Salut à toi lecteur invétéré ! Comme il n’est de bons amis qui ne se quittent, on se devait de vous livrer notre fameux classement des sorties cinéma de 2024 avant de vous retrouver l’année prochaine (demain quoi) pour de nouvelles aventures culturelles. Bonne et heureuse année !
Le top cinéma de Chernobog
Un ptit truc en plus de Artus
Ce film vous marquera, tant il est drôle, juste et touchant. Le cinéma français montre enfin qu’il peut faire autre chose que des comédies douteuses, et ça rend fier. On ne rit pas du handicap, on en rit avec les principaux concernés. Cette posture est la clé du succès de ce film !
City of Darkness de Soi Cheang
C’est de toute beauté, entre légende urbaine et mythe, avec des chorégraphies de combats à couper le souffle. Le plaisir de retrouver Sammo Hung, toujours aussi impressionnant.
Le Robot Sauvage de Chris Sanders
Ce film parle de parentalité, de validisme, inclusion, diversité, entraide, amour. Vous pleurerez, mais par sa beauté.
Le flop cinéma de Chernobog
La demoiselle et le Dragon de Juan Carlos Fresnadillo
Les contes ont des codes qui leur sont propres. C’est bien de vouloir s’en affranchir, à condition de savoir ce qu’on fait. Là, c’est foutraque et inintéressant, par un dénouement très convenu et simpliste. Ce n’est même pas beau à regarder.
Le Ministère de la Sale Guerre de Guy Ritchie
Vous rirez du ridicule et de la caricature, des gros sous entendus homo bros, d’Henry Cavill en sadique. Mais ce film, comme le casting, a la politesse d’assumer.
Universal Theory de Timm Kröger
Un thème cool, mais raconté de façon si peu accessible… A voir uniquement si vous avez été au bout de la série Dark en ayant tout compris, ET si vous n’êtes pas rebuté par une image en noir et blanc de maigre qualité.
Le top cinéma de Rosalie
Dune 2 de Denis Villeneuve
Dune de Frank Herbert est une saga littéraire longuement courtisée par le cinéma, étiquetée comme l’inadaptable par excellence. Denis Villeneuve nous avait pourtant prouvé le contraire en 2021 en signant une brillante adaptation qui venait reprendre le flambeau allumé par Lynch en 1984. Dune 2 est le digne successeur du premier volet du légendaire cycle de Dune transposé au cinéma. Avec un visuel étourdissant, un savant dosage entre lenteur et action, pour les amoureux des romans, Dune 2 est une claque visuelle et cinématographique incontournable de cette année 2024.
Alien Romulus de Fede Alvarez
On peut légitimement grincer des dents lorsqu’Hollywood sort des franchises vieilles de 25 ans du fin fond de son placard. Mais ce n’est décemment pas le sentiment laissé après avoir vu Alien Romulus. Fede Alvarez se réapproprie les codes d’un univers qui avait marqué l’histoire du cinéma. Alien Romulus coche toutes les cases du parfait film de science-fiction sans jamais renier ses illustres prédécesseurs. Entre horreur et étrange, Alien Romulus est une apnée de deux heures dont on ressort avec des sensations physiques bien présentes et des images plein la tête.
Dîner à l’Anglaise de Matt Win
Pour varier des superproductions de l’année, il est nécessaire de souligner qu’un bon film n’a pas toujours besoin d’une histoire extrêmement complexe. Dîner à l’anglaise, réalisé par Matt Win, c’est une soirée aux allures terriblement réelle qui tourne très mal. Quatre excellents acteurs, un scénario aux petits oignons, une histoire qui va droit au but, le tout allégrement saupoudré d’un humour délicieusement grinçant. Dîner à l’anglaise est comme un petit bonbon acide qu’on adore laisse fondre sous sa langue.
