Le Superman de James Gunn est enfin là ! Une nouvelle réussite du papa des Gardiens de la Galaxie et The Suicide Squad, autant qu’un vrai retour aux sources de ce que représente le Fils de Krypton dans l’imaginaire collectif ! Revenons donc sur l’histoire du film, et l’apparition de son étonnant personnage final.
Superman est de retour.. dans un tout nouvel univers DC partagé avec Peacemaker ou bien la série Creature Commandos. Premier film officiel du DC Universe (le DCU pour les intimes), cette aventure pop au sein de Metropolis nous introduit donc une Terre déjà au courant que les super-héros existent. L’ère des Dieux et des Monstres (globalement la Phase 1 du DCU) a ainsi commencé il y a 300 ans… tandis que Kal-El est arrivé dans le Kansas il y a 3 décennies.
Fraîchement affilié en tant que journaliste du Daily Planet sous son alter-ego de Clark Kent (David Corenswet est parfait dans chacune de ses facettes, même si on le voit 80% du temps porter le slip rouge), Kal-El vient de se faire battre pour la première fois par le Marteau de Boravie. Ce mystérieux assaillant se révèlera être plus tard Ultraman, un sbire à la solde de Lex Luthor. Ce dernier (impeccablement joué par un Nicholas Hoult sadique et énervé en diable) a en effet créé un clone à partir d’un cheveu de Kal-El, pour en faire une version bêta mais tout aussi puissante.

Un moyen d’allier les muscles au cerveau, et de pénétrer dans la Forteresse de Solitude (après avoir fait diversion avec un kaiju en plein Metropolis). Ce faisant, Superman tire son lait de 2 mamelles narratives (vous apprécierez la métaphore) : d’un côté Lex pénètre la tanière kryptonienne pour dénicher des secrets sur son nemesis ; de l’autre c’est toute l’opinion publique envers la nature de Kal-El qui est remise en cause.
La bonté punk
Et si cet abord a été exploré (en bien chez Raimi, en mal chez Snyder) dans d’autres films du genre, James Gunn trouve ici le moyen de profondément questionner l’essence même du plus célèbre des boy scouts à la super-force. La séquence du Kaiju, impressionnante certes (mais + pour ce qu’elle raconte plutôt que pour l’efficience de son action), vaut surtout pour l’instauration de cette dynamique et la mise en perspective d’un univers DC déjà ample.
Tandis que Superman s’évertue à sauver le quidam (des habitants, une enfant, un chien ou même un écureuil) comme plus aucun autre super-héros ne le fait à l’écran depuis bien longtemps, ces méthodes se retrouvent contrastées par le « Justice Gang » financé par Maxwell Lord (Sean Gunn fait une courte apparition télévisée dans le film). Nathan Fillion est donc Guy Gardner, le Green Lantern balourd à la coupe au bol (globalement le Green Lantern de secours lorsque Hal Jordan n’est pas disponible).

Isabela Merced incarne Kendra Sanders, aka la nouvelle réincarnation de Shayera (une alien dont les pouvoirs évoquent un aigle), définitivement la force brute du trio. Enfin (le second super-héros le plus cool du film), Edi Gathegi est Mr Terrific, un tech-génie taciturne entièrement dévoué à la combattre le mal depuis la mort de sa famille. Usant de la force brute sans jamais être insoumis à l’autorité gouvernementale, ces derniers trouveront finalement une lueur d’espoir en la figure de phare que représente Kal-El.
Le comic book c’est politique
Car même si James Gunn affirme que le film n’a pas de visée politique… le super-héros en lui-même offre une dimension politique indéniable (un vigilante sans foi ni loi devant lui-même décider où est l’équilibre de la balance morale entre justice et criminalité). De plus, Superman nous abreuve d’un conflit entre la Boravie (un pays faisant franchement penser à la Russie) envahissant le Jarhanpur (pouvant à la fois passer pour un ersatz de l’Ukraine ou bien de la Palestine) : un conflit légèrement teasé dans Creature Commandos (Rick Flag Sr. apparait dans les scènes sénatoriales du film) et qui s’avère être là encore substrat pour Lex Luthor afin d’obtenir une région sous sa gouverne.
Tandis que cet arc narratif est mis en suspens, Clark se met à douter de ses propres velléités humanistes de défenseur du Bien. Loïs Lane (Rachel Brosnahan est sans nul doute la meilleure version qu’on ait eu du personnage) confronte Clark dans une fausse interview explicitant cette dichotomie. Une séquence d’autant plus réussie que l’alchimie des 2 acteurs est top notch, mais qu’en plus le film explore les débuts légèrement branlants de cette relation amoureuse ayant début à peine 3 mois plus tôt.

