La saga d’animation Dragons vire à la mode des adaptations en live-action. Un monument qui heureusement à le mérite d’être transposé par le créateur même de la trilogie, tout en recapturant l’âme de son récit.
Dragons, ou plutôt How To Train Your Dragon fait partie des meilleures trilogies récentes du cinéma, et on pèse nos mots. Chapeautée initialement par Dean DeBlois (qui s’est affairé aux épisodes 2 et 3 ensuite) et Chris Sanders (L’Appel de la Forêt, Le Robot Sauvage), cette dernière figure désormais au panthéon des productions Dreamworks (Shrek, Le Chat Potté, Les Bad Guys) via un savant mélange d’émotion, de rigueur narrative, de caractérisation de ses personnages, d’exploitation de folklore et d’animation somptueuse.
Dragons plus vrais que nature
Et alors que la mode des retranscriptions live de classiques d’animation a complètement envahi Disney (La Belle et la Bête, Le Roi Lion, La Petite Sirène), c’est au tour de Dreamworks de s’y atteler en refaisant la trilogie Dragons avec des vrais acteurs, de vrais décors etc. Une stratégie saugrenue et mercantile donc, qui impactera forcément le ressenti de chacun devant ce film aux accents complètement connus désormais.
Là où bon nombre d’adaptations se sont révélées des dévitalisations pures et simples de leur matériau de base, on est en droit d’attendre avec ce Dragons un décalque sans âme brossant tout fan dans le sens du poil pour lui rappeler sa madeleine de Proust. Mais il y a un élément important à prendre en compte au sein de cette équation : Dean DeBlois (le réalisateur de la saga) s’attaque pour la première fois au live-action et chapeaute lui-même ce remake.

Selon ses propres dires, c’est avant tout pour que personne d’autre ne puisse dénaturer son œuvre : une faible compensation dira-t-on, mais qui est déjà l’assurance d’un respect absolu de ce que représente Dragons. Pour les néophytes (ou ceux nécessitant une piqûre de rappel) : nous sommes en Scandinavie chez les Vikings il y a plus d’un millénaire dans le village pittoresque de Beurk.
On prend les mêmes et on recommence
La particularité de ce village isolé est qu’il est en guerre avec des Dragons, attaquant régulièrement le village et les bêtes des villageois. C’est dans ce contexte que nous découvrons Harold (Mason Thames), le fils couard et peureux de Stoïck la Brute (Gerard Butler), le chef de Beurk et ennemi numéro 1 de ces créatures ayant pris la vie de sa femme il y a des années.
Mais dans cette guerre embrasée depuis des générations, nul n’a jamais vu la Furie Nocturne, une race de dragon réputée comme hautement dangereuse. Lors d’un assaut en introduction, Harold blesse accidentellement un Furie, qu’il nommera Krokmou : une profonde relation d’amitié va ainsi naître entre eux, en dépit des diktats idéologiques.

Ce Dragons 2025 reprend ainsi toute l’histoire du premier film, sans jamais s’en démarquer (ou la trahir). Au contraire, Dean DeBlois colle strictement à la trame, aux personnages et aux séquences de l’original sans en dévier. Une force et une faiblesse donc, qui ne laissera peu de surprises à l’ensemble. C’est d’autant plus vrai dans les 20 premières minutes du métrage, changeant légèrement les lignes de dialogue tout en conservant l’imagerie propre à Dragons.
Cela se traduira donc par un refus du réalisme, une direction artistique plus proche d’un Astérix plutôt que de The Northman, et de dragons tous droits sortis de la trilogie d’animation (mais en plus détaillée en terme de textures). Bref, pas de changement profond à ce niveau, même si l’étrangeté initiale de la chose peut être questionnée.
Transposition sans surprises mais sans fausse note
Pourtant, le spectateur aficionado se retrouvera dans l’histoire comme dans des chaussons, alors que Dean DeBlois a trouvé un casting absolument parfait pour incarner ses personnages fétiches (mention spéciale à Nick Frost en Gueulfor, Mason, Nico Parker en Astrid et Gerard Butler qui reprend son rôle de Stoïck comme dans des gants parfaitement ajustés)/

Et il suffira de l’arrivée de Krokmou pour se rendre compte que ce Dragons 2025 parvient in fine à retrouver l’âme et l’émotion du film d’origine. D’un pur point de vue technique et technologique, la photo de Bill Pope (Spider-Man 2, Shang-Chi) et les effets visuels se révèlent non-seulement solides, mais offrent une étonnante cohérence à l’ensemble malgré une direction artistique qui à priori ne se prêtait pas à cet exercice.
Les modifications sont microscopiques, avant tout présentes dans la mise en scène de Dean Deblois, usant plus de la caméra portée lors de séquences d’action (notamment dans l’arène) avec toujours une vraie clarté scénographique et un montage rendant le tout complètement lisible. Enfin, c’est toujours un bonheur de réentendre les sonorités de John Powell, ou bien l’ampleur de son climax parfaitement retranscrite. Néanmoins, difficile de pleinement cautionner ce Dragons 2025 devant un travail déjà pré-mâché en amont…mais qui délivre sans décevoir !
Dragons sortira au cinéma le 11 juin 2025.
avis
On pourra questionner la nécessité de transposer Dragons en live-action, surtout dans un tel écrin incapable de réellement se démarquer. Pourtant, Dean DeBlois parvient à recapturer toute la magie et l'âme de son bébé, sans jamais trahir la substantifique moelle de cette histoire intemporelle. En bref, un remake inutile, mais néanmoins soigné et sans fausse note !