Mentions spéciales : parfois, le réalisme grinçant du cinéma a toute sa place sur le grand écran, The Apprentice et Les pistolets en plastique sont d’autant plus géniaux qu’ils sont affreusement concrets et d’autant plus terrifiants. Et si les trois heures du Comte de Monte-Cristo font peur, elles n’en sont pas moins incroyable à vivre et viennent redorer le blason des adaptations de Dumas.
Le flop cinéma de Rosalie
L’Empire de Bruno Dumont
« La Guerre des Étoiles chez les Ch’tis » bon… Si ce pitch peut sembler intéressant, sa mise en œuvre est pourtant désastreuse. Avec L’Empire, Bruno Dumont signe un objet cinématographique qu’il n’est pas nécessaire d’identifier. Le long-métrage ouvre une brèche vers un type de cinéma pour le moins particulier, un type de cinéma qu’il n’est peut-être pas nécessaire de faire fructifier… On peut se demander encore et encore ce qui nous pousse à regarder jusqu’au bout, et si ce n’est pas le scénario pour le moins bâclé, c’est peut-être la médiocrité du jeu des comédiens qui ne sont ni crédibles, ni convaincants.
May December de Todd Haynes
La recette pour réaliser un film profondément inintéressant, trop long, et plutôt mauvais donne des résultats comme celui de May December. Réalisé par Todd Haynes, le film s’attache à raconter un fait divers américain des années 90. Porté par deux grandes actrices, Julianne Moore et Nathalie Portman, May December est loin d’être un grand film, non convaincant, mou et plutôt assez chiant, on est totalement indifférent à ce qui se passe à l’écran.
Argylle de Matthew Vaughn
Les films où tout est coloré, tout va à fond, c’est rigolo. Mais quand cette ambiance se construit au détriment d’un scénario crédible ça en devient vite gonflant. Si Argylle vend du rêve sur le papier, on est vite pris dans une spirale narrative qui ne craint pas d’aller dans la démesure en termes de débilité. Rien n’est cohérent et ça en devient rapidement ridicule. L’image est belle, oui, mais c’est tout. Et malheureusement, ça ne suffit pas à faire un film.
Le top cinéma de Gaspard
Napoleon vu par Abel Gance de Abel Gance
Après 16 ans d’un travail colossal de la Cinémathèque française, on a enfin pu visionner la « grande version » du Napoléon d’Abel Gance. Malgré les sept heures de film qui pourraient en décourager certains, on ne s’ennuie pas une seconde. Et pour cause : la réalisation d’Abel Gance est moderne et inventive. Premiers mouvements de grue du cinéma, premières caméras embarquées à cheval, audaces de montage, on est face à une vraie proposition esthétique, à la limite même de l’installation artistique. Tout ça en 1927 ! Un vrai chef d’oeuvre qui n’a pas quitté ma tête depuis 2 mois…
Riverboom de Claude Baechtold
Premier documentaire du réalisateur suisse, Riverboom nous emmène en Afghanistan juste après les attentats du 11 septembre. On y suit Claude et ses deux amis journalistes, parcourant le pays en proie à de nombreux conflits armés pour tenter d’en dresser le portrait. Conscient de son biais d’européen en voyage dans des milieux défavorisés, le réalisateur n’est jamais trop lourd, ou trop voyeuriste. Il nous présente tout le panel de ce que peut être l’Afghanistan et ses habitants à cette époque, avec une voix off teintée d’humour, et des passages en roman photo. Un voyage mouvementé et touchant.
The Substance de Coralie Fargeat
Seins, cul, techno, sang, tripes, «respectez la balance ». The Substance c’était ça. Le film a un concept très simple, mais exploré et exploité jusqu’au bout. Digne d’un très bon Cronenberg, on y retrouve du cinéaste le body horror, que Coralie Fargeat a réussi à reprendre à sa façon. La réalisation est très esthétisée, mais justifiée par le propos fort du film. Petit plus pour le casting bien choisi, Demi Moore en actrice mal à l’aise avec son vieillissement paraît d’autant plus réelle. Que demander de plus ?
