Watcher est un thriller psychologique imparfait, impersonnel et aseptisé.
Watcher raconte l’histoire de Julia (Maika Monroe) et son mari (Karl Glusman) d’origine roumaine quittent les États-Unis pour emménager à Bucarest, où ce dernier a trouvé un nouvel emploi. Ayant tiré récemment un trait sur sa carrière de comédienne, Julia se retrouve souvent seule dans son grand appartement et essaye de s’occuper comme elle peut. Une nuit, en scrutant par la fenêtre l’immeuble d’en face, elle aperçoit une silhouette qui semble la regarder en retour…
Watcher est le premier long-métrage de Chloe Okuno. La jeune réalisatrice semble s’intéresser à un sujet qui touche principalement les femmes au sein de notre société : les harcèlement, que ce soit en public ou bien dans le cadre privé. On découvre – du point de vue de Julia – le discours patriarcal écrasant dont elle est victime, et on est souvent à deux doigts de bondir de son siège pour le contredire. Alors que c’est un sujet qui nécessite une véritable mise en avant auprès de tous, on découvre néanmoins un film biaisé par sa réalisation hollywoodienne classique, froide et impersonnelle…
Visuellement, Watcher est parfait. Cela s’explique par une photographie moderne, très épurée, dans des décors chics et théâtraux… Un peu trop à vrai dire. On ressent en permanence le côté studio du film, à tel point que le film en devient presque superficiel. Watcher ne dégage rien d’original ou de personnel, et on ne ressent à aucun moment une intention de réalisation, mise à part des mécaniques très classiques, vues et revues.
Déjà-vu
De fait, le film manque globalement de drame, car il n’est à aucun moment suggéré ni par la caméra, ni par le montage, ni par le son. Chaque scène est attendue et Watcher ne surprend à aucun moment, à l’exception de ses deux ridicules jumpscare. Pire encore : l’effet énerve par la médiocrité et par la vulgarité de son exécution.
Concernant les scènes dites horrifiques, elles ne sont pas non plus à niveau. Ce problème semble directement lié au scénario, qui n’installe la tension que par le simple fait de suivre son héroïne parcourir le film sans but précis. Ceci débouche sur un autre problème : Watcher semble être construit de manière à ce que le spectateur soit empathique pour Julia. Le souci, est qu’elle est un personnage passif et qui ne vit qu’au travers des autres personnages. Bien que l’intention de base pourrait être de se projeter à la place d’une personne victime de violence et de stalking, la mise en scène étant mal exécutée… On s’ennuie un peu quand même.
Le dernier problème du film vient dans sa séquence de résolution, très brusque et précipitée. On aurait éventuellement préféré que le film développe son propos plutôt que de l’expédier aussi rapidement (bien qu’on puisse aussi y trouver un certain sens).
De bonnes intentions
Le genre peut être au service d’un message social, ce qui semble être le cas du film de Chloe Okuno. Le gros souci du film vient sûrement plus de sa forme. Certes, le film plaira sûrement au grand public par son approche simpliste et classique. Pourtant, on a pu constater sur des thématiques très similaires des films très originaux avec des high concept marquants.
On se souvient de The Invisible Man réalisé par Leigh Whannell, ou bien encore de Men, réalisé par Alex Garland. Ces deux films portent des héroïnes féminines, victimes d’horreurs assez similaires et causées par le même mal. En revanche, ces deux films avaient des directions artistiques qui leur étaient propres avec des concepts visuels uniques en leur genre, ce qui n’est pas vraiment le cas de Watcher…
S’il faut bien retenir une chose positive, c’est Maika Monroe, qui nous présente une prestation très crédible pour les quelques scènes de jeu qu’on lui a donné. Malgré tout ça, Watcher trouvera très probablement son public par son aspect divertissant, mettant en avant des thématiques importantes de notre société.
Watcher est actuellement en compétition au Festival de Gérardmer.
AVIS
Malgré une bande-annonce plutôt plaisante, il n'en est rien de similaire au long-métrage. Aseptisé à souhait, jonché de scènes qu'on a déjà vu 1000 fois ailleurs... Aussi tôt vu, aussi tôt oublié.