L’intime et le grandiloquent se conjuguent donc, sachant que Lex met la main sur le message de Jor-El et Lara (Bradley Cooper et Angela Sarafyan) via l’Ingénieure (une métahumaine capable de manipuler le nanométal qui la compose, et membre de The Authority dans les comics). Et là TAMBOURS : James Gunn change drastiquement le background de Kal-El ! Le Fils de Krypton n’a pas été envoyé sur Terre pour faire le bien, mais au contraire pour devenir un leader suprémaciste des humains afin de perpétuer l’héritage kryptonien.
L’héritage des comics
Un chamboulement idéologique pour Superman, désireux de finalement se rendre à la justice. Se faisant, il se retrouve enfermé par Lex Luthor dans une prison située dans une autre dimension (créée à partir d’un mini Big Bang risquent de déchirer la réalité à tout instant). Un plan machiavélique sans accroc donc, si ce n’est une Lois en fine enquêtrice qui s’alliera à Mister Terrific dans le but de trouver cet univers de poche.
James Gunn proposera ainsi un segment semblant tout droit sorti d’un All-Star Superman, à coup de visuels cosmiques (la rivière de proton, le trou noir, les capacités de Metamorpho..) dans un édifiant maelström de couleurs ! La suite du récit enclenche alors son ultime ligne droite vers un climax à triple embranchements.

Chaque caste de personnages a donc son rôle à jouer dans Superman : la sympathique team du Daily Planet parvient à mettre en lumière les agissements de Lex (grâce à un Jimmy « Casanova » Olsen comic accurate capable de séduire son assistante Eve Teschmacher) ; le Justice Gang assume enfin son identité super-héroïque en contrant l’offensive Boravienne ; et Superman combat avec panache les super-soldats Raptors de Lex ainsi que son clone alors qu’une faille dimensionnelle menace Metropolis !
Un Superman humain
Et outre des scènes de voltige pêchues, c’est dans sa confrontation finale face à Lex que le Superman de David Corenswet inonde de sincérité, énonçant toute son humanité face à un Nicholas Hoult décidément excellent dans le rôle. Tout est bien qui finit bien, jusque dans la dimension plus personnelle du héros enlaçant Loïs Lane de manière triomphale et romantique, loin du regard d’autrui.

Malgré 2 scènes post-génériques très génériques (un gag avec Mister Terrific sur la reconstruction de Metropolis, et un joli plan lunaire de Kal-El et Krypto), la dernière séquence de Superman au sein de la Forteresse de Solitude est parlante du parcours intérieur entrepris par le personnage : entouré de ses compagnons robotiques, Kal-El diffuse désormais des images de ses parents humains sur « Punkrocker« .
Une manière d’assumer qui il est vraiment, loin de son troublant héritage kryptonien. Et à ce propos, l’arrivée impromptue de sa cousine Kara/Supergirl (Milly Alcock) offre plus que du teasing. Gunn affiche là encore les prémices d’un univers DC plus vaste, assumant chaque aspect de la mythologie de Superman, mais permet par un procédé tout simple à lancer les prémices du prochain film DC : les pérégrinations cosmiques et épiques de Supergirl prévu en 2026 !