Le flop cinéma de Gaspard
Alien : Romulus de Fede Alvarez
On l’attendait, mais maintenant on ne veut plus en entendre parler. Il est le plus mauvais film de la franchise sans hésiter. Pourtant, on le savait, Fede Alvarez est capable de mieux, avec son sympathique Don’t Breathe, mais là, l’ennui est total. Vu et revu, le film est une resucée de tous les films d’horreurs les plus génériques, nous faisant suivre des personnages insipides et pas attachants pour un sou, mais avec une couche de xénomorphe dessus. Seule scène un peu marrante : l’acide d’alien en apesanteur.
The Bikeriders de Jeff Nichols
L’idée donne envie : raconter le parcours d’un gang de bikers, basé sur l’histoire vraie d’un journaliste qui les a suivi pendant plusieurs années, avec en prime un casting 5 étoiles. Sauf qu’il n’y a rien de plus. Aucun sous-texte n’est apporté à l’histoire originale, on a sous nos yeux de bêtes expositions de faits réels. On se retrouve devant un ersatz des Affranchis, avec des acteurs qui jouent tous « trop » à leur manière, et donc on y croit plus. A quoi bon avoir réalisé ce film sans intention artistique ?
Daaaaaali ! de Quentin Dupieux
Deux artistes connus pour leur côté absurde se rencontrent sur un film, qu’est ce que ça donne ? Pas grand-chose au final. Le film n’est pas drôle, vraiment lourd par moment tant les blagues sont appuyées. Le pire étant l’imitation de Dali pendant toute la durée du film et par tous les acteurs qui l’incarnent. Ça en devient gênant et insupportable. Allez Quentin, reprends-toi, on sait que tu peux nous faire rire aux éclats.
Le top cinéma de Gaëtan
Emilia Pérez de Jacques Audiard
Même après trente ans de carrière, Jacques Audiard arrive encore à nous surprendre, avec une nouvelle proposition, la plus originale, aboutie, actuelle et surprenante de sa carrière. Bande originale, casting, chorégraphie, réalisation, scénario… Emilia Perez est une comédie musicale époustouflante et émouvante.
The Substance de Coralie Fargeat
En totale admiration pour Coralie Fargeat. Après Revenge, premier film iconique et pop dans sa réalisation, son écriture et sa mise en scène, la réalisatrice est revenue avec The Substance. L’autrice développe son propos et s’approprie à nouveau le regard masculin pour le dénoncer. Coralie Fargeat signe un des films les plus marquants de cette année.
L’Amour Ouf de Gilles Lellouche
La belle surprise de l’année, à plusieurs niveaux. Bien évidemment, on félicite un casting des plus talentueux. Mais surtout, on découvre un scénario et une réalisation hyper cool. L’Amour ouf raconte la passion, entre amour et violence, vu par Gilles Lellouche qui dévoile probablement le film des plus profond de sa carrière de réalisateur.
Le flop cinéma de Gaëtan
Sous la Seine de Xavier Gens
Film de genre français au propos écologique à base de requin dans la Seine, featuring Bérénice Bejo et directed by Xavier Gens, c’était prometteur. Quelle fut la déception à la découverte du film (sans aucun doute la plus grosse de l’année). Pas grand chose de plus à ajouter, à part dire que sa séquence de fin demeure osée et cool.
Libre de Mélanie Laurent
Si Mélanie Laurent a une carrière riche et intéressante, tant sur le plan de la comédie que de la réalisation, n’en découle néanmoins qu’un film des plus anecdotiques avec le film Libre. Si on note la réalisation assez intéressante et une certaine déclaration d’amour aux comédiens, on se retrouve dans tous les cas avec un film assez gênant et ennuyant. Vraiment dommage.
Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton
Tim Burton (ou Disney) qui vient recycler le matériau d’origine pour ne rien en faire à part vendre, bof bof. On ne sait même pas si c’est tant un flop vu qu’on en attendait pas grand chose. On retrouve un film vide et surtout trop long à démarrer. N’en dénote pas un budget qui permet une production design très cool, qui reste insuffisant pour rendre le film mémorable.
