On l’attendait avec impatience, voilà que Amazon vient de diffuser Invincible, série animée qui ravage tout sur son passage !
MAJ : ceci est notre critique des premiers épisodes de Invincible, qui cependant reste pertinente en regard des 8 épisodes qui viennent d’être diffusés sur Prime Video. Si l’animation reste pauvrette, saccadée et inégale, cette première saison est une réussite incontestable. En mettant les relations familiale, et notamment celle d’un père et d’un fils super-héros, au coeur d’un récit initiatique et d’une brutalité jamais vue, l’écriture incisive de Robert Kirkman nous offre avec une pertinence folle un regard atypique apposé à ces protecteurs encapés.
Mark Grayson, lycéen et fils du plus puissant super-héros du monde, Omni-Man, accède enfin à ses pouvoirs et s’engage dans la lutte contre le crime. Adaptée des comics de Robert Kirkman, l’auteur et créateur du roman graphique The Walking Dead, entre autres, Invincible reprend les codes du super-héros traditionnel pour en extraire un discours sur la responsabilité de posséder de tels pouvoirs, l’évolution des relations altérées par ces capacités, sans oublier une bonne dose d’irrévérence.
Ça tombe bien puisque ce petit bijou d’animation est produit par nul autre que le génial Seth Rogen, déjà chouchouté par Amazon pour ses Preacher et The Boys. D’ailleurs, si le bonhomme s’investi autant dans le projet, il donne de la voix à un personnage, c’est parce qu’il prépare en parallèle l’adaptation en live-action de ce même Invincible, en prenant soin de se détacher du matériel original. Mais on digresse, revenons à nos moutons, revenons à la série animée, elle parfaitement adaptée du comics éponyme.
Seth Rogen’s Cut
Tout d’abord, il convient d’avertir que s’il s’agit effectivement d’une série animée, elle n’est en aucun cas adéquate pour vos enfants. Si l’aspect sexuel y est moindre que dans la bande-dessinée, la censure américaine préfèrant évidemment une belle gerbe d’hémoglobine à la vue d’une fesse, la violence y est par contre inouïe. A tel point que certaines scènes n’ont pas manquées de faire sursauter votre serviteur, pourtant peu farouche devant du cassage de molaires. On reviendra sur le reste mais notons une minute de silence en mémoire des pauvres bougres explosés, démembrés, écrasés ou pressés dans ce qui reste comme un cas d’école en matière de brutalité graphique dans un élan animé d’un dynamisme fou.
Surtout que la série se garde bien de nous montrer dès le début son potentiel hémorragique avec un style graphique presque minimaliste mais à l’animation assez pauvre. Saccadé, Invincible évolue dans le même univers visuel que celui des New 52 de Warner Animation, un traitement balisé et usuel, qui n’en fait pas des caisses ni ne révolutionne le genre. Mais sous ses airs de produit japanisant, toutes les séries d’animations le sont plus ou moins, elle brosse avec soin un portrait de la société américaine habituée aux sauvetages teintés de dommages collatéraux par ses sauveurs venus d’ailleurs.
Sous réserve de prodiguer un nouveau regard acerbe sur les super-héros et leur toute puissance, Invincible montre plein cadre la violence à laquelle s’adonne ces nouveaux dieux. Si la satire sociale y est plus légère que dans The Boys, la série préfère se focaliser sur les liens familiaux. La découverte de pouvoirs héréditaires, apparaissant à la puberté, permet au show d’évoluer au sein d’une famille et d’illustrer les rapports humains, grand dada de Kirkman qui s’amuse comme un fou en apposant une vie familiale à ses protagonistes, tous pompés sur les grands noms de DC Comics.
Ainsi le show s’offre Omni-Man, l’équivalent d’un Superman extrêmiste tandis que War Woman, Darkwing, ou Red Rush copient joyeusement Wonder Woman, Batman ou Flash sans se poser trop de questions. La caricature est totale. D’autant plus que le casting qui prête sa voix à ses figures reconnaissables est lui aussi phénoménal. C’est bien simple, chacun des personnages est doublé par un géant. Qu’il soit issu de la série TWD, comme Steven Yeun qui double Invincible, Lauren Cohan en War Woman ou Michael Cudlitz en Red Rush, on retrouve surtout J.K. Simmons en Omni-Man, Zachary Quinto en Robot ou encore pêle-mêle, Mark Hamill, Mahershala Ali, Jon Hamm, Djimon Hounsou, Zazie Beetz ou Clancy Brown. Bref, que du bon et on reste poli.
Pour l’instant Invincible se contente de suivre tranquillement le schéma établi par le roman graphique et ses trois premiers épisodes opèrent facilement comme la claque qu’on espérait !