Sony et son Venom reviennent sur grand écran après un premier opus catastrophique et dire que la symbiose n’opère toujours pas est un amer euphémisme…
Alors que Cletus Kasady s’apprête à être exécuté en prison suite à des crimes résolus par Eddy « Venom » Brock, le tueur en série mord ce dernier et se retrouve doté d’un symbiote. Il compte bien l’utiliser pour provoquer un véritable carnage et se venger…
Cependant le seul véritable carnage auquel nous assistons est celui que fait ce film au cinéma de divertissement et au comics… En effet, alors que le premier opus était unanimement reconnu comme un étron fumant (mais un étron qui a rapporté 800 millions de patates), on pouvait attendre de la suite qu’elle ne fasse que mieux, avec qui plus est un cinéaste prometteur à la barre, Andy Serkis, et un Tom Hardy à l’écriture pour pleinement s’approprier le personnage. Force est de constater que Sony à le super pouvoir de faire plus nul que la nullité…
A l’image de leur Venom qui mange des cervelles de poulet (parce que bon, le personnage ne peut pas manger des cerveaux humain, ça reste du tout public, l’essence même du perso…), ce film ingère toute fonction cérébrale de son spectateur pour camoufler sa bêtise crasse. Son avalanche de blagues dissimule une absence consternante de scénario. Le constat est clair, sur 1H30 de film, entre 45min et 1h de pelloche est seulement employé à l’humour du film, laissant de côté toute potentielle intrigue. L’aspect comique dans les films de super-héros n’est pas nouveau, loin de là, mais il est ici tellement prégnant que le projet n’est plus un film de super-héros mais bien une comédie. Et là où cela est cohérent pour un surhumain pouvant se rapetisser et parler aux fourmis, c’est compliqué pour une adaptation censée mettre en scène le plus gros tueur sanglant de l’univers Marvel…
La scène des homards vous avait scandalisée dans le premier ? Attendez un peu de voir Venom au milieu d’une rave party déguisée et fluo, où personne ne capte qu’il est un monstre (nous pouvons nous mettre dès ce moment notre suspension d’incrédulité au sein de notre fondement) et où il monte sur scène pour dire à tout le monde qu’il les aime… A ce compte là, on préférait les homards. Le Lethal Protector (le clin d’œil au comics est ultra cringe, digne d’une série Z) est donc vidé de toute sa substance pour n’être qu’un bouffon faisant rire la galerie.
Plus létale chieur que protecteur
Néanmoins pour faire office de bonne foi, on ne peut cacher que certaines vannes font mouche. L’interaction entre Eddy Brock et Venom, à l’instar du premier, est la (seule) chose un peu près intéressante. Cependant au bout d’un tiers de métrage et d’incessante prise de tête entre le héro et son symbiote, nous nous rendons compte avec désarroi que l’intérêt des équipes créatives ne se trouve pas dans la confrontation tant promise entre Venom et Carnage, mais bien dans une pseudo relation amoureuse conflictuelle entre l’homme et son monstre. Ainsi nous ne regardons pas un film sur un super (anti?) héro, mais bien tout simplement une comédie romantique.
Nous pouvons prendre pour preuve le personnage éponyme qui n’a le droit qu’à une seule scène d’action, réservée au climax. Et cette dernière est la SEULE mettant en scène la fameuse confrontation entre les deux symbiotes, durant 8 minutes à tout péter. Outre l’effet publicité mensongère putassier, cela provoque narrativement un total manque d’enjeux puisque son personnage principal est tout bonnement inactif jusqu’à la fin tandis que les seules autres scènes d’action consiste à voir Carnage attaquer des figurants…
Alors c’est certain, lorsque l’on passe 1h20 à attendre une confrontation qui ne vient pas, lorsque celle-ci arrive en fin de film, nous sommes à deux doigts d’en retirer une certaine satisfaction par un effet de « Ah enfin ! ». Mais telle une éjaculation précoce, la courte durée du film fait que l’excitation commence à peine que tout est déjà terminé… D’autant plus dommage que le combat reste techniquement plutôt bien fait. Et cela vaut pour l’entièreté du métrage : la mise en scène d’Andy Serkis est bien plus maîtrisée que celle de Ruben Fleischer (le yes man derrière la caméra du 1er) proposant même quelques effets de style animés et de surimpression.
Pareil pour la bande son de Marco Beltrami, qui assume complètement la stupidité du métrage et propose des compositions rock bourrine bas du front mais satisfaisantes. Néanmoins, si la réalisation et la technique se sont un peu améliorées, le reste n’a fait que s’empirer. Les effets spéciaux réussissent la prouesse d’être mieux modélisés que le 1er mais encore plus moches dans leur design, résultant à deux grosses glaires beaucoup trop chères en train de se taper dessus.
Nouveau pire film de super-héros depuis Catwoman ?
Les acteurs quant à eux sont totalement largués. Woody Harrelson est en plein cabotinage pour camoufler son absence de charisme tandis que Naomie Harris repompe son personnage de Calypso dans Les Pirates de Caraïbes, aussi bien dans son look que son interprétation. Et nous voudrions exprimer une douce pensée à la dignité de bonne actrice de Michelle Williams qui nous a quitté bien trop tôt après s’être retrouvée obligée de jouer une scène de chaudasse séductrice envers Madame Chen…
Alors que le métrage n’a manifestement rien à raconter à part des enchainements de scène plus what the fuck les unes que les autres (mention spécial au moment où Carnage se transforme en toupie Beyblade pour créer une tornade…), il arrive tout de même à donner une impression de trop plein avec un montage rushé qui s’évertue à en finir le plus vite possible. On peut au moins lui reconnaître de ne pas avoir fait durer trop longtemps la souffrance.
Venom Let there be Carnage rejoint le club des super navets aux côtés de Catwoman, Ghost Rider ou encore Jonah Hex. Son studio producteur n’a visiblement rien à fiche de son matériau d’origine hormis son potentiel commercial. Aucun acteur créatif se soucie de faire ne serait-ce qu’un bon film : Andy Serkis cachetonne et profite de la popularité de la saga pour servir de tremplin à sa reconversion en cinéaste ; Avi Arad et Amy Pascal prennent de haut leur propriété et leur spectateur pensant que ce sont des demeurés congénitaux ; la scénariste Kelly Marcel se torche avec l’essence du personnage tandis que Tom Hardy semble tout simplement se demander ce qu’il fout dans cette galère. Et nous aussi. Plus qu’un carnage, c’est un véritable doigt d’honneur qui est fait aux spectateurs de cinéma et aux fans de comics.