Le top cinéma de Léa
Haenyeo les dernières gardiennes de la mer de Sue Kim
Haenyeo les dernières gardiennes de la mer délivre un portrait saisissant et humble d’une tradition longtemps dévaluée. Tout en étant instructif, le film séduit surtout par l’intensité émotionnelle que dégagent ces femmes indomptables. Sa réalisatrice, Sue Kim, se met toujours à la hauteur de ses personnages en les laissant parler, se chamailler, raconter leur quotidien ou confier leurs inquiétudes. L’immersion se veut très douce, baignée de l’esthétique visuelle soignée du cinéma coréen. Et tout en sensibilisant sur la fragilité des fonds marins, il capture surtout de très beaux liens d’amitié.
Le mal n’existe pas de Ryusuke Hamaguchi
Au cœur du Japon rural, Ryusuke Hamaguchi (Drive my Car) compose avec Le mal n’existe pas une fresque philosophique majestueuse. Œuvre contemplative, hors du temps et mélancolique, Le mal n’existe pas exerce un pouvoir hypnotique. Le capitalisme arrive alors et menace l’équilibre fragile de la nature avec un projet de glamping (fusion de glamour et camping). Cet élément perturbateur donne du volume au film en lui permettant de brasser quête identitaire, solidarité et résilience. La nature se dévoile aussi magistralement avec une caméra qui se laisse porter délicatement vers la cime des arbres ou sur la faune locale, pour surprendre le temps.
La Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer
Les studios A24 (Beau is Afraid) signent une fois de plus un film remarquable avec le magistral La Zone d’Intérêt, réalisé par Jonathan Glazer (Under the Skin). Par une mise en scène tant remarquable que glaçante, le film fait ressentir l’effroi des camps d’extermination sans jamais y pénétrer. En suivant le quotidien d’une famille de nazis administratrice du camp, La zone d’intérêt capte avec intensité cette effroyable banalité du mal. Tourné avec un casting allemand, on soulignera la performance admirable de Christian Friedel en nazi, lui qui avait incarné en 2015 Goerg Elser, un menuisier allemand qui avait tenté d’assassiner Hitler en 1939, dans Elser, un héros ordinaire.
Le flop cinéma de Léa
Atlas de Brad Peyton
Dans Atlas, Jennifer Lopez embarque dans un buddy movie improbable avec son exosquelette Smith, aux tréfonds de l’univers. Ce film de science-fiction signé Brad Peyton (Rampage) la voit s’envoler à la poursuite du méchant robot Harlan, caricatural à souhait. Le film se déroule à moitié en huis clos dans l’habitacle de Smith, Jlo tergiversant sur les méfaits de l’intelligence artificielle. En abordant ce sujet éculé depuis des décennies, Atlas ne tire jamais son épingle du jeu. Et les rares excursions à l’extérieur se soldent par des décors numériques baveux, malgré des scènes de combat dynamiques.
The instigators de Doug Liman
Doug Liman (La Mémoire dans la peau) a fait appel à Matt Damon (Seul sur Mars) et Casey Affleck (Interstellar) pour signer The Instigators, un buddy movie quelconque et plat. Le duo se retrouve forcé de coopérer après une opération qui tourne mal et le racket des bijoux du maire. Dès lors poursuivi par la milice de l’homme politique, le duo ne fonctionne pas et ne dégage aucune énergie. Matt Damon et Casey Affleck se traînent péniblement de planque en planque en attendant le générique de fin. Le film ne parviendra pas à construire des situations de tension et même le final à l’hôtel de ville peinera à se montrer percutant.
