Superman revient sur le devant de la scène, dans un nouveau film de James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie, The Suicide Squad). Un reboot étonnant qui renouvelle avec panache l’univers DC, et remet le super-héros originel au centre de l’équation !
Superman est sans nul doute le super-héros le plus important (et impactant) de toute l’Histoire de la pop culture. Véritable icône puisant sa source dans un Americana vieux de presque un siècle, le fameux fils de Krypton envoyé sur Terre et représentant d’un idéal humain est non seulement le héros phare de DC Comics (avec Batman certes!), mais aussi le 1er personnage de comic book à avoir bénéficié d’une adaptation digne de ce nom.

Non pas toi George Reeves : on parle bien sûr du Superman de Richard Donner, investi par la performance minérale de Christopher Reeve ! Le patient zero du genre en quelque sorte, cristallisant tous les attributs de Kal-El (le slip rouge, la cape, l’héroïsme à l’état pur..), et dressant finalement la feuille de route d’une quantité pantagruélique de films de super-héros ayant suivi.
Et-ce un oiseau ?
Après quelques dizaines de films du MCU ou encore un DCEU avorté, difficile de faire croire à nouveau au merveilleux que représente certains de ses éminents personnages fondateurs. C’est d’autant plus vrai avec Superman, qui dévitalisé de sa substantifique moelle pleine de pureté, se retrouvait érigé en symbole allégorique dans Man of Steel ou Batman v Superman autour duquel on gravite…. sans réelle perspective d’incarnation ou d’épaisseur.

Mais in fine, Superman n’est pas juste un symbole désuet ou que l’on doit transfigurer (la série Superman & Lois réussissait à ce propos un joli exercice d’équilibrisme à ce niveau). Et ce nouveau reboot censé lancer un tout nouvel univers DC chapeauté par James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie) en est finalement la preuve, alors que le spectateur est plongé in media-res dans l’action : Kal-El (David Corenswet) vient de se faire battre pour la 1e fois (cela fait 3 ans qu’il porte le costume), et doit lutter contre un plan machiavélique de Lex Luthor (Nicholas Hoult) visant à le discréditer et l’affaiblir.
Se soignant au sein de la Forteresse de Solitude, il va non-seulement devoir montrer que sa place légitime d’immigré alien est parmi les humains, contrer les agissements de Luthorcorp, empêcher une guerre entre 2 pays orientaux, et gagner le cœur de sa petite-amie & collègue Lois Lane (Rachel Brosnahan). Bref, du pur Superman en somme, qui transpire à chaque seconde de ce film synthétisant tout un imaginaire connu avec une sensibilité rafraîchissante.
Est-ce un avion ?
Les première minutes du métrage sont particulièrement déroutantes, alors que Gunn nous embarque directement dans une histoire à l’univers bien ample (cela fait 300 ans que des Dieux, héros et créatures en tout genre peuplent cette Terre), sans jamais nous perdre une seule fois. La Forteresse de Solitude, les journalistes du Daily Planet, Lex Luthor, les parents Kent… on croirait les pages d’All-Star Superman prenant vie, ou encore un épisode de 2h de la série animée !
Ce faisant, James Gunn embrasse toute une mythologie et une iconographie chère à l’Homme d’Acier : non-content de se servir d’éléments qu’on pourrait juger kitsch ou enfantins (le chien Krypto est décidément la caution attendrissante et mascotte du film), le réalisateur ne fait preuve d’aucun cynisme, montrant à tous que les éléments surnaturels, les dimensions cosmiques, les créatures en tout genre ou même des chimpanzés semi-intelligents sont autant de pions importants et constitutifs de cet univers pop.

