Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan s’offre comme l’introduction d’un projet très ambitieux, en plus d’un premier opus, la première pierre d’un véritable Alexandre Dumas-Verse, qui débute de manière très peu rassurante pour la suite.
Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan est donc la suite de la collaboration entre le duo de scénaristes Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patellière (Le Prénom, Un illustre inconnu) et Martin Bourboulon, metteur en scène des excellents Papa ou Maman et du solide et ambitieux Eiffel. Ce dernier n’était ainsi que la première pierre annonciatrice d’un véritable Alexandre Dumas-Universe, dont ce Trois Mousquetaires – D’Artagnan n’est « que » le premier volet, d’une suite déjà tournée, centrée sur le personnage de Milady et prévue pour le 13 décembre 2023, avant le Comte de Monte-Cristo, toujours écrit par Mathieu Delaporte et Alexandre De La Pattelière et qui sera donc campé par Pierre Niney.
Après l’échec relatif d’Astérix et Obélix : L’Empire du milieu (et ses près de 5 millions d’entrées, tout de même), c’est ainsi pour Pathé un sacré pari, avec toujours le même désir de ramener le public (français comme international) en masse dans les salles de cinéma avec des projets ambitieux aux castings toujours plus prestigieux. Eva Green, François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Vicky Krieps, Louis Garrel et Lyna Khoudri se partagent donc l’affiche de cette promesse de spectacle gargantuesque, avec un budget qui en fait (déjà) le plus gros blockbuster français, dépassant haut la main les 65 millions d’euros du Astérix de Guillaume Canet et toute sa bande. Mais tous ces chiffres et ces noms font-ils de ce Trois Mousquetaires – D’Artagnan un film tout simplement réussi ?
Du manque d’épique
Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan débute de manière très efficace, sur un ton désenchanté très fidèle à l’œuvre d’Alexandre Dumas. Semblant clairement revenir d’entre les morts, l’introduction du D’Artagnan de François Civil semble ainsi aussi convaincante que les mousquetaires respectivement campés par Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï, qui s’avèrent tous charismatiques malgré leur peu de dialogues, tandis qu’Eva Green annonce peu à peu, de par son éternelle incarnation de femme fatale, tous les fils d’une intrigue que l’on prend alors plaisir à voir dépoussiérée. Mais voilà, le plaisir est malheureusement de courte durée quand Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte semblent peu à peu prendre conscience du mastodonte qu’ils adaptent, et que Martin Bourboulon semble affublé du même handicap à la mise en scène.
La première scène d’affrontement en forêt, opposant nos quatre mousquetaires aux agents du Cardinal de Richelieu, semble ainsi annonciatrice du perpétuel gâchis que s’évertuera à proposer le reste du métrage. L’action se montre aussi peu lisible qu’exécutée à la hâte, sans aucune fougue, reproches qui deviendront ainsi la marque de fabrique de cette adaptation aussi ampoulée qu’empesée. Parce que le duo de scénaristes, qui a pourtant eu la bonne idée d’étendre le projet sur deux opus pour éviter un logique ressenti de trop-plein, se voit rapidement dépassé par l’œuvre du maître, inondant ainsi Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan de rebondissements qui s’enchaînent à une cadence infernale au mépris de l’approfondissement de ses personnages et du manque de souffle épique de la mise en scène.
D’épéespéré
Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan se lance alors dans une suite de choix aussi incompréhensible que criante de vérité en ce qui concerne le manque d’audace d’auteurs alors clairement dépassés. Sacrifiant inutilement trois des mousquetaires de son titre dans le dernier tiers de son intrigue, après un revirement ridicule d’une idée scénaristique pourtant intéressante (pousser le personnage d’Athos dans son incarnation de figure romantique tragique), le film de Martin Bourboulon se contente ensuite d’emballer en pilote automatique des décors et des personnages qui manquent alors logiquement cruellement de chair. Dénué de souffle, le film se contente alors de conclure mollement son dernier acte pour offrir le peu d’intérêt qu’il lui reste dans ses scènes finales (et une scène post-générique) censés nous vendre l’intérêt d’une suite.
Il en résulte ainsi la pénible sensation que Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan, après avoir péniblement tenté d’adapter une œuvre qui paraît désormais comme un poids pour ses auteurs, ne débute vraiment que lors de sa conclusion. Que garder alors, de cette introduction figée, incapable de présenter correctement ses enjeux et personnages, et de restituer tout le souffle épique et politique d’une œuvre, qui semble de plus avoir gardé toutes ses billes pour un deuxième volet que l’on ne peut qu’espérer plus réussi ? Et bien finalement, si peu de choses, d’une production qui n’a comme Astérix et Obélix : L’Empire de Milieu, de prestigieux que son emballage, et qui s’avère finalement tout aussi creuse, renforçant l’impression d’un sempiternel et décevant rendez-vous manqué entre le cinéma français et le blockbuster.
Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan sort le 5 avril 2023.
Avis
Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan fait rapidement l'aveu d'échec de ses auteurs à s'emparer de l'œuvre d'Alexandre Dumas. Alignant les choix incompréhensibles et enchaînant à une cadence infernale ses intrigues, comme pour tenter de masquer un évident échec d'adaptation, Martin Bourboulon se trouve logiquement à la peine dans une mise en scène atone, aussi désincarnée que ses personnages et enjeux.