Argylle de Matthew Vaughn
Matthew Vaughn (Kingsman) montre de sérieux signes d’essoufflement avec son dernier-né, Argylle. Le blockbuster reprend tous les codes qui ont bâti le succès de la trilogie Kingsman sans jamais cultiver sa propre identité. Les scènes d’action colorées et dynamiques ne font plus mouche et sont plombées par des effets spéciaux particulièrement laids. L’intrigue, quant à elle, partait d’une bonne intention en se focalisant sur le dépassement de soi de l’autrice d’Argylle, Elly Conway (Bryce Dallas Howard). Cependant, le scénario se perd dans des imbroglios nauséeux de retournements de situation malhabiles.
Le top cinéma de Charley
Emilia Pérez de Jacques Audiard
Aisément le métrage le plus surprenant, audacieux et casse-gueules de 2024. Rien ne devrait fonctionner dans ce melting-pot mutant tirant vers la telenovela, le musical opératique, le film de cartels ou le thriller politique. Pourtant, via une incroyable sophistication de mise en scène et un casting féminin déjà inoubliable, Audiard prouve qu’il est un des plus grands cinéastes hexagonaux. Ceux qui prennent des risques et vont là où on ne les attend pas !
The Substance de Coralie Fargeat
Fargeat avait déjà fait fort avec Revenge, mais rien ne nous a préparé à cette satire aussi coup de boule qu’immensément jubilatoire. Tel une Verhoeven des temps modernes, la réalisatrice française livre un superbe exercice de mise en scène sur 2h40 crescendo, le plus grand rôle de Demi Moore et le final le plus jouissif et grotesque vu depuis des années sur grand écran. Déjà culte !
Furiosa de George Miller
L’échec au box-office le plus révoltant de mémoire récente, tandis que le grand George Miller poursuit ses explorations mythologiques dans un préquel aussi épique que désenchanté. Du post-apo impeccable, nourri d’une réalisation aux petits oignons, de séquences d’action virtuoses et d’un final définitivement aux antipodes de tout ce qui se fait dans le milieu blockbusteresque contemporain. Excellent !
Mentions spéciales : Pauvres Créatures, Flow, Le Cercle des Neiges, Hit Man, Ferrari, Limonov
Le flop cinéma de Charley
Megalopolis de Francis Ford Coppola
Attendu depuis plusieurs décennies comme le grand projet pharaonique d’un Francis Ford Coppola évoluant à la marge du système, cette fable aussi « ambitieuse » sur le papier que raz-des-pâquerettes dans son écriture ringarde représente sans nul foute la triste fin d’un grand cinéaste. Filmé sans passion, imaginé dans un mauvais-goût abrutissant et disposant d’un casting cachetonnant comme des cochons, cette superproduction d’une fâdeur extrême est à peine figne des tréfonds du DTV. Horrible !
Madame Web & Venom The Last Dance
Pas de grand gagnant dans ce doublé du Spider-less Universe de Sony (Morbius, Kraven…) accouchant probablement des blockbusters les plus insipides et indignes vus depuis 20 ans sur grand écran. Un immense crachat au visage des fans de comics, de cinéma et de divertissement, travestissant la base même des personnages qu’ils pillent. Le vide absolu !
Sous la Seine de Xavier Gens
Ici on aime Gens, sauf lorsqu’il fait un succès Netflix avec ce navet à plusieurs millions de dollars. Chiant, mal rythmé, laid, et disposant de VFX ratés, ce divertissement voulant nous faire croire que Jaws n’a jamais existé titille simplement sur la promesse d’une suite joyeusement nanardesque
Mentions honorables : Lift, Godzilla x Kong, Kraven, Planète B, Largo Winch 3, Le Salaire de la peur
Le top cinéma de Emeric
The Substance de Coralie Fargeat
Une fable macabre, grotesque et grandguinolesque sur l’image de la femme et les injonctions de la masculinité toxique. Un body horror généreux, inventif, esthétique et coup de poing qui n’hésite jamais à avoir les potards à fond. Demi Moore y trouve le rôle de sa carrière tandis que la prometteuse Coralie Fargeat s’impose comme une nouvelle figure incontournable du genre made in France. The Substance est la petite bombe sanguinolente de cette année.