Un univers coloré loin du nivellement par le bas grisâtre et sans âme qui gangrène le genre depuis un bon moment, même si le film n’évite pas une poignée de shot aux VFX plus voyants ou des plans de ville suréclairés renvoyant à du soap. Pourtant, Superman a globalement fière allure et dispose d’une cohérence visuelle et technique indéniable, se traduisant par une direction artistique synonyme de pure BD en live-action (cette séquence dans une rivière de protons s’évacuant dans un trou noir est un pur bonbon pour les yeux).
Superman Legacy
Le tout n’est pas aussi radical qu’un Speed Racer, mais on sent l’auteur de The Suicide Squad et des Gardiens de la Galaxie à l’œuvre, notamment pour emballer des scènes d’action à la fois ultra lisibles, mais aussi pêchues. Mention spéciale pour le climax du film, usant du grand angle de manière assumée pour renouveler la grammaire des scènes de voltige de Superman. C’est ample, généreux et surtout cela raconte quelque chose vis-à-vis des divers personnages et du climat géopolitique ambiant.
En parlant d’eux, le casting est tout simplement parfait : d’un Nicholas Hoult/Lex Luthor délicieusement détestable et sadique à un Jimmy Olsen bourreau des cœurs malgré lui, en passant par Nathan Fillion en Green Lantern caustique à Edi Gathegi en Mr Terrific badass et mutique… chaque pion est incarné peu importe son temps de présence à l’écran ! C’est d’autant plus vrai pour Isabela Merced en Hawkgirl (peu de temps d’écran mais 2 moments de bravoure) ou bien les alliées féminines de Luthor court-circuitant leurs identités stéréotypées en cours de route.

Et malgré le trombinoscope varié du film, Superman…reste un film sur Superman ! Véritable héros au sens le plus noble du terme, le film questionne la place de cette figure archétypale dans le paysage moderne, remettant le curseur sur ce qui caractérise un super-héros et le personnage de Kal-El. En résulte un protagoniste humain malgré ses pouvoirs divins, empli de doute mais toujours tourné vers la justice.
Casting digne de Krypton
Un changement plus radical du background de Superman est présent, et pourra faire sourciller le puriste, mais Gunn trouve ainsi le moyen de mieux développer les convictions profondes du personnage. Un perso impeccablement incarné par David Corenswet, mélange de stature et de vulnérabilité, et dont l’alchimie avec l’excellente Rachel Brosnahan offre une des meilleures dynamiques de couple vus dans le genre depuis très longtemps (chacune de leurs séquences communes est un réel bonheur pour tout fan ou profane).

Au final, difficile de faire la fine bouche devant cette résurrection à la fois portée vers l’humour (on est chez Gunn après tout, mais jamais au détriment de son sujet), l’humain et l’héroïsme pur. On regrettera peut-être une bande-originale certes efficace, mais manquant d’identité propre vis-à-vis de son inspiration (le thème culte de John Williams jouit d’une jolie réorchestration) ; ou bien de l’usage parfois récréatif de Krypto au détriment d’autres personnages (Metamorpho) et d’un conflit politique évocateur flirtant parfois avec le side plot.
Pour autant, on voit en ce Superman un objet filmique qui redonne ses lettres de noblesse au super-héros éponyme. En résulte un blockbuster aussi fun qu’incarné, aussi réjouissant que très bien rythmé, aussi régressif qu’inspirant. Pas de doute, on a déjà envie de revoir ces personnages et de découvrir plus amplement cet univers. DC est de retour comme on ne l’a jamais vu…. et comme il a toujours été !
Superman sortira au cinéma le 9 juillet 2025
avis
Derrière les codes chers du cinéma de James Gunn, cette résurrection de Superman permet au plus célèbre des super-héros de la pop culture de retrouver ses lettres de noblesse autant que la pureté humaniste de sa substantifique moelle. Embrassant tout un imaginaire pop du comic book, le réalisateur réinvestit l'univers DC avec panache et une énergie communicative dénuée de tout cynisme. En résulte un blockbuster certes fun, mais avant tout incarné. En particulier via son casting absolument parfait : Kal-El est de retour !