (qui sera mis en ligne aujourd’hui). Si la première bande-annonce avait su nous rendre curieux, nous étions aussi craintifs sur le possible manque d’ambition du projet. Autant le dire maintenant, cette présentation globale nous a soufflé et carrément surpris à plusieurs niveaux.
Une mise en bouche pleine de grandeur
Nous n’allons pas détailler chaque minute de chaque séquence, mais les premières minutes du film mettent immédiatement dans le bain, bercées aux sonorités opératiques de Hans Zimmer (nous y reviendrons plus loin). S’ouvrant sur un plan de dune (et oui), le contexte « spatio-politique » nous est conté par Shani/Zendaya en voix-off : la planète Arrakis, la lutte pour l’épice, la poigne de fer du peuple Harkonnen… une exposition éclair qui peut sembler didactique mais qui est suffisamment efficace pour rentrer directement dans l’univers, illustrée devant nos yeux par des plans de bataille nocturne pour le contrôle de la planète « Dune« .
Très vite le spectateur est emmené sur les contrées plus océaniques de Caladan, fief de la maison Atréides. Paul (Timothée Chalamet qui a tout de l’héritier d’un trône qui le dépasse) a un repas avec sa mère Jessica (Rebecca Ferguson toujours aussi suave) dans des décors austères (qui ne sont pas sans rappeler King’s Landing de Game of Thrones). Après avoir tenté d’utiliser « la Voix » (don de persuasion prodigué par l’ordre religieux des Bene Gesserit) Paul se retrouve spectateur d’une cérémonie : l’Empereur Shaddam IV a décidé de faire don d’Arrakis au Duc Leto Atreides (un Oscar Isaac qui pète le charisme par tous les pores) et envoie son héraut avant le grand départ… Jacqueline West (1917) est aux costumes, et on retrouve des tenues qui semblent directement sorties de L’Incal de Jodorowsky (full circle of life donc) ! Fin du prologue !
Tout connaisseur de la filmographie de Villeneuve connait le soin apporté au cadre et aux images. Pas de rupture ici non plus : épaulé de Greig Fraser (Rogue One, Lion, The Batman) à la photographie, la mise en scène est carrée et atmosphérique, sans donner un rythme aussi lancinant et un aspect clinique à la Blade Runner 2049. Que ce soient les cadres serrés sur les visages ou les plans d’ensemble, on décèle très bien le style du canadien. Outre le fidèle Joe Walker (Twelve Years a Slave, Les Veuves) au montage, on retrouve également Patrice Vermette (Arrival) à la direction artistique. Une patine qui se retrouve dans le design des vaisseaux : à la fois fonctionnels et designés dans une optique de pure Hard-SF, c’est une franche réussite ! Astronefs gargantuesques aux formes oblongues ou cylindriques, on évite le syndrome d’une SF trop proche de notre époque (on est en 10191 après tout) tout en conservant un pied dans le plausible.
Un beau travail d’échelle
Une ligne de conduite également appliquée au 2nd extrait : la première apparition du ver de sable lors de l’excursion dans le désert. Une séquence impressionnante en IMAX, portée là encore par la musique de Hans. L’occasion d’apprécier le boulot de post-prod (là où le sable paraissait terne dans le premier trailer, ici on a quand même mieux l’impression d’être dans un immense désert de sable blanc) et la volonté de ne pas accoucher d’un truc cheap. Un élément par ailleurs au centre du making-of : si chaque acteur loue la vision de Villeneuve, on a pu vérifier qu’effectivement les décors construits pour le film sont impressionnants. L’occasion de voir enfin quelques plans de Geidi Prime (le monde des Harkonnen), semblant être faits du même moule que les vaisseaux de Premier Contact ! Quelques légers doutes subsistent concernant quelques décors un peu vides ou manquant de vie (Dune est une oeuvre-univers foisonnante, et la peur d’une dimension minimaliste subsiste sur certains plans) , mais le chipotage attendra la sortie !
Enfin, Hans Zimmer prend position face caméra pour déclamer tout l’amour qu’il porte à l’œuvre d’Herbert, et nous exciter comme il faut en détaillant la conception de la musique de Dune. Désireux de créer de nouvelles sonorités et une bande-originale riche, Zimmer a créé un nouvel instrument censé donner des sons semblant venir de planètes lointaines. Le résultat (qui ouvre le film et qui parcourt tout le futur trailer) est une énorme réussite : sonorités tribales à base de tambours, basse à la Blade Runner 2049, chants de voix féminines et autres musiques gutturales… c’est un délice des plus singuliers ! Donnant une vraie texture et caractérisant à merveille l’univers de Dune, on a pas vu Hans Zimmer aussi inspiré depuis Interstellar en 2014. Du Lawrence d’Arabie spatial, ça en a l’odeur, reste à savoir si ça en a le fond !
Se finissant sur le final trailer, on ne détaillera pas chaque plan , mais autant dire que Villeneuve et toute son équipe semblent décidés à créer l’évènement. Certains changements sont déjà palpables : les personnages féminins ont plus de place à l’écran, l’action est aussi légèrement mise en avant. D’une durée de 2h35, le film a aussi un titre : « Dune – Part One ». Warner Bros semble vraiment décidé à adapter le bouquin en 2 gros films, et on prie pour que non seulement le résultat soit à la hauteur, mais que le public suive. Autant dire que si le reste du métrage est à l’image de ce que nous avons pu découvrir, on ne peut que trépigner d’impatience à l’idée d’être en septembre !
Un commentaire
quel dommage que le pass « sanitaire » impose le boycott des salles de cinema.