L’Amour Ouf de Gilles Lellouche
L’Amour Ouf est ce que le cinéma français aurait dû offrir depuis bien longtemps. Une histoire simple, voir cliché mais qui donne tout dans sa mise en scène et sa réalisation. Une œuvre généreuse qui a eu le temps de digérer ses inspirations esthétiques clipesques pour les ré-insuffler avec malice dans ce récit d’amour contrarié et ce cadre de violence. Chaque scène jouit d’une idée de réalisation coup de poing. Un régal.
Challengers de Luca Guadagnino
Challengers est une réelle leçon de mise en scène où Luca Guadagnino rend cinématographique l’un des sports qui l’est le moins. Entre de véritables expérimentation visuelles, des personnages complexes, un parallèle entre la compétition sportive/sentimentale/humaine, Challengers est un drame psychologique aux allures de thriller où stress, érotisme se côtoie sur le court de tennis. Il va vous faire tout autant suer que ses personnages. Un immanquable de 2024.
Mention spécial : Emilia Perez, Le cercle des neiges, La salle des profs, Dune 2, Pauvre Créatures
Le flop cinéma de Emeric
Venom : The last Dance de Kelly Marcel
La justification de cette première place sera aussi étayée que l’histoire de ce film.
Cocorico de Julien Hervé
Il y a-t-il véritablement besoin de justifier la présence d’une énième comédie raciste avec Christian Clavier en rôle principale ? Nous voyons bien que tout le but est de critiquer une certaine classe de la population française qui entretient des clichés xénophobes et non réellement valider ces stéréotypes. Cependant baser toutes les mécaniques humoristiques sur la seule énumération de ces fameux clichés et non le recul critique envers ceux-ci (à la différence des deux premiers OSS 117 par exemple) en fait une comédie à la fois feignante, raciste malgré elle et pas drôle. A moins que “tu as du sang portugais, va donc réparer la tuyauterie” vous fasse rire au plus haut point.
Kraven – Le chasseur de JC Chandor
Dernière malformation du Sony’s no Spider-Man Universe, Kraven est dans la droite lignée de ces prédécesseurs : d’une incompétence insultante, d’un ennui encore plus mortel que son personnage principal et d’un mauvais goût que le mauvais goût lui-même renierait. Il était temps que ça se termine. Le SSU est mort, pas vive le SSU.
Le top cinéma de Axel
Emilia Pérez de Jacques Audiard
Comme le disaient nos zozos envoyés à Cannes, Emilia Pérez est une claque monumentale à la croisée des genres, des styles. Ainsi, Jacques Audiard propose une envolée lyrique, pertinente, contemporaine, d’une maîtrise absolue dans sa narration et sa mise en scène via un maelstrom d’idées novatrices et parfaitement développées, le tout porté par un casting au sommet de son art. Pas mal non ? C’est Français.
Tatami de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv
Tant dans sa forme (4:3 et noir et blanc magnifique) que dans sa narration (thriller touchant à la résilience du film de sport), Tatami est peut-être l’une des plus grandes (et nécessaires) réussites de 2024. Développant via un postulat athlétique la lutte des femmes en Iran face au régime islamiste, le film est un coup de poing dévastateur et au combien salvateur.
L’Amour Ouf de Gilles Lellouche
D’une générosité folle, Gilles Lellouche s’amuse comme un fou pour proposer un film d’amour choral qui lorgne vers le thriller sociétal. C’est parfois maladroit dans son excès stylistique mais le long-métrage respire la bienveillance et l’amour porté aux 80s dans un patchwork délicieux.
Mention honorables : Wild Robots, Furiosa, L’histoire de Souleymane, Challengers, Le Comte de Monte Cristo
Le flop cinéma de Axel
Gladiator 2 de Ridley Scott
La promesse était intrigante, mais la révélation de ce Gladiator 2 s’est avérée plutôt malaisante. Incapable de proposer une intrigue émancipée du premier film, proposant des personnages enclavés dans leurs rôles et caractérisations du premier film, sans aucune once d’instant épique, ou à défaut héroïque, avec des séquences en CGI qui brûlent la rétine, pas de doute, cette suite honteusement immonde ne mérite qu’un pouce vers le bas. Vade retro satanas !
Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim de Kenji Kamiyama
Alors qu’une nouvelle itération de la fameuse franchise portée par Peter Jackson approchait des écrans, on restait naïvement hypé. Quelle ne fut pas la douche froide quand, à l’instar de Gladiator 2, on découvre surtout une histoire inutile, qui ne serait rien (et ne sert à rien) sans les films précédemment diffusés. L’animation est brouillonne, très datée, trop statique, et l’histoire inconsistante, pétrie de tropes manichéens écrits sans la moindre finesse. Fuyez pauvre fous !
Megalopolis de Francis Ford Coppola
Totalement abscon, le dernier film du plus grand cinéaste du XXe siècle fait surtout de la peine tant le résultat est moche, inintelligible et bien conservateur comme il faut. Le film du tonton bourré de Noël s’il avait eu 200 millions pour produire son délire rétrograde.
Mention détestables : Emmanuelle, Venom 3, Borderlands
Le top cinéma de Nicolas
The Substance de Coralie Fargeat
En général, quand on sort d’une séance euphorique en ayant l’impression d’avoir vu un classique instantané… C’est soit vraiment le cas, soit on souffre d’une forme de délire dû à la consommation de drogue. Le film de Coralie Fargeat est dans la première catégorie, mais donne l’impression du second : The Substance est aussi exhuberant que dérangeant tout en étant terriblement drôle avec un sujet qui ne l’est absolument pas. De plus, il offre également le meilleur rôle de sa carrière à Demi Moore. Et puis ce final… Mon dieu, ce final !
Emilia Pérez de Jacques Audiard
Jacques Audiard aime les défis et Emilia Perez est peut être le plus beau de sa carrière. C’est un drame musical au Mexique – quasi-entièrement tourné à Paris – au pitch improbable, mais qui lui ressemble tellement. Les numéros musicaux sont dingues et parfaitement interprétés par ses actrices (Zoé Saldana en tête).
Flow de Gints Zilbalodis
A l’opposé des genres cinématographiques, on trouve un film d’animation totalement muet avec un chat en protagoniste. Il fallait l’oser, mais Gints Zilbalodis et son équipe l’ont fait. C’est beau (même parfois sublime), particulièrement touchant et c’est une véritable démonstration de mise en scène. Juste bravo !
Le flop cinéma de Nicolas
Sous la Seine de Xavier Gens
Les Jeux olympiques, une maire de Paris, la Seine et son requin tueur. Bref, des sujets typiques de l’année 2024 pour un parisien. Cette satire d’Abel Gance, qui aurait pu être bien croquée, réussit le tour de force de n’être jamais drôle quand il le faut et jamais terrifiant quand il le devrait. C’est particulièrement pénible à regarder, ce qui n’est jamais bon. On se demande bien ce que Bérénice Béjo est partie faire dans cette galère.
Borderlands de Eli Roth
En parlant d’actrice dans une galère, on a une pensée ému pour Cate Blanchett dans Borderlands. Ce film est générique au possible, avec un scénario stupide et le tout massacré au montage. Rien ne va si ce n’est Blanchett qui même dans un mauvais film respire le charisme.
Gladiator 2 de Ridley Scott
J’aurais aimé ne pas avoir à le mettre dans ce flop 2024… mais le désintérêt profond de Ridley Scott pour toute cohérence scénaristique plombe l’ensemble terriblement. Cette suite inutile d’un film prestigieux peine (euphémisme) à la comparaison. Seul un Denzel Washington en roue libre parvient à sauver les meubles avec un rôle quelque peu rigolo et pertinent.